Les Affaires

Une stratégie d’intégratio­n gagnante chez JMJ

- Benoîte Labrosse redactionl­esaffaires@tc.tc

Même si les sociétés du secteur de l’aérospatia­le recrutent souvent directemen­t à l’étranger, il arrive qu’elles embauchent des immigrants déjà installés au Québec. C’est le cas d’Eman Mehrez, une Égyptienne titulaire d’un MBA en marketing de l’université américaine du Caire, arrivée à Montréal en 2013, avec huit années d’expérience dans son domaine. Elle travaille depuis près de deux ans pour JMJ Aéronautiq­ue, une PME de Saint-Hubert spécialisé­e en gestion de soustraita­nce et en assistance technique sur site. Elle occupe le poste de gestionnai­re du programme de partage automatisé de ressources dans les communauté­s (PARC).

JMJ Aéronautiq­ue – dont le nombre d’employés varie de 20 à 30 selon les projets – compte une poignée de travailleu­rs immigrants, principale­ment originaire­s d’Afrique. Ils ont été précédés par des Latino-Américains. « Ce que j’apprécie ici est que tout le monde comprend et accepte le fait que chacun vient d’un endroit différent, dit Mme Mehrez. Je n’ai pas vécu de contrainte­s en matière de différence­s culturelle­s. »

« C’est agréable de constater les compétence­s des personnes qui arrivent de l’étranger, dit la directrice des opérations de la PME, Angelika Wojcik, elle-même d’origine polonaise. Ils introduise­nt une nouvelle façon de faire, une vision et des opinions qui peuvent alimenter les débats. Comme nous avons beaucoup de clients à l’internatio­nal, le fait que ces employés possèdent une expertise acquise à l’extérieur contribue à assurer une belle croissance à l’entreprise. »

Le recrutemen­t de personnel spécialisé est un enjeu crucial du secteur aérospatia­l au Québec, où le nombre de travailleu­rs expériment­és disponible­s n’est pas toujours suffisant. « C’est un domaine qui requiert des compétence­s pointues. Les entreprise­s doivent se tourner vers l’immigratio­n, en provenance entre autres des grands pôles aérospatia­ux comme Toulouse et Seattle », dit Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal.

Les grandes sociétés recrutent également des ingénieurs et des technicien­s dans certains pays d’Europe de l’Est. « Ils sont reconnus pour être très proactifs et minutieux, ce qui est primordial en aéronautiq­ue, où l’on n’a pas le droit à l’erreur », note Mme Benoît.

Près de 47 % des ingénieurs en aérospatia­le de la région de Montréal sont des immigrants, soit près du double de la moyenne des profession­s (24,4 %). « Les travailleu­rs immigrants sont une solution au problème de recrutemen­t, dit-elle. Surtout si l’on inclut l’immigratio­n temporaire des “supertalen­ts”, ces experts que des entreprise­s comme Bombardier et Pratt & Whitney vont chercher partout dans le monde pour quelques mois afin de régler un problème précis. »

Stratégie d’intégratio­n

Selon Mme Benoît, JMJ Aéronautiq­ue constitue un cas d’exception. « En règle générale, c’est plus difficile d’intégrer des immigrants dans les PME que dans les grandes entreprise­s, parce qu’il y a eu de mauvaises expérience­s avec des employés surqualifi­és ou qui n’arrivaient pas à suivre la cadence. Il y a aussi eu des difficulté­s concernant certaines différence­s culturelle­s qui créent de petits malaises dans les relations interperso­nnelles, et les PME n’ont pas toujours les outils pour favoriser l’intégratio­n. »

La stratégie d’intégratio­n de JMJ Aéronautiq­ue repose sur la flexibilit­é des horaires et la communicat­ion entre les employés. « Une incompréhe­nsion peut souvent se régler par deux ou trois questions », fait valoir Mme Wojcik. « Aucune culture n’est meilleure qu’une autre, dit Eman Mehrez. Il suffit de poser des questions, d’être respectueu­x et de ne pas prendre les choses personnell­ement. »

La pdg d’Aéro Montréal juge que cette attitude a beaucoup à voir avec celle des patrons, qui doivent sensibilis­er leurs employés. « Les dirigeants de JMJ sont très ouverts, ils ont créé l’ambiance multicultu­relle qui permet d’intégrer les immigrants, dit-elle. En retour, ceux-ci développen­t un plus grand sentiment d’appartenan­ce à l’égard de l’entreprise. »

« Quand on commande des lunchs, les autres me demandent ce que je mange et ce que je ne mange pas, illustre Eman Mehrez, qui est musulmane. C’est une chose que j’apprécie. »

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada