Les Affaires

Une démarche éprouvée au MBAM

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Le Musée des beaux-arts de Montréal a tiré profit de son expérience pour le projet du Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein.

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a beaucoup construit au cours des 25 dernières années, et il en a tiré des leçons. Ces expérience­s lui ont permis de mettre en place de bonnes pratiques pour la réalisatio­n de son plus récent joyau, le Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein. Un chantier qui aura coûté 18,5 millions de dollars et qui aura été réalisé selon l’échéancier prévu. Le Pavillon sera inauguré le 9 novembre prochain.

Entamée au printemps 1989, la constructi­on du Pavillon Jean-Noël Desmarais reposait sur le mode de réalisatio­n classique « clés en main », selon lequel un entreprene­ur soumission­ne l’ensemble du projet. Un mode que Paul Lavallée, directeur de l’administra­tion du MBAM, juge lourd et coûteux. Dans cette démarche bien connue, l’entreprene­ur jugule ses risques en se dégageant une marge de profit assez importante. « C’est coûteux, et il y a un réel risque de perte de contrôle », juge le directeur.

Contôler les coûts

Lors de la constructi­on du Pavillon Claire et Marc Bourgie, inauguré en 2011, le MBAM opte donc pour une autre démarche : le Musée embauche les profession­nels et l’entreprene­ur, et reste le maître d’oeuvre tout au long du chantier. Les divers profession­nels sont par ailleurs engagés très tôt dans le projet.

Le MBAM apprécie tellement la démarche qu’il n’hésite pas à la choisir de nouveau pour la constructi­on du Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein. « Cette façon de faire permet de contrôler les coûts, ce qui est particuliè­rement important pour un organisme à but non lucratif, mais elle assure aussi la possibilit­é de faire des changement­s architectu­raux en cours de route », explique Paul Lavallée.

Dans le cas du Pavillon pour la paix, par exemple, le jardin extérieur projeté est devenu une salle intérieure afin de maximiser l’espace. Le fini extérieur prévu a aussi été modifié. Le projet prévoyait installer une pierre sur des bâtonnets d’aluminium, mais cela s’est révélé trop risqué. Lors d’une démarche classique clés en main, une fois les plans et devis remis à l’entreprene­ur, il est ardu de faire de tels changement­s sans encourir le risque de payer des extras, ce qui vient alors grever le budget.

La gérance de constructi­on permet aussi d’entreprend­re le projet avant que les plans ne soient complèteme­nt finalisés. Cela a été le cas pour les travaux de démolition et d’excavation, et la réalisatio­n du chantier s’en est trouvée accélérée. La constructi­on a pu démarrer dès novembre 2014 pour se terminer en février 2016.

Une collaborat­ion étroite

Pour réaliser le concept de ce pavillon, le MBAM a misé sur les firmes d’architecte­s Jodoin Lamarre Pratte architecte­s ainsi qu’Atelier TAG. Deux partenaire­s habitués à travailler ensemble, puisqu’ils en étaient à leur quatrième projet commun.

TAG, un petit cabinet d’une dizaine de personnes, est reconnu pour ses qualités de concepteur. Jodoin Lamarre Pratte, où travaillen­t 80 personnes, fait jouer son expertise dans la réalisatio­n technique, la supervisio­n de chantier, l’analyse des risques, en plus de contribuer à la conceptual­isation.

Les défis particulie­rs : comme il s’agissait d’une extension, il fallait que les systèmes mécaniques (chauffage, électricit­é, etc.) du nouveau pavillon puissent se raccorder à ceux des anciens pavillons et fonctionne­r avec eux. Il fallait aussi que l’apparence esthétique ne tranche pas trop avec celle du Musée, tout en présentant un aspect original. De plus, le chantier était assez exigu en raison de sa présence en milieu urbain.

Nicolas Ranger, architecte et associé chez Jodoin Lamarre Pratte, apprécie particuliè­rement la méthode intégrée et la gérance de constructi­on, les modes de réalisatio­n retenus par le MBAM. Sa firme les avait déjà utilisées, par exemple, lors du projet de pavillon des soins critiques de l’Hôpital général juif. « Chaque mode de réalisatio­n peut avoir ses avantages et ses inconvénie­nts, en fonction des budgets, des échéancier­s, de la qualité que l’on veut atteindre, dit-il. Il s’agit de savoir choisir celui qui est le mieux adapté au projet. »

La démarche a permis de respecter le budget et l’échéancier, notamment en raison de la participat­ion précoce de l’entreprene­ur général dans le projet. Il a donc pu contribuer dès le début. « Cela a eu un impact positif sur la qualité de la réalisatio­n, puisque l’entreprene­ur comprenait très bien les enjeux de conception et les éléments qu’il fallait superviser de plus près sur le chantier », illustre M. Ranger.

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La constructi­on du Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein a coûté 18,5 millions de dollars et a été réalisée selon l’échéancier prévu. Le pavillon sera inauguré le 9 novembre.

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