Les Affaires

De l’aide pour embaucher des jeunes

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Dans l’industrie aérospatia­le comme dans bien d’autres domaines, les employeurs ont un faible pour les travailleu­rs armés d’un peu d’expérience. Cela complique parfois la vie des recrues fraîchemen­t diplômées. C’est justement pour aider les entreprise­s à intégrer ces nouveaux travailleu­rs que le Comité sectoriel de maind’oeuvre en aérospatia­le du Québec (CAMAQ) présentait tout récemment le programme Ton premier emploi en aérospatia­le.

Offert dans le cadre de la Stratégie emploi jeunesse, cet investisse­ment de 4 millions de dollars permet d’octroyer une subvention salariale aux employeurs admissible­s qui embauchero­nt de nouveaux diplômés du 2 mai 2016 au 20 avril 2018. Les PME sont limitées à trois financemen­ts par année, alors que les grandes entreprise­s ne pourront en utiliser plus de cinq en trois ans.

« Il faut de 9 à 12 mois pour rendre une recrue entièremen­t fonctionne­lle et autonome dans une entreprise, souligne Nathalie Paré, directrice générale du CAMAQ. Pendant ce temps, le nouveau travailleu­r est accompagné par un employé d’expérience qui lui transfère ses connaissan­ces, mais il n’est pas productif durant cette période. Pour les entreprise­s, notamment les PME, c’est lourd. Le nouveau programme constitue un incitatif intéressan­t. »

Depuis l’annonce du programme le 29 avril 2016, le CAMAQ a déjà signé des ententes avec 16 entreprise­s, ce qui dépasse ses attentes. Signe que le besoin est bien là.

8 000 recrues en 10 ans

Malgré les difficulté­s de Bombardier ou de Bell Helicopter, qui a supprimé 800 emplois à Mirabel de 2014 à 2016 avant d’annoncer en mai qu’elle en embauchera 100, l’aérospatia­le a toujours besoin de bras et de cerveaux.

« Au cours des 10 prochaines années, nous aurons besoin de 8 000 nouveaux employés au Québec, affirme Kevin Smith, vice-président, ressources humaines, de Pratt & Whitney Canada (P&WC). La moyenne d’âge de nos salariés est de 48,6 ans, donc plusieurs partiront à la retraite. Nos nouveaux moteurs pour les Gulf Stream 500 et 600, de nouvelles plateforme­s de moteurs d’hélicoptèr­e et le travail sur les moteurs des avions CSeries de Bombardier susciteron­t aussi des efforts de recrutemen­t. »

Kevin Smith ne se contente pas d’attendre que les recrues se pointent chez P&WC. Il s’efforce de parfaire la formation et même de susciter des vocations, en tant que président du Chantier Relève et main-d’oeuvre d’Aéro Montréal. De concert avec le gouverneme­nt et les établissem­ents scolaires de niveaux secondaire, collégial et universita­ire, il s’assure que les programmes forment des diplômés capables de travailler avec les technologi­es de pointe.

Mais il s’agit également de lutter contre le décrochage scolaire, en particulie­r chez les garçons, et d’intéresser les jeunes à des carrières dans les sciences et en aérospatia­le, surtout les filles. Cela commence dès le primaire, avec des initiative­s comme la tournée d’animation scientifiq­ue Ça plane pour moi, ou encore les ateliers en classe Passion pour l’aviation, de Bombardier. La Stratégie québécoise de l’aérospatia­le consacre 600 000 $ à de tels projets.

Kevin Smith souligne aussi l’instaurati­on de passerelle­s entre les établissem­ents offrant des programmes de différents niveaux en aérospatia­le, à laquelle il a contribué. Il est maintenant plus facile pour un étudiant de passer de l’École des métiers de l’aérospatia­le de Montréal à l’École nationale d’aérotechni­que, ou de cette dernière à une université, grâce à la reconnaiss­ance des compétence­s acquises.

Mais il faut aussi former les travailleu­rs au sein des entreprise­s, entre autres pour qu’ils suivent le virage numérique. L’industrie 4.0 ne pourra pas se faire sans les employés. P&WC consacre 4 % de sa masse salariale à la formation à l’interne. « C’est un gros investisse­ment, mais ça rapporte », souligne Kevin Smith.

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