Les Affaires

Confort amélioré, employés plus productifs

- Simon Diotte redactionl­esaffaires@tc.tc

Pour son nouveau siège social, la Caisse Desjardins de Lévis a opté pour la constructi­on d’un bâtiment qui vise la certificat­ion LEED-Or, au coût de 23 millions de dollars. Le chargé de projet à l’époque chez Desjardins, Nicolas Maltais, a calculé le rendement de l’investisse­ment de ce bâtiment vert, qui a remporté en novembre 2015 un prix d’excellence de l’Ordre des architecte­s du Québec. Comme vous allez le voir, la rentabilit­é d’un investisse­ment vert n’est pas véritablem­ent calculée en coût d’énergie, mais en hausse de productivi­té, une mesure cruciale en affaires.

Au prix actuel de l’énergie au Québec, il est difficile d’obtenir un rendement de l’investisse­ment intéressan­t en améliorant l’efficacité énergétiqu­e d’un immeuble, tandis que la diminution des gaz à effet de serre importe moins en raison de notre hydroélect­ricité. Par contre, les études montrent que les bâtiments verts, mieux conçus que la moyenne, augmentent la productivi­té des occupants. C’est là où ça devient payant.

Donc, Nicolas Maltais a mis en contexte les deux variables suivantes : le coût approximat­if de location d’un local pour bureau de bonne qualité dans la région de Québec, soit de 30 $ le pied carré annuelleme­nt (en incluant les frais d’exploitati­on), relativeme­nt au coût estimé de la masse salariale d’un bureau profession­nel, qui est de 285 $ le pied carré. Donc, si des mesures vertes, comme celles appliquées à la Caisse Desjardins de Lévis, comprenant l’améliorati­on de l’éclairage naturel, un meilleur confort thermique et une meilleure qualité de l’air, augmentent la productivi­té de quelques points de pourcentag­e, le surcoût associé à la constructi­on d’un bâtiment vert se rembourse automatiqu­ement, sans même prendre en compte les économies en frais d’exploitati­on.

« Autrement dit : si, par des mesures vertes, on augmente la productivi­té de 5 %, le coût au pied carré de la masse salariale diminue de 14,25 $ (masse salariale/nombre de pieds carrés). Résultat : on paye ainsi la moitié des coûts de l’immeuble », conclut Nicolas Maltais, aujourd’hui directeur de projet au Groupe Tanguay.

Des loyers et un taux d’occupation supérieurs

L’analyse de Nicolas Maltais est loin d’être farfelue. À preuve, une étude du World Green Building Council datant de 2013 révèle que 85 % des dépenses en entreprise sont attribuabl­es aux salaires et aux avantages sociaux, moins de 10 % au loyer et moins de 1 % à l’énergie. Autre donnée intéressan­te : selon l’Associatio­n des gestionnai­res de parcs immobilier­s institutio­nnels, un bâtiment vert augmente la productivi­té de 6 à 16 % et diminue l’absentéism­e de 15 % !

Comment stimuler la productivi­té ? Une étude publiée en 2005 par Industrie Canada indique qu’une hausse de lumière naturelle peut accroître la productivi­té de 13 %, tandis qu’un bon confort thermique, procuré par des bâtiments mieux isolés, peut intensifie­r le rendement jusqu’à 20 %. Une meilleure ventilatio­n a aussi une incidence sur les maladies respiratoi­res transmissi­bles, les allergies et l’asthme, réduisant ainsi l’absentéism­e.

Fait surprenant, construire vert n’est pas toujours plus cher. En raison de l’améliorati­on des pratiques, les surcoûts liés à la constructi­on d’un immeuble certifié LEED sont en constante diminution. « Il est maintenant possible de construire LEED de base ou LEED Argent sans frais supplément­aires », soutient Patrick Côté, chargé de projet en développem­ent durable au Groupe Montoni, un entreprene­ur général et gestionnai­re immobilier. Par contre, les coûts augmentent pour les certificat­ions LEED Or ou Platine, mais il est difficile d’obtenir des données précises.

Meilleure valeur de revente

Autre avantage : un immeuble vert vaut plus cher. Aux États-Unis, les prix de vente des bâtiments LEED sont en moyenne de 9,94 % supérieurs à ceux de leurs équivalent­s convention­nels, selon une étude datant de 2008. Leur taux d’occupation est également supérieur de 3,8 % et ils affichent des loyers supérieurs de 3 %.

Dans le secteur résidentie­l, des études américaine­s, citées sur le site Écohabitat­ion, indiquent que les maisons certifiées se revendent 8 % plus cher et restent moins longtemps sur le marché que des maisons semblables non certifiées.

Au Québec, il est possible d’obtenir des subvention­s, des remises en argent sur l’hypothèque, des rabais sur l’assurance maison et sur la prime de la SCHL si on choisit une maison certifiée LEED ou Novoclimat 2.0, ce qui annule le surcoût vert, ou presque. Dans le cas d’une maison Novoclimat, le rendement de l’investisse­ment serait de 7 ans, selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec, gestionnai­re du programme.

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