Alexandre Legault,
vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard, Allard et Associés
BANQUE TD Le vice-président et gestionnaire aime bien les titres de grandes banques canadiennes. Ceux-ci offrent en moyenne des rendements du dividende d’environ 4%. « Lorsqu’on regarde le rendement des obligations canadiennes de 30 ans, qui est d’environ 1,55%, celui des banques paraît fort attrayant », fait-il remarquer. L’une d’entre elles se démarque cependant à ses yeux: la Banque TD. M. Legault aime, entre autres, sa solidité et sa diversification. Elle a une forte présence aux États-Unis, d’où elle tire environ un tiers de ses revenus d’exploitation et où la croissance économique est plus forte. Selon lui, le titre se négocie à un prix accep-
durée, avec des renouvellements environ tous les trois mois. « Si les taux augmentaient, l’impact serait moindre, contrairement à d’autres titres obligataires. Ce qu’on aime du marché de ces prêts, c’est qu’ils offrent une exposition au marché américain. » Le gestionnaire d’Hexavest suggère comme fonds de prêts bancaires celui d’Horizons. La gestion active du FNB HSL, négociée sur le S&P/TSX, est effectuée par l’équipe d’une société de gestion de placements québécoise spécialisée en revenu fixe, AlphaFixe Capital. Les frais de gestion de ce produit financier sont de 0,83%. table, compte tenu de l’historique de sa valeur comptable ( book value), et en deçà de l’historique de son ratio cours/ bénéfice. Du point de vue bancaire, il ne voit pas une éventuelle augmentation des taux d’intérêt comme une mauvaise chose. « La TD est une banque très présente en matière de gestion d’actifs. » Il croit que le détenteur de l’action pourra profiter d’une possible hausse des revenus et du dividende. « Son historique de bonification du dividende est inscrit dans le temps. » La Banque TD a d’ailleurs récemment augmenté son dividende de 8%, une hausse de 0,04$ par trimestre. Le dividende annuel est de 2,20$.
MAGNA INTERNATIONAL
M. Legault considère que le titre de Magna International, un des leaders dans la fabrication de pièces automobiles, est sous-évalué. « Il se négocie actuellement en deçà de 8 fois les bénéfices de l’an passé et de 1,5 fois sa valeur comptable. » Le vice-président d’Allard, Allard et Associés aime son bilan impeccable et les importants flux de trésorerie générés. « La classe moyenne est en expansion à l’échelle planétaire, plus de voitures se construisent. C’est un secteur qui connaît toujours un essor. Demain, il y aura encore des automobiles, qu’elles soient propulsées à l’aide d’énergies fossiles ou d’autre chose; donc, on devra fabriquer des pièces. » La société ontarienne verse un dividende annuel de 1$, soit 0,25$ par trimestre. Magna a augmenté celui-ci en février dernier pour une sixième année consécutive. Il est passé de 0,88$ à 1$, une augmentation de 14%. ACTIONS PRIVILÉGIÉES DE LA BANQUE TD Un autre actif attrayant pour M. Crête, dans le contexte actuel, est celui des actions privilégiées canadiennes. « Cette catégorie d’actifs a été sous pression au cours de la dernière année, voire des 18 derniers mois, en raison de la baisse des taux d’intérêt. » Dans un environnement où son équipe estime que les taux d’intérêt pourraient augmenter, il favorise les actions privilégiées avec un coupon variable. « Si le taux monte, le coupon de ces actions pourrait être revu à la hausse. Le risque, c’est que l’entreprise rachète ses actions. Le cas échéant, l’attente aura néanmoins été payante pour le détenteur avec des rendements moyens d’environ 5%. » Dans cette perspective, il favorise les actions privilégiées d’une banque canadienne comme la Banque TD. « Elle a une plus forte présence aux États-Unis, et elle est relativement moins exposée à l’industrie du pétrole. » Le gestionnaire de portefeuille mentionne les actions privilégiées de la TD émises en janvier dernier. Leur coupon trimestriel est de 5,5% (annualisé) jusqu’à l’échéance en 2021. Il spécifie que le coût de l’action privilégiée est actuellement plus élevé que le prix auquel l’action pourrait être éventuellement rachetée par la banque (25 $). Le rendement potentiel à l’échéance est donc de 4,95 %, soit un peu moins élevé que celui du coupon. ROCHE HOLDINGS ADR Du côté des actions ordinaires, le gestionnaire d’Hexavest aime particulièrement le secteur de la pharmaceutique, qui profitera du vieillissement de la population et de la croissance économique dans les pays émergents. « On pense qu’une grande société comme Roche Holdings – située en Suisse, qui est un leader mondial dans la recherche et développement de thérapies contre le cancer et de traitements contre l’Alzheimer –, devrait fort bien performer dans le contexte. » Il mentionne qu’une étude récente produite par l’Alzheimer’s Association révélait que cette maladie pourrait coûter 20 billions de dollars aux États-Unis au cours des 40 prochaines années. « Roche verse actuellement un dividende d’un peu plus de 3% et a été en mesure d’augmenter celui-ci plusieurs années de suite, même durant la crise de 2008-2009 », souligne-t-il. Il signale que ce dividende est fort bien protégé grâce à des marges bénéficiaires qui sont presque de 40%. De plus, le faible niveau d’endettement jouera en sa faveur en cas de hausse des taux. « Roche devrait avoir une meilleure profitabilité de ses opérations. On pense donc que son titre pourrait être une bonne option pour un DREAM OFFICE REIT Un titre de fiducie immobilière, dont plus de 45% des opérations ont lieu dans des immeubles de bureaux de l’agglomération torontoise – et 18% à Calgary. « Ce choix peut sembler anticonformiste devant l’imminence d’une hausse des taux d’intérêt. En théorie, c’est vrai. Mais une partie de l’inflation peut être transférée au renouvellement des baux », explique le gestionnaire de portefeuille. Il reconnaît que l’action a été particulièrement malmenée cette dernière année. « Elle se négocie à environ 19$, alors que le sommet de la dernière année était à 25$. Au milieu de 2014, on était à presque 30$ », dit-il. M. Legault précise que le titre s’échange actuellement à 60% de la valeur des bâtiments. « Le taux d’occupation est élevé. Les dirigeants ont été très proactifs en ce qui a trait au renouvellement des baux venant à échéance. C’est l’un des titres de fiducie immobilière qui se négocie le plus au rabais. » Malgré une réduction du dividende en février dernier, le titre de Dream Office offre toujours un important rendement. SUNCOR Une suggestion jugée « en dehors des sentiers battus », étant donné le contexte actuel. Il estime que le cours de l’action de la pétrolière canadienne est abordable par rapport à l’historique de sa valeur comptable (environ 1,3 fois). M. Legault estime que Suncor est une société qui a les reins solides, comme en fait foi sa résilience lorsque les prix du baril de pétrole chutaient. « Elle a même augmenté son dividende en 2015 », souligne-t-il. « Le fait investisseur à la recherche de bons rendements. » EMERA Peu connue au Québec, Emera est une société néo-écossaise de services aux collectivités. Celle-ci a récemment fait l’acquisition de Teco Energy et a dorénavant une solide présence en Floride et au Nouveau-Mexique. « Cela fera en sorte que plus de 80% des bénéfices proviendront de leurs activités réglementées. À long terme, cela procure une certaine stabilité des bénéfices, même en cas de hausse des taux d’intérêt. » Emera prévoit procéder à une émission d’actions d’ici la fin de l’année. « L’investisseur pourrait donc attendre un peu pour avoir un meilleur point d’entrée. Cela dit, le titre a sous-performé l’ensemble de l’industrie, et nous croyons que la future émission d’actions se reflète en partie déjà dans le cours actuel. » Emera verse à ses actionnaires un dividende trimestriel de 0,52$, soit 2,08$ annuellement. qu’elle soit intégrée dans la chaîne de production et de distribution la protège davantage par rapport aux fluctuations du prix du pétrole. » Selon lui, un sain bilan financier a permis à Suncor de faire des acquisitions à des prix intéressants pendant que d’autres concurrents éprouvaient des difficultés. Il mentionne les achats de Canadian Oil Sand et de Murphy’s Oil qui avaient chacune des participations dans Syncrude, ce qui fait aujourd’hui de Suncor l’actionnaire majoritaire de Syncrude. « C’est une des sociétés qui sortiront gagnantes de cette période de turbulences liées au prix du pétrole. » M. Legault est d’avis qu’un retraité, dont l’espérance de vie est de plus de 20 ans, a amplement le temps de voir la situation de l’or noir s’améliorer. Il rappelle que le dividende attrayant de Suncor facilite la patience.