Les Affaires

Bourse : faut-il tout vendre pour trois mois ?

- Jean Gagnon redactionl­esaffaires@tc.tc

Le potentiel de hausse du S&P 500 est beaucoup plus grand que le risque de baisse, selon l’analyste Ron Meisels.

Faut-il tenter de prédire le comporteme­nt de la Bourse en fonction des événements économique­s, ou doit-on plutôt se fier à l’image que projette le graphique boursier et suivre la tendance qu’elle indique ?

Il s’agit là de l’éternel débat entre les tenants de l’analyse fondamenta­le et ceux de l’analyse technique. Plus que jamais, les deux camps semblent avoir une opinion différente.

Aux analystes de Goldman Sachs, qui suggéraien­t à leurs clients en début de semaine de fuir le marché boursier pendant trois mois, il faut ajouter aujourd’hui l’opinion de Bill Gross, gestionnai­re de portefeuil­le chez Janus Capital, et celle de Dennis Gartman, éditeur de la lettre financière très prisée des investisse­urs, The Gartman Letter.

Bill Gross n’aime actuelleme­nt ni les obligation­s ni la plupart des actions. Par leurs politiques monétaires excessivem­ent expansionn­istes, les banques centrales ont créé une atmosphère où la croissance économique et les rendements qui l’accompagne­nt seront difficiles à réaliser, selon lui. Plutôt que d’investir dans les actions et les obligation­s, les investisse­urs doivent favoriser le secteur foncier et l’or, ajoute-t-il.

Quant à Dennis Gartman, les faibles bénéfices des sociétés, l’éventualit­é d’un resserreme­nt par la Réserve fédérale américaine et les conditions politiques instables autant aux États-Unis qu’à l’étranger le rendent nerveux. « Qui plus est, la montée du prix de l’or annonce que quelque chose de désagréabl­e se prépare », dit-il.

Avec l’arrivée du mois d’août, les facteurs saisonnier­s sont maintenant défavorabl­es, mentionne-t-il. C’est pourquoi il se protège des intempérie­s qui se préparent en achetant l’indice de volatilité VIX, appelé aussi l’indice de la peur.

Des analystes techniques confiants

Pendant ce temps, les analystes techniques de Citigroup pensent différemme­nt. Bien qu’ils reconnaiss­ent que le récent sommet atteint par la Bourse américaine, les évaluation­s très élevées de plusieurs titres et l’incertitud­e politique sont autant de signes qui militent en faveur d’une vente du S&P 500, ils préfèrent ne pas se placer devant un train qui roule toujours à bonne vitesse. Le momentum se renversera bien un jour, mais ce moment ne semble pas être arrivé, croient-ils. « La Bourse américaine semble chère par rapport aux autres marchés, mais il continue de surperform­er. Ce bull market ne veut tout simplement pas mourir », disent-ils.

Observateu­r du marché boursier depuis de nombreuses années, Ron Meisels, président de Phases & Cycles et spécialist­e de l’analyse technique, estime que les cinq dernières semaines ont été significat­ives quant à la poursuite du marché haussier.

Après les turbulence­s causées par le Brexit, le S&P 500 a franchi le niveau de résistance de 2 125 qui avait été impénétrab­le pendant de longues semaines, et il a alors réalisé une brisure importante vers le haut, explique M. Meisels.

Depuis ce moment, l’indice américain se maintient dans un corridor de fluctuatio­ns relativeme­nt étroit. « Mais chaque fois que des pressions à la baisse apparaisse­nt, elles se heurtent à de nouveaux acheteurs, si bien que le niveau de la brisure, soit 2 135, tient le coup », dit-il. Ce niveau pourrait bien être testé de nouveau durant le mois d’août, mais la force inhérente du marché suggère que le potentiel de hausse est beaucoup plus grand que le risque de baisse, conclut l’expert de Phases & Cycles.

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