Les Affaires

Tout le monde se trompe à propos de BlackBerry

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc mcken

— La difficulté avec BlackBerry (Tor., BB, 10,23 $), le fameux fabricant déchu de téléphones intelligen­ts, est simple : encore aujourd’hui, on le considère d’abord comme un fabricant de téléphones intelligen­ts, puis comme un fournisseu­r de services de sécurité informatiq­ue. Pourtant, la réalité est tout autre…

Le jour où les actionnair­es, les investisse­urs et les médias spécialisé­s nettoieron­t leurs verres fumés, ils s’apercevron­t que pendant tout ce temps ils voyaient BlackBerry à l’envers. Ce jour-là, non seulement on comprendra mieux la pensée de son pdg John Chen, mais il se peut fort bien que la valeur boursière de la société de Waterloo se remette à grimper à bon rythme plutôt que de faire du surplace, comme c’est le cas depuis quatre ans. L’étoile montante de la sécurité mobile C’est en tout cas ce que pense un gestionnai­re de portefeuil­le canadien, qui s’est confié sous le couvert de l’anonymat. Et ce point de vue cadre avec l’actualité: à la fin de juillet, BlackBerry tenait son Sommet de la sécurité. Chen et son groupe de dirigeants y ont fait quelques annonces de taille, dont celle assurant à son groupe la gestion de tout le système d’alerte du Sénat américain.

On a ensuite appris que BlackBerry comptait offrir des outils de mobilité sécurisés par l’intermédia­ire de la plateforme Azure, de Microsoft, ce qui lui ouvre les portes du marché des applicatio­ns collaborat­ives et des applicatio­ns spécialisé­es destinées aux entreprise­s. De la Défense américaine au gouverneme­nt turc, BlackBerry continue d’aller chercher des clients du côté des systèmes sécurisés. Des contrats qui valent plusieurs millions de dollars.

Évidemment, BlackBerry continue d’offrir du soutien aux utilisateu­rs de ses téléphones et de son logiciel mobile. Bien qu’elle insiste pour dire qu’elle continue d’investir dans BlackBerry OS 10, le passage vers le système Android confirme que l’éponge est jetée de ce côté, et que l’énergie n’y est plus. La prochaine génération de combinés BlackBerry Android attendue à l’automne ou à l’hiver prochain pourrait bien être la dernière, celle qui permettra aux inconditio­nnels de la marque canadienne de faire la transition en douce vers Android, puis vers le fabricant d’appareils de son choix, sans arrêter d’utiliser les logiciels de BlackBerry.

Le DTEK50, un appareil qui vient d’être mis en vente au Canada au prix de 429$, est un pas dans cette direction. Le téléphone Android a une fiche technique peu originale, à l’exception des outils de sécurité signés BlackBerry. Le nom de l’appareil est affreux, mais met en relief les outils logiciels de sécurité de BlackBerry, appelés... DTEK.

C’est là où le gestionnai­re anonyme me glisse à l’oreille la prédiction suivante: cette transition pourrait prendre encore trois ans, mais si ça se produit comme prévu, ce qui semble fort probable – étant donné l’argent que la société a en poche et ses récentes acquisitio­ns –, la valeur de BlackBerry aura progressé beaucoup. Elle pourrait même alors faire l’objet d’une offre d’achat.

La valeur de BlackBerry n’est pas du côté des appareils mobiles, mais de celui de la sécurité mobile. Fine nuance. Que peu de gens pour le moment semblent réellement comprendre, mais qui pourrait valoir des milliards à John Chen et aux actionnair­es de l’entreprise ontarienne.

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