Les Affaires

L’alimentati­on en ligne pourrait finalement prendre son élan en 2016

Les jeunes ont faim d’aliments en ligne

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc mcken Projet-pilote chez Metro

Pendant que les épiciers canadiens cherchent la bonne formule pour vendre en ligne, l’entreprise Web Marché Goodfood, de Montréal, connaît une croissance accélérée depuis son ouverture il y a un an. Sa recette : une formule de livraison d’aliments tirés de recettes développée­s exprès pour ses membres.

Fondée en janvier 2015 à proximité du Marché Atwater sous le nom de Culiniste, l’entreprise de Jonathan Ferrari et Neil Cuggy est passée de 3 à 50 employés en un an. Elle a aussi profité de son déménageme­nt dans de vastes entrepôts frigorifié­s de l’arrondisse­ment Saint-Laurent, au cours de l’hiver, pour se rebaptiser Marché Goodfood. Ce nom bilingue est mieux adapté au marché actuelleme­nt servi par son service de livraison, partagé à peu près également entre le Québec et l’Ontario.

C’est un assez grand territoire, pour une entreprise qui livre elle-même les ingrédient­s périssable­s tirés des 11 recettes qu’elle propose à ses clients chaque semaine… « Aucun problème, on utilise des boîtes réfrigérée­s. Tout a été calculé en fonction d’une croissance rapide, assure Jonathan Ferrari. Et avec le volume, nos fournisseu­rs nous donnent accès à des produits plus frais d’au moins une semaine par rapport à ce qu’on trouve à l’épicerie. »

L’ingrédient secret

La fraîcheur est évidemment la clé, dans la livraison d’aliments à partir d’Internet. Le lien de confiance avec le client est ténu, et il suffit d’une tomate un peu molle pour gâcher la sauce… Marché Goodfood garantit donc la satisfacti­on de ses clients à 100 %.

Mais il y a un ingrédient secret dans la réussite de Marché Goodfood, explique son cofondateu­r : c’est la découverte de nouveaux ingrédient­s et de nouvelles recettes hebdomadai­res, combinée à la simplicité de l’achat en ligne. « En plus, on réduit le gaspillage d’aliments, à un coût comparable à celui d’ingrédient­s équivalent­s vendus en épicerie », ajoute M. Ferrari.

L’entreprise a livré 150 000 repas en 2015 et se concentre sur la croissance de son service pour 2016. Marché Goodfood a aussi pris l’engagement d’offrir un repas à un enfant dans le besoin chaque fois qu’un de ses clients effectue une commande.

D’autres PME montréalai­ses ont investi ce créneau porteur du prêt-à-cuisiner commandé en ligne et livré à domicile, comme Cook It et Kuisto, sans connaître toutefois une croissance aussi fulgurante que Marché Goodfood. Les Canadiens ne sont pas friands d’aliments vendus sur Internet, qui comptent pour 1 % des revenus de l’industrie. C’est moins qu’aux ÉtatsUnis (2,4 %) et en Grande-Bretagne (6 %). À tel point que l’analyste Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, louangeait récemment Metro pour son inaction dans ce créneau, qui s’évite ainsi les frais d’entretien d’un site transactio­nnel peu fréquenté. Mais ça va changer. En juin, Metro lancera un projet-pilote de vente en ligne qui s’ajoutera à son programme de fidélisati­on « metro & moi », lancé en 2010, ainsi qu’aux couponsrab­ais numériques et aux contenus Web et mobiles personnali­sés, introduits en 2013 puis en 2015. « L’idée est de répondre aux besoins en constante évolution de nos clients », résume Geneviève Grégoire, porte-parole de Metro.

Metro n’en dit pas plus, mais son projet cadre avec une étude publiée l’automne dernier par Nielsen. Selon celle-ci, le numérique est actuelleme­nt plus propice à la fidélisati­on et au couponnage qu’à la vente, mais la situation pourrait changer à mesure que les 35 ans et moins prendront les commandes du panier d’épicerie.

Les deux tiers des 35 ans et moins attendent que l’épicerie en ligne soit offerte dans leur région pour passer au panier virtuel… Et comme les bons ingrédient­s semblent se réunir peu à peu, 2016 pourrait bien être l’année où l’alimentati­on passera à son tour au numérique.

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