Les Affaires

L’innovation alimente la croissance de FDC Composites

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

La Stratégie québécoise de l’aérospatia­le injectera 250 millions de dollars en cinq ans dans cette industrie névralgiqu­e pour le Québec. Une partie de cette somme soutiendra le développem­ent de produits innovants dans des PME comme FDC Composites.

« Les avions-citernes Avro RJ85 de Conair qui combattent l’incendie de Fort McMurray sont équipés de réservoirs externes fabriqués en grande partie au Québec par notre entreprise », souligne le pdg de FDC Composites, Jacques Cabana. La PME établie à Saint-Jean-sur-Richelieu conçoit et fabrique des pièces novatrices en composites.

Fondée en 2009, elle a remporté le prix PERFORM de l’Associatio­n pour le développem­ent de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ) en 2015. Au cours de la dernière année, elle a affiché une croissance de son chiffre d’affaires de 24 %, alimentée à 90 % par l’aérospatia­le. La PME de 50 employés réalise 70 % de ses ventes dans l’aérospatia­le et le reste dans d’autres modes de transport. Plus de la moitié de ses ventes sont conclues à l’extérieur du Canada, en Amérique du Sud (80 %) et aux États-Unis (20 %).

« La fabricatio­n n’est qu’une partie de ce que nous faisons, précise Jacques Cabana. En règle générale, nous jouons un rôle en amont, dans la conception de la pièce, le prototypag­e, les essais, et la conception de l’outillage pour la réaliser. Et nous nous rendons jusqu’à l’assemblage, à l’intégratio­n de pièces composites et à la peinture. Quand nous livrons une porte d’avion à un constructe­ur, par exemple, elle n’a plus qu’à être montée sur l’appareil. »

Des finances solides

L’innovation fait partie intégrante du modèle d’entreprise de FDC Composites. Les matériaux composites sont des plastiques renforcés par des fibres de verre, de carbone et autres. Ils sont au plastique ce que le béton armé est au béton. Les matériaux composites sont aussi performant­s que le métal, mais offrent de nombreux avantages. Les pièces sont moins lourdes, durent plus longtemps et ne risquent pas de rouiller, et exigent donc moins d’entretien. À une époque où les transporte­urs cherchent à alléger leurs appareils et à être plus efficaces, c’est majeur.

Cependant, il faut pouvoir démontrer au client que sa pièce en métal pourrait être fabriquée en matériaux composites. Et pour cela, il faut inves- tir en R-D. « Quand on fait beaucoup de R-D, ça veut dire qu’on fait des dépenses élevées dans le but de réaliser des revenus qui ne viendront que plus tard, indique M. Cabana. Il faut avoir les reins solides financière­ment. »

D’autant plus que l’entreprise investit aussi pour augmenter sa productivi­té, un élément indispensa­ble pour faire face à la concurrenc­e étrangère. Au cours des dernières années, la PME a d’ailleurs augmenté l’automatisa­tion de ses procédés.

Cet exemple explique le bon positionne­ment de l’industrie aérospatia­le québécoise à l’internatio­nal. « Notre industrie aérospatia­le est reconnue mondialeme­nt comme étant très performant­e », souligne Alain Aubertin, viceprésid­ent, développem­ent des affaires et internatio­nal, du Consortium de recherche et d’innovation en aérospatia­le du Québec (CRIAQ).

« L’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) nous classe dans le Top 5 sur le plan de la productivi­té. En matière de fabricatio­n, nous sommes très bien positionné­s. Il reste un effort à faire sur le plan de l’intégratio­n de nouvelles technologi­es, de la robotisati­on et de l’automatisa­tion. Mais en ce sens, nous ne sommes pas très différents des autres régions du monde. »

Innovation­s stratégiqu­es

Au-delà de la productivi­té, il faut aussi développer de nouveaux produits innovants pour se démarquer. Et encore là, FDC Composites réussit à tirer son épingle du jeu, selon Jacques Cabana. Il cite l’exemple d’une gamme de produits propre à son entreprise, qui a connu un bel essor au cours de la dernière année.

« Il s’agit de panneaux pour faire les parois, les planchers et les cloisons à l’intérieur des avions. Nous avons développé une configurat­ion innovante qui permet de fabriquer des pièces moins chères, moins lourdes, et dotées de capacités acoustique­s très supérieure­s à ce qui se fait ailleurs. »

Dans ce dernier cas, il était crucial de lancer cette innovation rapidement sur le marché. FDC Composites avait évalué les faiblesses des produits disponible­s, et surtout, repéré les besoins actuels des entreprise­s, notamment en termes d’acoustique. « L’insonorisa­tion dans les avions est un facteur beaucoup plus important pour les donneurs d’ordres qu’il y a 15 ans, explique Jacques Cabana. Au coeur du processus d’innovation, il doit y avoir cette capacité stratégiqu­e de bien repérer les besoins, et d’amener rapidement au marché des solutions novatrices pour y répondre. »

Un tel discours d’une PME plaît bien à Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal, la grappe de l’aérospatia­le. « L’innovation fait partie de la culture de l’industrie aérospatia­le, en particulie­r chez les grandes entreprise­s, souligne-t-elle. On travaille très fort pour que cette culture de l’innovation devienne aussi celle d’un plus grand nombre de PME. Elles font partie de la grande chaîne d’approvisio­nnement, mais souvent, la R-D se fait plus chez les grands acteurs. Les PME doivent absolument investir pour être à la fine pointe de la technologi­e et mettre au point des procédés et des produits innovants. »

 ??  ?? « La fabricatio­n n’est qu’une partie de ce que nous faisons. En règle générale, nous jouons un rôle en amont », précise Jacques Cabana, pdg de FDC Composites.
« La fabricatio­n n’est qu’une partie de ce que nous faisons. En règle générale, nous jouons un rôle en amont », précise Jacques Cabana, pdg de FDC Composites.

Newspapers in French

Newspapers from Canada