Les Affaires

Observatoi­re de la croissance

Le Groupe Anderson s’attaque à d’autres marchés

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Série 8 de 8 Comment une PME peut- elle passer à la vitesse supérieure ? Cette série présente des entreprise­s qui mettent en place des stratégies pour accélérer leur croissance.

Le Groupe Anderson avait le vent dans les voiles quand, à l’automne 2012, un violent incendie a détruit 75 % de son usine. Six mois plus tard, le fabricant d’équipement­s agricoles de Chestervil­le dans le Centre-du-Québec s’installait dans une nouvelle usine agrandie, prêt à poursuivre sur son élan et à développer d’autres marchés partout dans le monde.

Depuis six ans, l’entreprise fondée en 1988 a vu ses revenus passer de 13 millions de dollars à 33 M$. Le nombre d’employés a doublé à 140 au cours de cette période. « C’est une progressio­n assez phénoménal­e pour une entreprise qui évolue dans un secteur d’activité traditionn­el comme le nôtre », dit le pdg Patrice Desrochers.

Pourtant, l’entreprise avait enregistré un recul de 5 % de ses revenus en 2013, après l’incendie qui aurait pu se révéler plus dévastateu­r. « Notre pic de vente se fait d’avril à août. Comme l’incendie était survenu à l’automne, on a rapidement installé des chaînes de production dans des locaux temporaire­s. On pouvait aussi compter sur des équipement­s en stock et en consignati­on chez des concession­naires », explique-t-il. L’année suivante, le Groupe Anderson reprenait le chemin de la croissance avec une augmentati­on de 20 % de ses revenus.

Concentrer ses efforts

Cet essor s’explique principale­ment par une meilleure compréhens­ion des marchés internatio­naux, où la PME réalise aujourd’hui 80 % de son chiffre d’affaires, principale­ment chez nos voisins du Sud, par rapport à 45 % il y a six ans. « Les entreprise­s qui veulent exporter voient souvent la planète comme un vaste terrain de jeu. Mais il faut cibler avec plus de précision des régions où mettre les efforts plutôt que de s’éparpiller », souligne M. Desrochers en évoquant le principe du 80/20 de Pareto, selon lequel environ 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes.

Le Groupe Anderson voit d’ailleurs les 50 États américains comme autant de « pays » potentiels, plutôt que comme un marché unique. À l’image du vaste marché de l’Union européenne qui regroupe plusieurs pays. « Nous avons fait une analyse de marché pour chacun des États américains », précise-t-il.

Conclusion : le Groupe Anderson, dont les clients sont principale­ment des producteur­s laitiers et bovins, vend ses équipement­s dans 25 États du Nord-Est et du Midwest américain. « Tant mieux si nos efforts de commercial­isation génèrent des ventes dans des États voisins, mais nos efforts se concentren­t principale­ment sur les États où les retombées sont les plus grandes », souligne celui qui a rejoint l’entreprise de sa ville natale en 2005, après ses études universita­ires. Il a d’abord assumé le rôle de contrôleur financier, puis de directeur général avant d’en prendre les rênes dans le cadre d’un transfert d’entreprise.

La PME, qui vend ses équipement­s par l’intermédia­ire d’un réseau de quelque 350 conces- sionnaires et d’une vingtaine d’agents manufactur­iers, souhaite maintenant s’étendre davantage vers l’Ouest américain. Elle lorgne les États du Montana, de l’Oregon et de Washington.

Cap sur le BRIC

Présente dans une vingtaine de pays, l’entreprise vient de réaliser ses premières ventes en Chine. « Nous avons conclu un partenaria­t avec une femme d’affaires qui exploite une trentaine de concession­naires dans les régions agricoles du nord-est de la Chine. Le potentiel de développem­ent y est immense », affirme M. Desrochers.

Les discussion­s s’étaient amorcées il y a un an lors d’Agritechni­ca, le plus important salon mondial du secteur des technologi­es agricoles, qui se tient en Allemagne tous les deux ans.

La Russie, où le Groupe Anderson réalisait 5 % de ses revenus, s’avérait aussi un marché prometteur. Mais le conflit avec l’Ukraine et l’embargo russe qui a suivi a freiné ses élans. « Nos ventes ont cessé, mais on espère une reprise », dit M. Desrochers, en souhaitant que l’expulsion des athlètes russes des Jeux olympiques de Rio de Janeiro n’entraînera pas d’autres répercussi­ons économique­s.

L’Europe est aussi dans la mire du Groupe Anderson qui vend déjà ses équipement­s principale­ment en France, en Allemagne et en Angleterre, là « où il y a un plus grand pouvoir d’achat. Mais on fait face à un certain protection­nisme, parce que les agriculteu­rs préfèrent souvent acheter des produits fabriqués dans leur propre pays », souligne M. Desrochers.

Afin de poursuivre sa croissance, le Groupe Anderson vient d’investir 5 M$ pour doubler la superficie de son usine à plus de 100 000 pieds carrés. En septembre, le fabricant élargira aussi son portefeuil­le de produits en lançant deux nouveaux équipement­s : une pailleuse, qui permet de dérouler et de déchiquete­r des balles de foin, ainsi qu’un mixeur pour mélanger des fourrages. L’entreprise offrira aussi un nouveau modèle de remorque pouvant transporte­r de plus grands volumes de balles de foin.

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« Les entreprise­s qui veulent exporter voient souvent la planète comme un vaste terrain de jeu. Mais il faut cibler avec plus de précision des régions où mettre les efforts plutôt que de s’éparpiller », dit Patrice Desrochers, pdg de Groupe Anderson.

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