Tugliq : en attendant le Nord, le monde
L’entreprise montréalaise Tugliq, qui se spécialise dans les solutions énergétiques des régions nordiques, souhaite profiter d’une éventuelle production de gaz naturel en Gaspésie pour approvisionner le Nord québécois en GNL. Elle a plutôt demandé, à la fin d’août, à l’Office national de l’énergie l’autorisation de l’exporter. Comme quoi la transition vers le GNL est peut-être plus lente que prévu dans les régions éloignées, pour lesquelles les produits pétroliers restent encore le choix le plus économique.
« Le prix du baril de pétrole reste sous les 50 dollars américains, et celui des ressources naturelles est au plus bas, donc il n’y a pas d’investissement dans la conversion au GNL, a déploré le président de Tugliq, Laurent Abbatiello. Les huiles lourdes sont tellement peu chères qu’elles peuvent maintenant remplacer l’électricité. Donc, on continue à brûler des huiles lourdes. »
M. Abbatiello assure toutefois que son objectif ultime reste le Nord. Mais avec l’ouverture au marché atlantique, le gaz naturel gaspésien risque-t-il de ne plus être disponible lorsque la demande locale se fera plus forte, sur la Côte-Nord ou dans le Nord-du-Québec ?
« Le marché local offre toujours un prix premium, a-t-il répondu. On travaille nos ententes à l’international de façon à pouvoir répondre à la demande au Québec. On maintient l’objectif de remplacer le diesel dans le Grand Nord et sur la Côte-Nord. Donc, est-ce que c’est possible [qu’il ne soit plus disponible] ? Oui. Mais les probabilités sont très faibles, car ce n’est pas dans cet esprit qu’on développe nos ententes à l’international. » — A. DION-ORTEGA Gaz Métro a mené cet été des essais de conversion de biomasse forestière en gaz naturel, en collaboration avec l’entreprise G4 Insights, au Centre des technologies du gaz naturel de Boucherville. « Ça a permis de prouver que c’était possible », a mentionné Mme Houde, conseillère, médias et affaires publiques chez Gaz Métro. « La suite, c’est de construire une mini-usine pour tester la technologie de façon quotidienne, et après, on pourra avoir une vraie filière. » Le procédé thermochimique, appelé « hydrogénation pyrocatalytique », devrait être testé dans le cadre d’un projet-pilote de plus grande envergure et qui permettra de générer des volumes plus importants.
Du côté de Rivière-du-Loup, Gaz Métro a annoncé en avril le déploiement d’une nouvelle station de ravitaillement sur sa Route bleue, qui en offre déjà sept aux transporteurs convertis au GNL. Cette huitième station devrait à terme offrir exclusivement à ses clients du biométhane issu de l’usine locale de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-duLoup. Celle-ci prévoit produire environ 3,5 millions de litres de biométhane liquéfié par an. — A. DION-ORTEGA