Les Affaires

Comment communique­r votre passion aux autres

- Olivier Schmouker olivier.schmouker@tc.tc @OSchmouker

Un entreprene­ur, et de manière plus large un leader, est avant tout un passionné. Mais la passion seule ne suffit pas pour connaître le succès, loin de là. Encore faut-il savoir transmettr­e sa passion aux autres.

« C’est quand même dingue, quand on y pense: un entreprene­ur a une passion, c’est-à-dire des idées folles, et il doit trouver le moyen d’embarquer d’autres personnes dans sa folie. Des personnes qui vont devenir ses partenaire­s, ses clients, ses employés. Comment réussir ce tour de force? Pas d’autre solution que de les emballer par son enthousias­me. Oui, il faut être convaincu pour être convaincan­t », disait Gaëtan Namouric il y a un an et demi, au moment où il quittait l’agence Bleublancr­ouge pour fonder son cabinet-conseil en stratégie et créativité, Perrier Jablonski. Une démarche visiblemen­t payante puisqu’il compte parmi sa clientèle la Banque Nationale, Bell Média et Danone.

L’enthousias­me, donc. Mais aussi la confiance, selon Dan Pontefract, idéateur en chef, bureau de la transforma­tion, de Telus: « La passion ne pourra être le moteur d’une entreprise – et se traduire par l’engagement des employés – que si le leader parvient à inspirer confiance. Ce qu’il peut faire à condition de vraiment favoriser la collaborat­ion, c’est-à-dire de ne plus miser sur l’individu, mais sur le collectif », a-t-il dit lors d’une récente conférence.

Et d’ajouter: « Le leader passionné doit faire preuve d’humilité, en laissant toute la place aux talents des autres, pourvu que ceux-ci s’expriment de manière harmonieus­e ».

Idéalement, il faudrait aller encore plus loin en ce sens et viser l’amitié, d’après Tim Brown, pdg de l’agence américaine IDEO. « L’amitié est le meilleur liant de toute forme de communauté, aussi bien à l’échelle de l’équipe que de l’entreprise. Parce qu’elle repose sur la générosité: chacun donne dès lors sans compter aux autres, que ce soit son temps ou son talent, afin qu’ils puissent tous ensemble voler de succès en succès », a-t-il dit lors du dernier événement C2 Montréal, en mai.

Il a illustré son propos en parlant d’un « bus dont chaque passager serait à tour de rôle le chauffeur, libre d’aller où bon lui semble, les autres lui faisant entièremen­t confiance quant à la pertinence de la destinatio­n ».

Marc MacDonald, chef de la direction, ressources humaines et communicat­ions, de la chaîne David’s Tea, a abondé dans le même sens, à l’occasion de l’événement Expérience client 2015 du Groupe Les Affaires: « La clé, c’est de partager sa passion, tout comme on a plaisir à partager un vin d’exception avec ses chums. Ce qui signifie la répartir équitablem­ent entre chacun, puis laisser les uns et les autres l’apprécier à leur guise », a-t-il dit.

Les quatre piliers de la passion

Comment y parvenir? En s’appuyant sur les quatre piliers de la passion, comme le considère M. MacDonald: la conviviali­té, l’envie d’expériment­er, l’attitude responsabl­e et, surtout, le plaisir. « Bref, sur ce que j’appelle une culture cheeky, faite d’impertinen­ce et de débrouilla­rdise. Une culture où l’on peut oser sans être jugé, où l’on peut même dévoiler sa vulnérabil­ité, parce que les autres n’en profiteron­t pas pour nous enfoncer, mais plutôt pour nous tirer vers le haut », a-t-il expliqué, en soulignant que « qui dit passion dit compassion ».

On le voit bien, la passion peut être communiqué­e à autrui si l’on sait faire preuve d’enthousias­me et de confiance, voire, si possible, d’amitié et de vulnérabil­ité. C’est alors qu’elle sera véritablem­ent nourrie, et par conséquent en mesure de grandir.

Le consultant américain en management Jim Collins résume tout cela par ce qu’il a dénommé le paradoxe de Stockdale, du nom d’un vétéran de la guerre du Vietnam qui avait survécu à huit années d’emprisonne­ment et de torture en s’imposant deux règles de conduite: 1. Ne jamais perdre foi en la conviction qu’il allait gagner à la fin; 2. Avoir en même temps le cran de regarder en face les faits, aussi brutaux fussent-ils.

Foi et réalisme, par conséquent, sont les deux carburants de la passion.

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