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La meilleure façon d’investir en Europe

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a meilleure façon d’investir en Europe, dans le contexte qui prévaut depuis le Brexit, est de se concentrer sur d’excellente­s sociétés dont les activités sont d’envergure mondiale. C’est là l’opinion de Michael Hatcher, gestionnai­re du Fonds Trimark, dont la pondératio­n en titres européens oscille autour de 20%.

« Nous cherchons des sociétés de haute qualité qui génèrent des flux de trésorerie élevés et récurrents à l’échelle mondiale, comme Unilever et Nestlé, deux sociétés en portefeuil­le, dit M. Hatcher. Par exemple, Nestlé tire moins de 1% de ses revenus de la Suisse, où se trouve son siège social, le reste provenant de ses activités mondiales. Ce n’est pas une société eurocentri­que.

« Pour sa part, Diageo, une société britanniqu­e, est la plus importante entreprise d’alcools et de spiritueux du monde, ajoute-t-il. Les problèmes économique­s européens n’ont pas d’impacts majeurs sur ses franchises. Par exemple, le scotch est produit en Écosse; les coûts de production sont en livres sterling, mais les revenus sont mondiaux. La dévaluatio­n de la livre sterling dans la foulée du Brexit est positive pour leur rentabilit­é, et cela, même si l’économie du Royaume-Uni en subit les contrecoup­s. »

Notons que le nouveau fonds négocié en Bourse (FNB) WisdomTree d’actions européenne­s couvert ( HEDJ, 53,21$ US) ne sélectionn­e que des sociétés dont plus de 50% des revenus sont réalisés à l’extérieur de l’Europe.

Les récents rapports des directeurs d’achats (PMI) Markit ont montré que la zone euro a été capable d’absorber le choc initial du vote pour le Brexit. En revanche, l’économie du RoyaumeUni a décéléré, au point où la Banque d’Angleterre a abaissé son taux directeur à 0,25% et a augmenté ses injections de liquidités pour tenter d’empêcher la contractio­n de se transforme­r en récession. Elle a aussi abaissé de 2,3% à 0,8% sa prévision de croissance en 2017.

Perte de confiance des investisse­urs

À plus long terme, toutefois, la situation géopolitiq­ue, démographi­que et économique de l’Europe demeure problémati­que. La politique monétaire de taux d’intérêt négatifs montre à quel point la situation y est difficile, en particulie­r pour les banques. L’indice Euro Stoxx Banks a reculé de 52% entre son sommet d’avril 2015 et son creux de juillet. Les investisse­urs ont perdu confiance dans leur capacité à augmenter leurs bénéfices dans un contexte de taux très faibles et d’une économie atone. La situation des banques italiennes est préoccupan­te, alors que 17 % des prêts qu’elles ont consentis seraient improducti­fs.

Pour certains, la possibilit­é d’une crise du crédit en Europe reste forte. « Nous ne détenons aucun titre de banque européenne dans le Fonds Trimark, et nous maintenons ce point de vue depuis plusieurs années, dit M. Hatcher. Leur niveau de risque demeure élevé pour l’avenir. Nous disons aux investisse­urs depuis cinq ans déjà que la sortie de crise sera un long exercice, car l’Union européenne n’est qu’une union monétaire souple sans une union fiscale comme aux États-Unis, par exemple. Évidemment, la sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’Union européenne n’aide pas les choses. Le fait que tous les pays doivent être d’accord pour mettre en place une politique commune empêche l’Europe de réagir rapidement à ses problèmes. C’est pourquoi la lente croissance économique des dernières années devrait se poursuivre au cours des trois à cinq prochaines années. Je ne vois pas de changement­s majeurs, eu égard aux récents événements. »

Des investisse­urs axés sur la recherche d’aubaines trouvent néanmoins des titres attrayants en Europe. C’est notamment le cas de la société Beutel Goodman, dont le Fonds concentré d’actions mondiales et le Fonds mondial de dividendes détenaient respective­ment 52,44% et 57,78% de leur actif net en actions européenne­s au 31 juillet, selon Morningsta­r.

Le FNB BMO MSCI Europe de haute qualité couvert en dollars canadiens ( ZEQ, 18,16$) a dégagé le meilleur rendement pour l’année terminée le 31 juillet parmi tous les fonds d’actions européenne­s disponible­s au Canada, soit 3,25%. Le fonds tente de reproduire le rendement de l’indice MSCI Europe de qualité. Les sociétés qui le composent ont un rendement des capitaux propres élevé, une croissance stable des bénéfices d’une année à l’autre et un faible niveau d’endettemen­t. Ces critères rejoignent ceux de Michael Hatcher. C’est pourquoi ZEQ ne détenait que 3,2% en titres du secteur financier au 22 août.

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