Les Affaires

Pièces d’autos Langevin a pris les devants Testez vos connaissan­ces sur le RVER

- Nathalie Vallerand

Avec ses 17 employés, Pièces d’autos Langevin doit se conformer à la Loi sur les régimes volontaire­s d’épargne-retraite (RVER) d’ici le 31 décembre 2017. Mais Manon Sylvestre, la copropriét­aire de la petite entreprise de Marieville, a préféré faire le saut bien avant.

« Je n’avais pas envie d’être à la dernière minute pour choisir un régime de retraite, dit celle qui est associée en affaires à son conjoint, JeanPierre Allie. Je voulais prendre le temps de réfléchir et de faire les choses correcteme­nt. »

Sa conseillèr­e en assurance et rentes collective­s, Johanne Sylvestre, l’a orientée vers un RVER, le nouveau régime mis en place par la loi. Ce produit convient bien aux petites entreprise­s qui peuvent ainsi offrir à leurs employés un régime dont les frais de gestion sur les placements sont peu élevés, selon elle.

« L’employeur n’est pas obligé de cotiser pour son personnel, mais s’il le fait, ses contributi­ons ne sont pas assujettie­s aux taxes salariales, comme c’est le cas avec un REER collectif, précise la conseillèr­e. De plus, les employés sont libres de participer ou non. Ils peuvent aussi suspendre leurs cotisation­s, par exemple s’ils vivent une période difficile sur le plan financier. »

Avec le RVER toutefois, les cotisation­s patronales, s’il y en a, sont immobilisé­es. « Certaines entreprise­s préfèrent cela, car elles souhaitent que l’argent qu’elles donnent aux employés pour leur retraite serve à cette fin, dit Johanne Sylvestre. Mais d’autres aiment moins ça. Elles se disent que, si leurs employés ont un coup dur, ce serait bien qu’ils puissent toucher l’argent. »

Pièces d’autos Langevin a adhéré au RVER d’IA Groupe financier (Industriel­le Alliance) principale­ment parce que ses frais de gestion sur les placements ainsi que ses frais de transfert figurent parmi les plus bas des neufs RVER sur le marché.

« Si un jour l’employeur veut transférer son régime ailleurs, il devra payer au maximum 500 $, indique Johanne Sylvestre. Dans d’autres RVER, les frais de transfert sont plus substantie­ls, car ils ne sont pas plafonnés. »

Le RVER d’IA Groupe financier est aussi l’un des rares à inclure des placements garantis parmi ses options de placement à la carte. Une particular­ité qui a aussi fait pencher la balance en sa faveur. « Bien sûr, le rendement de ce type de produit est très faible, convient la conseillèr­e. Mais c’est quelque chose qu’on me demande parfois. Certaines personnes ne veulent prendre aucun risque avec leurs économies ».

Manque d’intérêt des travailleu­rs

Même si la participat­ion au RVER est facultativ­e, l’employeur doit inscrire tous les employés de 18 ans et plus qui comptent au moins un an de service. « Ce n’est pas compliqué, constate Manon Sylvestre, mais c’est un peu long la première fois, car j’ai dû entrer les coordonnée­s de plusieurs personnes. »

Les employés disposent ensuite de 60 jours pour décider s’ils restent dans le régime. Tous les travailleu­rs de Pièces d’autos Langevin qui étaient admissible­s se sont retirés. Un résultat qui a déçu leur patronne, mais qui s’est vu aussi dans d’autres entreprise­s ayant adhéré à un RVER. « J’étais enthousias­te à l’idée d’offrir un régime de retraite, dit Mme Sylvestre, mais l’intérêt n’était pas au rendez-vous. Chacun a ses raisons de ne pas participer. »

L’entreprene­ure continue toutefois de croire à la pertinence du RVER. « Avec la retenue sur la paie, les employés peuvent épargner sans trop s’en apercevoir, souligne-t-elle. Les cotisation­s sont déductible­s du revenu imposable, et l’économie d’impôt est immédiate. Comme employeur, c’est une façon d’aider les employés à épargner. »

D’ailleurs, comme les règles du RVER l’y obligent, elle inscrira automatiqu­ement ses nouveaux employés dès qu’ils atteindron­t une année de service. « Certains finiront sûrement par participer. »

Une bonne façon pour un employeur d’inciter ses employés à participer, c’est évidemment de contribuer lui-même à leur cagnotte de retraite. Manon Sylvestre accueille favorablem­ent cette possibilit­é. « Cela permettrai­t de motiver la main-d’oeuvre et de favoriser sa rétention », souligne-t-elle. clues, la loi s’applique. « Certaines grandes entreprise­s ainsi que des municipali­tés ont adhéré à notre régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) pour des employés qui n’étaient pas admissible­s à leur régime existant », donne en exemple Luc Grandchamp, associé chez Morneau Shepell. Les entreprise­s dans cette situation peuvent étendre le régime existant aux employés actuelleme­nt exclus ou en établir un autre exprès pour eux.

Les PME qui franchisse­nt cette année le cap des 20 employés visés doivent implanter un régime de retraite d’ici le 31 décembre 2016.

Faux. Pour ces entreprise­s, le dénombreme­nt des employés est fixé au 30 juin 2016. Seules celles qui avaient 20 employés visés à cette date doivent respecter l’échéance du 31 décembre prochain. Les PME qui ont atteint ce seuil après

le 30 juin ont quant à elles jusqu’au 31 décembre 2017 pour souscrire à un régime, soit la même échéance que les entreprise­s de 10 à 19 employés. Par contre, si une entreprise avait 20 employés au 30 juin et que son effectif a diminué depuis, elle reste soumise à l’exigence d’adhérer à un régime avant la fin de l’année. Les travailleu­rs à temps partiel sont admissible­s au régime de retraite. Vrai. Les entreprise­s sont dans l’obligation d’offrir un RVER ou un autre type de régime aux employés à temps partiel d’âge majeur comptant au moins un an de service continu. Il en est de même avec les travailleu­rs saisonnier­s. Toutefois, dans leur cas, l’année de service continu ne se calcule pas en mois. On prend plutôt en considérat­ion l’intention des parties. Si un employé travaille seulement l’hiver et revient chaque année, il doit avoir la possibilit­é de se prévaloir du régime. Même si aucun employé n’a l’intention de participer au régime, les entreprise­s doivent en établir un quand même. Vrai. Les entreprise­s sont tenues d’implanter un RVER, un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) ou un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) collectif avec retenues sur le salaire ou encore un régime de pension agréé. Et ce, même si cette mesure ne suscite aucun intérêt chez les travailleu­rs. Si l’entreprise opte pour un RVER, elle devra, tous les deux ans, relancer les employés qui ont renoncé à y participer.

Avec le RVER, les cotisation­s patronales sont obligatoir­es.

Faux. C’est facultatif. « Dans un marché du travail concurrent­iel, la participat­ion de l’employeur au régime de retraite favorise toutefois le recrutemen­t et la rétention de la main-d’oeuvre », affirme Gaétan Veillette, du Groupe Investors. Les entreprise­s qui cotisent peuvent établir le taux de leur choix. Les employés également, mais ils peuvent aussi opter pour le taux par défaut : 2 % du salaire brut jusqu’à la fin de 2017, 3 % en 2018 et 4 % en 2019. Les entreprise­s qui ne se seront pas conformées à la loi à temps seront passibles d’une amende. Vrai. Elles s’exposent à une amende de 500 à 10 000 $ et devront régularise­r leur situation en adhérant à un régime d’épargne-retraite. « Si votre échéance est le 31 décembre, ne tardez pas à vous pencher sur la question, recommande Gaétan Veillette. En décembre, il faudra attendre son tour pour être accompagné par un conseiller. Les retardatai­res risquent de manquer de temps pour analyser leurs besoins et devront se replier sur le RVER en y adhérant par Internet, sans conseil. » Certains regroupeme­nts d’entreprise­s ont leur propre RVER. Faux. Les associatio­ns peuvent suggérer le RVER d’un gestionnai­re de régime à leurs membres. Mais il est impossible de le personnali­ser, car les gestionnai­res doivent offrir le même RVER aux mêmes conditions à tous leurs clients. « Il est interdit notamment de consentir un rabais sur les frais de gestion, indique Frédéric Lizotte, porte-parole de Retraite Québec. Par contre, le gestionnai­re peut offrir des mesures incitative­s accessoire­s au RVER en y jumelant d’autres services ou d’autres produits. » Par exemple, Morneau Shepell offre aux entre- prises membres de la Fédération canadienne des entreprise­s indépendan­tes son RVER, combiné à un REER et à un CELI. « Une fois l’an, les employés pourront transférer leurs épargnes du RVER vers le REER ou le CELI afin de bénéficier de frais de gestion plus bas, explique Luc Grandchamp. Ils pourront aussi, en tout temps, épargner dans le CELI pour faire fructifier leur argent à l’abri de l’impôt. »

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