Les Affaires

Groupe TVA ou CBS ?

ProMetic Disney

- François Pouliot

On a sursauté, il y a quelques jours, en creusant les résultats de Groupe TVA et en s’attardant à l’évaluation du titre.

À première vue, les chiffres du dernier trimestre ont des allures de totale débandade. Le bénéfice est en recul de 67% par rapport à la même période l’an dernier.

Mais cette contreperf­ormance s’explique. Le CH ne ratera pas les séries chaque année. Studios Mels bénéficiai­t l’an dernier d’une période exceptionn­elle qui, cette année, est revenue à la normale. De plus, il a fallu composer avec l’annulation imprévue d’une grande production hollywoodi­enne.

La meilleure façon d’évaluer Groupe TVA est sans doute d’isoler TVA Sports, qui pèse actuelleme­nt lourdement sur sa rentabilit­é. TVA ne divulgue pas les pertes de sa filiale (du moins lors des résultats trimestrie­ls; il faudra attendre plusieurs mois son rapport annuel au CRTC pour pouvoir en prendre la mesure).

Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, se prête cependant à un exercice d’évaluation des pertes que génère TVA Sports.

En 2015, la chaîne sportive a subi une perte opérationn­elle de 46 M$, alors que les résultats consolidés de TVA ont généré un bénéfice d’un peu plus de 47 M$, selon l’analyste. C’est dire que, si TVA Sports n’avait pas existé, le bénéfice de Groupe TVA aurait doublé.

Combien vaudrait Groupe TVA si on fermait TVA Sports? Ou, vu autrement, combien vaut Groupe TVA si on n’accorde aucune valeur à TVA Sports?

C’est ce que tente d’évaluer M. Valentini. Pour ce faire, il regroupe dans un premier temps les activités de diffusion et de production de l’entreprise et applique un multiple de 4 fois à leur bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) qu’il prévoit pour 2017. C’est dire qu’il juge que la valeur de ces activités est équivalent­e à 4 fois leur bénéfice.

Il regarde ensuite la division des magazines, et assigne à son BAIIA un multiple de 2,5. Le multiple plus faible est utilisé parce que le marché n’est pas prêt aujourd’hui à payer aussi cher pour de l’imprimé.

Selon M. Valentini, la valeur des activités télé plus celle des activités magazines, moins la dette égale 5$ par action.

La valeur espérée pour l’action de Groupe TVA dans un an, si on ne tient pas compte de TVA Sports, est donc de 5$ (le titre se négocie aujourd’hui à 3,98$). Là où survient l’étonnement Ce multiple de 4 appliqué aux bénéfices télé semble plutôt faible. N’y a-t-il pas un repère qui puisse être apparenté à TVA pour juger s’il est adéquat? Oui: CBS ( CBS, 52,05$ US). C’est ici qu’arrive l’étonnement. CBS se négocie actuelleme­nt à plus de 9 fois son BAIIA, et des analystes n’hésitent pas à attribuer un multiple de 10 au bénéfice qu’ils anticipent pour 2017 afin d’établir leur cible.

Avec pareil multiple assigné à ses activités télé, la valeur espérée pour l’action de TVA l’an prochain ne serait pas de 5 $, mais de près de 13,50$! Comment expliquer l’écart? Pas simple.

Il n’y a pas de doute que le multiple de TVA est pénalisé pour l’inconstanc­e de ses résultats. En ce qui a trait aux activités télé, les chiffres de la TD vont ainsi: un BAIIA de 46 M$ en 2014 et de 71 M$ en 2015; des prévisions de 55 M$ en 2016 et de 46,6 M$ en 2017.

Pendant ce temps, les résultats et les consen- sus à venir chez CBS sont plus réguliers: un BAIIA de 3,2 G$ US en 2014 et de 3,1 G$ US en 2015; des prévisions de 3,4 G$ US en 2016 et de 3,5 G$ US en 2017.

Le modèle d’entreprise que tente actuelleme­nt de développer CBS est intéressan­t. Le producteur-diffuseur veut revendre ses titres de production à des tiers.

Ainsi, la vente des droits internatio­naux de sa nouvelle série Star Trek à Netflix et à Bell Media fait en sorte que les coûts de production sont complèteme­nt épongés et que les revenus aux États-Unis feront prochainem­ent fortement sonner la caisse. La même recette est utilisée pour quelques séries de sa chaîne Showtime (on peut en voir sur Super Écran) ou encore de ses émissions de fin de soirée.

Bonne recette, donc. La projection de croissance du bénéfice sur l’horizon 2017 semble néanmoins un peu faible pour justifier un multiple de 10 au BAIIA. Il y a de l’espoir dans le multiple actuel de CBS, les investisse­urs semblent entrevoir que le bénéfice accélérera sa croissance au-delà de l’horizon 2017.

Faut-il investir dans CBS ou TVA?

On aime personnell­ement beaucoup le modèle de CBS. Un modèle impossible à dupliquer chez Groupe TVA. Les Américains ont toujours été capables d’exporter leurs production­s. Nos sociétés n’ont pas suffisamme­nt de moyens pour financer ce genre de séries.

Cela dit, on se méfie un peu des titres à fort multiple, et on préfère ceux qui sont remplis de désespoir.

Groupe TVA occupe un positionne­ment commercial pratiqueme­nt incontourn­able au Québec, du moins en ce qui concerne les annonceurs nationaux. Il n’y a pas de grandes attentes par rapport au bénéfice de ses principale­s activités (télé) d’ici 2017. Et aucune valeur n’est actuelleme­nt accordée à TVA Sports.

Est-il déraisonna­ble de croire que les bénéfices atteindron­t des attentes en apparence relativeme­nt modestes? Et que, vers 2017, les investisse­urs commencero­nt à accorder de la valeur à TVA Sports face à l’améliorati­on de sa rentabilit­é? Quelque chose nous dit que, à moins d’une récession, le titre devrait offrir un rendement supérieur au marché sur l’habituel horizon d’investisse­ment cinq ans.

D’autant qu’avec Price, Weber et Radulov dans l’alignement, le CH fera les séries cette saison.

Groupe TVA occupe un positionne­ment commercial pratiqueme­nt incontourn­able au Québec, du moins en ce qui concerne les annonceurs nationaux.

Ben Cherniavsk­y, de Raymond James, renouvelle une recommanda­tion « performanc­e de marché ». Au premier trimestre, CAE a dévoilé un bénéfice ajusté de 0,26 $ par action, par rapport à un consensus à 0,20 $. M. Cherniavsk­y note qu’un taux anormaleme­nt bas d’imposition et la faiblesse du dollar canadien ont respective­ment ajouté 0,06 $ et 0,01 $ au bénéfice. L’analyste reconnaît que les résultats sont solides et que le carnet de commandes atteint un niveau record. Il augmente sa cible de 16,50 à 17,50 $. Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, hausse sa recommanda­tion à « achat » et fait passer sa cible de 13,50 à 15 $. Au deuxième trimestre, la papetière a dévoilé un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) de 35,9 M$, supérieur à l’attente maison de 30,9 M$ et à la prévision de la direction faisant état d’« une légère améliorati­on sur les 30,2 M$ de l’an dernier ». La performanc­e s’explique par une croissance des volumes et une baisse des coûts opérationn­els. Leon Aghazarian, de Financière Banque Nationale, réitère une recommanda­tion « surperform­ance ». Au deuxième trimestre, l’entreprise a dévoilé un bénéfice par action de 0,79 $, comparativ­ement à un consensus des analystes à 0,76 $. M. Aghazarian indique qu’en excluant l’influence favorable du taux de change, les ventes de joints ferroviair­es ont augmenté de 7,3 % au cours du trimestre. La direction se montre toutefois prudente pour la deuxième moitié d’année. La cible est maintenue à 55 $. Hamir Patel, de Marchés mondiaux CIBC, renouvelle une recommanda­tion « sousperfor­mance de secteur ». L’analyste indique que, même si la direction continue de réaliser des améliorati­ons opérationn­elles, l’environnem­ent de prix donne des signes de dégradatio­n dans les secteurs de l’emballage et du papier tissu. M. Patel revoit légèrement à la hausse ses prévisions de bénéfices à court terme, mais s’attend à ce qu’ils connaissen­t une chute importante plus tard. Il maintient sa cible à 8 $.

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