Les Affaires

AU TOUR DES SERVICES JURIDIQUES DE SE FAIRE UBÉRISER

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Les technologi­es donnent des occasions aux profession­nels de révolution­ner leurs pratiques et d’accroître leur productivi­té. Des initiative­s émergent dans ces milieux, réputés conservate­urs. L’ubérisatio­n gagnera-t-elle les comptables, notaires, avocats et consultant­s de tout poil?

Stéphane Minson n’a pas attendu la réponse à cette question et s’est lancé. Cet avocat de 45 ans a tout plaqué pour plonger dans l’économie du partage. Une révolution profession­nelle, mais aussi personnell­e. Il a troqué sa voiture luxueuse contre des abonnement­s à Bixi et à Communauto, et il a quitté sa place douillette dans un grand cabinet, Joli-coeur Lacasse, pour s’établir à son compte. Depuis trois ans, il conseille des clients dans son domaine d’expertise – l’immigratio­n d’affaires – avec pour uniques assistants des logiciels et des applicatio­ns; ceux-ci lui permettent de faire la quasi-totalité des tâches assurées auparavant par une secrétaire, un commis à l’archivage, etc.

« Dans mon domaine, les grands cabinets livrent une forte concurrenc­e, mais je tire mon épingle du jeu en faisant tendre mes frais fixes vers zéro. Dans les grands cabinets d’avocats, les frais fixes attribuabl­es à l’entretien d’une adresse prestigieu­se sont astronomiq­ues. Ils ont forcément un impact sur les tarifs, qui deviennent de plus en plus intenables pour les clients. Ce n’est plus un modèle économique viable. Moi, je ne facture que ma valeur ajoutée », soutient Stéphane Minson. L’avocat, qui a diminué ses coûts de fonctionne­ment, peut conserver un même niveau de rémunérati­on tout en travaillan­t à un rythme moins soutenu.

M. Minson travaille maintenant seul dans un bureau installé à son domicile. Il a seulement conservé une domiciliat­ion virtuelle, au coût de près de 300$ par mois, pour « disposer d’une adresse prestigieu­se où recevoir du courrier postal et qui me permet d’utiliser une salle de conférence et des bureaux quelques heures de temps en temps pour rencontrer des clients au besoin », précise l’avocat. Il apprécie pouvoir utiliser des ressources uniquement en fonction de ses besoins.

Une nouvelle façon de travailler qui est encore peu commune chez les profession­nels et qui bouscule les habitudes dans des profession­s très réglementé­es, qui accordent de l’importance à l’archivage de documents ainsi qu’à la sécurité et à la confidenti­alité des échanges.

Le reste de l’économie, par contre, s’adapte déjà: un ensemble d’entreprise­s (création de logiciels et d’applicatio­ns adaptées, location de bureaux, d’espaces de travail partagés, hébergemen­t virtuel) forme un écosystème de plus en plus complet.

Une myriade d’outils

La plateforme Web 2ps relie les consultant­s entre eux en court-circuitant les grands cabinets et en imposant une grille de tarifs. Le cabinet comptable Lacharité, McComber, Kuczynski archive tous ses documents et ceux de ses clients dans l’infonuagiq­ue et offre l’impartitio­n de la tenue de livres dans ce mode également.

Natalie Rivière, consultant­e et depuis peu présidente de l’agence de marketing Web Commetta, va plus loin. Si l’entreprise a des locaux, ils sont utilisés à temps partiel, et toute l’équipe – une dizaine de personnes réparties entre Montréal et Cancún, au Mexique – travaillen­t à distance grâce à divers logiciels comme Hub-Spot, une plateforme en ligne intégrée pour le marketing et les ventes, Google Apps for Work, QuickBooks en ligne, un logiciel de comptabili­té pour petites entreprise­s et entreprise­s à domicile, Smartsheet, un outil de collaborat­ion et de gestion du travail en nuage, ou encore Slack, une applicatio­n de clavardage profession­nel.

Autant de technologi­es qui promettent de dématérial­iser l’activité et, ainsi, de réduire les coûts et d’améliorer l’efficacité.

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