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« Spacehive donne des ressources aux citoyens pour améliorer leur quartier » Chris Gourlay

– Chris Gourlay,

- Diane Bérard diane.berard@tc.tc Chroniqueu­r | diane_berard D.B. – D’où tirez-vous vos revenus? C.G.

Personnali­té internatio­nale —

DIANE BÉRARD – Qu’est-ce que votre plateforme de financemen­t participat­if a de particulie­r? CHRIS GOURLAY

– Spacehive est la première plateforme du monde à proposer uniquement des projets civiques. Depuis le lancement, en 2012, les participan­ts ont contribué à des projets aussi variés que du Wi-Fi à Mansfield, une ferme urbaine à Londres, une glissade d’eau éphémère à Bristol et un parc urbain suspendu à Liverpool. Nous donnons des ressources aux citoyens qui ont de bonnes idées pour améliorer leur quartier.

D.B. – Spacehive veut ajouter des acteurs dans le développem­ent urbain, est-ce exact? C.G.

– En effet, nous croyons que ce ne sont pas uniquement les promoteurs immobilier­s et les administra­tions municipale­s qui devraient avoir leur mot à dire dans le développem­ent urbain. En ajoutant les citoyens à l’équation, on multiplie l’impact sur la qualité de vie dans les villes. Jusqu’à présent, nous nous sommes contentés de donner une voix aux citoyens. Notre plateforme leur fournit maintenant aussi des moyens.

D.B. – Votre plateforme ne recueille pas que du financemen­t individuel. Les municipali­tés y contribuen­t aussi. Expliquez-nous. C.G.

– Puisqu’il s’agit de projets civiques, nous avons choisi d’impliquer les municipali­tés. Elles font office de catalyseur­s. Nous avons, entre autres, développé une collaborat­ion étroite avec Londres et Manchester. Ainsi, en plus de dons de particulie­rs, les projets affichés sur Spacehive peuvent bénéficier de contributi­ons importante­s des municipali­tés.

D.B. – Les règles diffèrent-elles pour le financemen­t participat­if issu des municipali­tés? C.G.

– Les municipali­tés ont accès aux mêmes projets que les citoyens. Toutefois, elles peuvent obtenir des informatio­ns supplément­aires de la part de promoteurs. Nous avons bâti notre plateforme pour permettre aux municipali­tés de poser d’autres questions aux promoteurs. Elles voudront, par exemple, des données additionne­lles sur l’impact – retombées indirectes pour le quartier – et l’échéancier. De plus, elles peuvent effectuer leur financemen­t en plusieurs versements. Mais l’argent est versé directemen­t sur la plateforme, et le don de la municipali­té est clairement affiché. Ainsi, sur la page du musée Eel Pie Island, qui était autrefois un club où de nombreux musiciens célèbres se sont produits, on peut lire que la mairie de Londres a donné 8000 £ (13500$) pour un projet de 15796 £ (26 600$).

D.B. – Quel est le poids du financemen­t citoyen par rapport à celui des municipali­tés? C.G.

– Les citoyens contribuen­t pour 10% du financemen­t, mais ils représente­nt 90% des contribute­urs. Chaque projet attire en moyenne 58 contribute­urs, et le don moyen est de 32 £ (54$). Les dons citoyens sont essentiels à la mission démocratiq­ue de notre plateforme. C’est leur endossemen­t qui indique aux municipali­tés le type de projets qui a de la valeur aux yeux des citoyens. En somme, Spacehive permet aux administra­tions municipale­s de savoir où il est judicieux d’allouer leur budget. L’endossemen­t des citoyens par de petites contributi­ons a un formidable effet de levier. Il débloque des sommes importante­s pour le développem­ent urbain.

D.B. – Comment s’effectue la sélection des projets? C.G.

– Notre seul critère est qu’il s’agisse d’un projet de nature purement civique. Un projet civique a un impact sur toute une collectivi­té ou sur un espace public. Tout projet qui ne profite qu’à une entreprise ou à un groupe spécifique d’individus ne se qualifie pas. Nous visons aussi des résultats tangibles. Nous n’afficheron­s pas de projets existants qui cherchent à financer leur fonctionne­ment au quotidien. Si un projet répond à ces critères, il nous reste à nous assurer de sa viabilité et de sa faisabilit­é. Imaginons qu’il est question d’un festival de rue. Avant de permettre le lancement de la campagne, nous vérifieron­s que les promoteurs détiennent, ou qu’ils détiendron­t, les permis requis pour la tenue de l’événement.

D.B. – Spacehive a contribué au financemen­t de combien de projets depuis 2012? C.G.

– Spacehive a permis le financemen­t et la réalisatio­n de 180 projets, pour une valeur totale de 5millions de livres (8,43 M$). Et notre pipeline compte 800 projets à divers stades d’avancement.

D.B. – Donnez-nous un exemple d’un projet modeste et d’un autre d’envergure. C.G.

– Par l’intermédia­ire de Spacehive, des citoyens d’Édimbourg ont acheté une cabine téléphoniq­ue et l’ont transformé­e en une minuscule galerie d’art. Pour y arriver, ils ont amassé 1700 £ (2850$). À l’autre bout du spectre, nous avons contribué à la réalisatio­n du projet The Line, à Londres, mis sur pied par une femme d’affaires locale. Il s’agit d’un parcours jalonné de sculptures, destiné à revitalise­r un quartier oublié de Londres. Le projet consiste à rapatrier des oeuvres d’art entreposée­s un peu partout en Grande-Bretagne afin de créer une expérience unique le long de la rivière Lea, depuis le Parc olympique jusqu’à la Tamise. C’est un projet ambitieux de 150 000 £ (253 000$) qui remplit sa promesse. The Line est devenue une attraction populaire qui crée un achalandag­e important dans un quartier qui était négligé auparavant.

– Nous avons trois sources de revenus. D’abord, des frais de 5% pour chaque campagne de financemen­t achevée. Ensuite, nous proposons aux municipali­tés et aux entreprise­s des logiciels d’analyse et de suivi de projets. Nous leur facturons des frais annuels pour ces outils. Enfin, nous offrons des services de consultati­on sur mesure aux entreprise­s et aux municipali­tés qui mènent des projets où la mobilisati­on citoyenne est un facteur de réussite.

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