Une collaboration étroite avec la NASA Objectif Mars pour NGC Aerospace
Arrivée de Roumanie en 1987, Ruxandra Botez est depuis 1998 un élément important de l’expertise développée en aérospatiale à l’École de technologie supérieure (ÉTS). Depuis 20 ans, de nombreuses collaborations avec la NASA ont marqué sa carrière.
« Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup les avions, mais pour être honnête, je rêvais plus d’être pilote qu’ingénieure, lance en rigolant Ruxandra Botez, professeure à l’ÉTS.
Malgré deux cours de pilotage suivis lors de ses études en génie à l’Université de Bucarest, en Roumanie, d’où elle est originaire, ce sont surtout des simulateurs qu’elle pilote aujourd’hui. Notamment le simulateur de recherche en vol de CAE pour l’aéronef d’affaires le plus rapide du monde, le Cessna Citation X. Cet outil très prisé se trouve dans les locaux du Laboratoire de recherche en commande active, avionique et aéroservoélasticité (LARCASE) qu’elle a fondé à l’ÉTS, où elle enseigne depuis 1998. On y retrouve aussi le système autonome de vol UAS-S4 et la soufflerie subsonique Price-Païdoussis.
Partenaire de longue date
La spécialité de Ruxandra Botez depuis les trois ans qu’elle a passés chez Bombardier de 1995 à 1997, c’est l’aéroservoélasticité. Il s’agit de l’interaction entre l’aérodynamique, le contrôle et la structure. Le modèle d’entreprise de la sherbrookoise NGC Aerospace est en pleine évolution. Elle cherche à diversifier ses marchés géographiques et ses secteurs commerciaux. La PME est à la recherche d’un spécialiste du marketing. C’est le signe d’une profonde transformation en cours dans son modèle d’entreprise. Depuis sa création en 2001, la PME de 15 employés a surtout répondu à des appels d’offres d’organisations publiques, comme l’Agence spatiale européenne (ESA).
« Nous sommes des ingénieurs, et nous n’avons pas nécessairement la fibre du marketing, explique le président, Jean de Lafontaine. Jusqu’à maintenant, nous laissions nos réalisations parler pour nous, en plus de faire des présentations dans des conférences. Notre marketing se limitait à cela. »
L’entreprise se spécialise dans les systèmes et les logiciels de guidage, navigation et commande (GNC) de véhicules d’exploration planétaire, de satellites terrestres et d’aéronefs non
« Dans les avions traditionnels équipés de contrôles mécaniques, il y a peu d’interaction entre ces domaines. Mais dans les avions modernes dotés de commandes de vols électriques [ fly-by-wire] et de systèmes de contrôle actif, par exemple pour réduire le bruit ou augmenter la stabilité d’un avion, il devient crucial de pouvoir intégrer tous les logiciels de ces trois disciplines. »
En 1996, Ruxandra Botez entre en contact une première fois avec la NASA. Jusqu’en 2004, elle collaborera avec l’équipe en structure du Dryden Flight Research Center, grand spécialiste de ce domaine.
Puis, de 2005 à 2011, elle mènera d’autres projets, cette fois avec une équipe se consacrant aux systèmes de contrôle. Ruxandra Botez contribuera entre autres au programme sur l’aile aéroélastique active de l’avion de combat F/A-18.
La collaboration avec la NASA se poursuit toujours aujourd’hui. Encore récemment, en avril, la chercheuse s’est déplacée dans la Silicon Valley pour présenter les plus récents résultats de son laboratoire devant une trentaine d’experts de l’agence spatiale américaine. De son côté, elle bénéficie des tonnes de données que le Canada est un contributeur relativement petit à l’ESA. En 2014, il finançait 3,86 % des activités de base de l’ESA et 0,59 % du budget alloué à des programmes spéciaux (la plus grosse partie du budget de l’ESA). En comparaison, l’Allemagne finançait 19,8% des programmes de base et 27,43% des programmes spéciaux, la GrandeBretagne 15,47 % et 6,32 % et la France 15,33 % et 26,20 %. « Nous avons parfois perdu des contrats pour des raisons plutôt politiques, déplore Jean de Lafontaine. Ou alors, nous avons dû agir comme un simple soustraitant d’un de nos concurrents, qui ramassait la plus grande part du gâteau. »
Par conséquent, le chiffre d’affaires de l’entreprise a évolué en montagnes russes, avec des périodes endiablées durant lesquelles il doublait annuellement, comme de 2008 à 2010, et d’autres où il chutait. Pendant les périodes creuses, NGC se concentrait sur la R-D encore plus que d’habitude, entre autres pour éviter de perdre son personnel très spécialisé.
Afin de briser ce cycle, l’entreprise qui a développé de nouvelles techno- la NASA produit et qui sont loin d’être accessibles à tout le monde. Une relation gagnant-gagnant, en somme.
Préparer l’avenir
Mais sa plus grande passion, c’est l’enseignement et la formation. Présentement, une cinquantaine d’étudiants gravitent autour du LACARSE, dont la moitié sont en maîtrise ou au doctorat. « C’est ce qui me motive le plus, dit la professeure. Ma plus grande satisfaction, c’est de voir les étudiants qui ont été formés ici être embauchés dans l’industrie, à Montréal. C’est important pour l’industrie de pouvoir compter sur cette relève, et leur travail dans le privé fait avancer mon champ de recherche. »
Elle souligne que le rôle d’un laboratoire comme le sien est important pour les entreprises. Elle donne l’exemple de CAE, un leader mondial dans la vente de simulateurs et de services de formation établi à Montréal, comptant 8 000 employés dans 35 pays. « Les diplômés qui ont travaillé au laboratoire sont déjà formés, puisque nous avons un simulateur de CAE ici, indique-t-elle. Ils sont fonctionnels dès le début. »
Elle déplore toutefois que les Québécois d’origine semblent moins nombreux à persévérer jusqu’à la maîtrise ou au doctorat que les étudiants étrangers. Beaucoup d’étudiants se font offrir des emplois dès la fin de leur baccalauréat, voire avant, et ont de la difficulté à résister, en partie pour des raisons financières. logies, dont dans l’aéroterrestre (par exemple, les drones) et la cartographie 3D, entend courtiser plus ardemment les entreprises privées et s’ouvrir sur de nouveaux marchés géographiques. Cela tiendra le futur responsable du marketing fort occupé.
« Il ne s’agit plus de seulement répondre à des appels d’offres, souligne le président de NGC. Nous devons être plus proactifs et aller au-devant de nos clients potentiels pour les convaincre. »
Le virage donne déjà des résultats. Les exportations, qui représentent 90% des ventes, se font désormais majoritairement en Amérique du Sud (70%), l’Europe comptant pour 30 %. Au moment de faire l’entrevue, Jean de Lafontaine finalisait la signature d’un intéressant contrat avec Airbus.
Et l’espace restera bien sûr une tranche importante des activités. Ses technologies pourraient notamment permettre à de futures missions sur Mars de se poser de manière automatisée sur des terrains plus accidentés, plutôt que de devoir se limiter aux plaines, comme c’est le cas actuellement.