Les Affaires

« TransForce est l’exemple d’un bon opérateur dans une industrie difficile »

– Greg Deans, gestionnai­re du Fonds de sociétés de croissance canadienne­s Cambridge

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom De quelle façon?

Les marchés en action — Pourquoi rouvrez-vous votre fonds aux nouveaux investisse­urs, deux ans après l’avoir fermé? À l’époque, le fonds recevait trois millions de dollars par jour. À ce rythme, il aurait doublé de taille en un an. C’était un rythme trop rapide pour que l’équipe en place à l’époque puisse investir le capital dans le créneau des titres à faible capitalisa­tion de façon optimale, dans l’intérêt des porteurs existants du fonds. Depuis, nous avons quadruplé la taille de l’équipe à Toronto, qui compte 13 profession­nels. Votre encaisse de 13% semble élevée pour un fonds de croissance. Comment expliquez-vous ce niveau? Ce n’est pas une mesure de prudence. Au contraire, les occasions se multiplien­t, puisque les investisse­urs étrangers se désintéres­sent encore de la Bourse canadienne. À mes yeux, un niveau d’encaisse de 10% s’avère le minimum pour un fonds dont 50 % de l’actif est investi dans le petit carré de sable des PME. Les liquidités sont un outil essentiel pour exploiter l’inefficaci­té des marchés et saisir les occasions d’achat que la volatilité accrue des PME produit. Puisque notre fonds est assez concentré – il compte 38 placements –, je gère le risque en misant sur des entreprise­s dont la stratégie bien définie influera de manière importante sur son parcours. Je dis souvent que nous faisons notre meilleur travail lorsque nous dénichons de bons opérateurs dans des industries difficiles. Le camionneur TransForce est un bon exemple. TransForce ( TFI, 25,84 $) évolue dans une industrie impitoyabl­e, mais son pdg Alain Bédard se démène pour créer de la valeur. Il a passé la dernière année à réparer ses divisions de transport d’équipement de forage pétrolier et de gestion des déchets. Il rachète aussi des actions et rembourse ses dettes. M. Bédard lorgne toujours une acquisitio­n américaine dans le transport de lots partiels pour lui donner la taille voulue pour ensuite l’envoyer en Bourse, la vendre ou la distribuer aux actionnair­es. En attendant, le titre est très attrayant. Au cours actuel, ses flux de trésorerie procurent un rendement de 11%. Nous avons revendu un peu d’actions récemment pour que le titre conserve son poids dans le portefeuil­le. Comment l’achat de CCL Industries ( CCL.B, 241,69 $) cadre-t-il avec votre démarche, étant donné son évaluation élevée? C’est une société que tous auraient aimé avoir découverte il y a longtemps. Son action a explosé de 7,75 $ à 241$ depuis 1990. Le chef de file mondial des emballages et des étiquettes est un excellent opérateur et un acquéreur discipliné. Il gagne des parts de marché, consolide patiemment son créneau et améliore ses marges à chaque acquisitio­n. En mai, CCL a acquis Checkpoint Systems, un fournisseu­r de solutions d’étiquetage électroniq­ue pour les détaillant­s et les fabricants de vêtements. Une société qu’elle surveillai­t depuis huit ans. CCL a payé 10,15$ US l’action, le tiers du cours qu’elle avait en 1996. C’est une acquisitio­n majeure d’un demi-milliard de dollars qui ajoutera 800M$ US aux revenus de CCL, qui a des revenus annuels de 2,5 G$. CCL compte maintenant recentrer Checkpoint Systems sur ses produits d’origine et élargir son bassin de clients. Le titre de CCL n’est plus une aubaine, après avoir décuplé depuis 2009. Mais c’est le prix à payer pour des bénéfices croissants de qualité, un bilan sans dette et le potentiel de futures transactio­ns rentables. Great Canadian Gaming ( GC, 19,04 $) est l’un de vos récents achats au Canada. Quel est l’attrait de cet exploitant de casinos? C’est un autre exemple de société qui accroît ses flux de trésorerie de 10 à 15% par année. Ces fonds servent ensuite à rénover ses casinos, à financer des acquisitio­ns et à racheter des actions. Son rendement du capital investi est de l’ordre de 15%. Ses futurs rendements devraient bénéficier de ses investisse­ments dans les casinos de l’est de l’Ontario qu’elle vient d’acquérir du gouverneme­nt qui les avait négligés. L’Ontario cédera d’autres casinos au cours des trois prochaines années. Son multiple de 7 fois le bénéfice d’exploitati­on est intéressan­t quand on sait que les investisse­urs privés paient jusqu’à 10 fois pour ce type d’actif. Qu’est-ce que des géants tels que Computer Sciences, Walgreens Boots, Amazon et Alphabet font dans un fonds canadien de titres à faible capitalisa­tion? Tout comme nous avons la latitude d’investir 49% du fonds à l’étranger, nous pouvons aussi acheter des sociétés de grande capitalisa­tion pour ajouter du rendement à moindre risque. Encore faut-il que les candidates accroissen­t leurs flux de trésorerie par action à forte cadence. C’est le cas du roi du commerce électroniq­ue Amazon, par exemple, qui double ses flux de trésorerie chaque année depuis trois ans. Sa croissance est si rapide que le titre est le moins chèrement évalué par rapport à ses flux de trésorerie depuis trois ans. Après une période de redresseme­nt, Computer Sciences est bien placée pour continuer à consolider les services informatiq­ues qui génèrent des revenus récurrents. Nos plus récentes actions ont été achetées en février au cours de 27,26$. À notre avis, les investisse­urs sous-estiment le potentiel de sa fusion avec la division des services en TI de Hewlett Packard. Quant à Walgreens Boots Alliance, le nouveau président britanniqu­e commence à peine à rendre le pharmacien plus efficace et plus agile. Là encore, les investisse­urs donnent peu de valeur à l’intégratio­n en cours de Rite Aid.

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