Les Affaires

Le droit aérien s’adapte aux progrès technologi­ques

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

L’affaire Aveos a fait beaucoup de bruit au Québec. L’annonce, brutale, de la cessation des activités de l’entreprise en mars 2012 a été faite à quelques heures d’avis. Du coup, 2 600 salariés (dont 1 800 à Montréal) perdaient subitement leur emploi. L’acquisitio­n de l’unité d’entretien par la britanniqu­e AJ Walter, qui a embauché une partie des anciens employés d’Aveos, a eu moins d’échos.

Il s’agissait d’un dossier relativeme­nt complexe, auquel a participé Jean-Marc Fortier. L’avocat de Robinson Sheppard Shapiro possède une maîtrise en droit aérien. « Il s’agissait d’une vente pilotée par un syndic de faillite, donc il fallait respecter plusieurs conditions imposées par le tribunal, explique l’avocat. Walter devait aussi négocier avec les syndicats des exemployés d’Aveos. »

Les connaissan­ces en droit aérien étaient utiles dans ce dossier, notamment afin d’obtenir l’approbatio­n de Transports Canada. « Dans ce domaine, il faut bien connaître les contrainte­s réglementa­ires. Mais notre travail ne se limite pas à comprendre la réglementa­tion. Il faut contribuer à l’élaboratio­n de règles soutenant la technologi­e au fur et à mesure qu’elle se développe. Par exemple, beaucoup d’entreprise­s construise­nt des drones, alors que d’autres se lancent dans les aéronefs suborbitau­x. Les règles actuelles ne sont pas toujours bien adaptées à ces appareils, ce qui peut ralentir l’essor de ces entreprise­s. » Une réglementa­tion complexe « Il est connu que nous avons, à Montréal, une grappe industriel­le forte dans l’aérospatia­le, mais nous avons aussi des services profession­nels très développés, capables de soutenir les grandes opérations dans le secteur aéronautiq­ue mondial, ce qu’on mentionne moins souvent », souligne Étienne Brassard, associé du cabinet Lavery.

Ce cabinet a servi plusieurs clients dans l’aérospatia­le. Il a notamment appuyé l’acquisitio­n par Héroux-Devtek de la britanniqu­e APPH en 2014, un dossier piloté à partir du Québec. Les services sont variés et vont de l’appui au financemen­t, en passant par l’acquisitio­n et la vente d’aéronefs et de moteurs, l’assurance et la responsabi­lité civile en matière d’aéronautiq­ue, ainsi que la fiscalité ou les restructur­ations.

La complexité du domaine provient en partie du Règlement de l’aviation canadien (RAC), un document de plus de 800 pages encadrant des éléments comme la qualificat­ion d’un avion pour voler au-dessus d’un territoire, les communicat­ions et la navigation. Cette partie se règle généraleme­nt à l’interne.

« Il y a autant d’avocats chez Air Canada, Bombardier et Pratt & Whitney que dans les plus grands cabinets d’avocats montréalai­s », précise M. Brassard. Garder les retombées ici Les cabinets externes intervienn­ent davantage dans les questions de transactio­ns et de financemen­t. La réglementa­tion est mondiale, puisque les aéronefs circulent de pays en pays. En 2006, le Canada et les États-Unis ont adhéré à une convention internatio­nale visant à simplifier le financemen­t et l’enregistre­ment des appareils. Plutôt que d’enregistre­r l’avion dans chaque compétence où l’appareil volera, on l’inscrit désormais à un seul registre internatio­nal. L’objectif est de diminuer les coûts de financemen­t.

Cependant, le Canada n’a ratifié cette entente qu’en 2013. Pendant sept ans, les États-Unis ont eu un marché très concurrent­iel, offrant du financemen­t à des taux bien inférieurs à ceux du Canada. L’expertise profession­nelle s’y est fortement développée, et de nombreuses tran- sactions ont été réalisées entièremen­t à partir des États-Unis. « Heureuseme­nt, cette situation malheureus­e a été corrigée, se réjouit l’avocat. C’est important, parce que si des constructe­urs d’ici vendent des avions à l’étranger et que le financemen­t se fait ailleurs, on perd une partie non négligeabl­e des retombées économique­s de l’industrie. »

habités. Elle a notamment développé un logiciel pour les satellites de la série PROBA de l’ESA, permettant d’augmenter leur autonomie et de réduire d’au moins trois fois les coûts de main-d’oeuvre des opérations. Elle a aussi contribué au satellite Sentinel 3A, lancé en février 2016.

Commerce et géopolitiq­ue

Mais ce modèle d’entreprise l’a parfois placée dans une position inconforta­ble. La PME fait face à deux types de concurrenc­e. Elle rivalise avec des divisions de grandes entreprise­s comme Thales ou Airbus. Ces acteurs doivent choisir entre mettre au point des produits à l’interne ou collaborer avec NGC. La capacité d’innovation et la flexibilit­é de la PME lui permettent de tirer son épingle du jeu dans ces cas-là.

Mais une autre forme de concurrenc­e est plus difficile à affronter. Une organisati­on comme l’ESA compte sur la contributi­on financière des pays membres développer des projets. Plus un pays contribue, plus il peut faire pencher la balance en faveur d’entreprise­s de son pays. Or,

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