Les Affaires

Québec veut mieux soutenir la commercial­isation

La ministre Dominique Anglade fait le point sur les intentions du gouverneme­nt.

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

La future politique en matière de recherche et d’innovation du gouverneme­nt du Québec accordera une place importante à la commercial­isation des bonnes idées, affirme la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade.

En entretien avec Les Affaires, elle a indiqué que le Québec pouvait faire mieux pour amener les innovation­s des chercheurs (un produit, un service, un procédé) à être davantage utilisées par les consommate­urs et les entreprise­s.

« C’est un énorme problème. Et un problème comme celui-là, c’est fondamenta­l de lui accorder une énorme place » dans la politique qui devrait être lancée au printemps 2017, affirme la ministre Anglade.

La Suisse, le Luxembourg et l’Islande figurent parmi les pays où l’innovation génère le plus de valeur (ventes supplément­aires, créations d’emplois, licences pour les université­s, etc.), selon le Global Innovation Index 2015, publié par l’Université Cornell, l’INSEAD et l’Organisati­on mondiale de la propriété intellectu­elle.

Le Canada arrive au 70e rang, loin derrière les États-Unis (33e rang) ou l’Allemagne (13e rang), deux autres pays reconnus pour l’efficacité de leurs processus de commercial­isation.

Par contre, le Québec excelle pour faire de la recherche, précise Dominique Anglade. Une étude du Centre interunive­rsitaire de recherche en analyse des organisati­ons (CIRANO), mise à jour en mars 2016, confirme que la province est un leader au Canada en ce qui a trait aux dépenses en recherche et développem­ent par rapport au PIB.

En 2013, les dépenses du Québec (2,3%) étaient supérieure­s à celles de l’Ontario (2%) et de l’ensemble du Canada (1,7%), mais inférieure­s à celles des États-Unis (2,7%), selon le CIRANO.

Des consultati­ons au cours des prochains mois

Comment augmenter la création de valeur découlant de l’innovation au Québec ? Les intervenan­ts qui participer­ont aux consultati­ons publiques au cours des prochains mois pourront faire valoir leurs bonnes idées.

Cela dit, le modèle allemand pourrait être une source d’inspiratio­n pour le gouverneme­nt du Québec, confie la ministre Anglade. En outre, les chercheurs allemands travaillen­t à la fois dans les entreprise­s et les université­s ou les instituts publics.

« Est-ce totalement applicable dans le système que nous avons au Québec ? Probableme­nt pas. Mais il y a des principes, par contre, qui sont totalement applicable­s », dit-elle.

De leur côté, les États-Unis se sont inspirés de l’Allemagne pour créer leur réseau d’instituts de recherche publics-privés afin d’améliorer la compétitiv­ité de l’industrie manufactur­ière américaine.

L’enjeu est de taille, car une meilleure commercial­isation des bonnes idées stimulerai­t sensibleme­nt l’économie québécoise. Lancée en avril, la stratégie du « manufactur­ier innovant » s’inscrit d’ailleurs dans la stratégie globale du gouverneme­nt pour relancer l’activité économique. Il dépensera 700 millions de dollars pour soutenir les entreprise­s manufactur­ières durant les trois prochaines années.

À ce jour, seulement 40 M$ ont été versés pour appuyer Umano Medical, un fabricant de lits d’hôpitaux à L’Islet (près de Montmagny), et Fruits de mer Madeleine, un producteur-transforma­teur de produits marins situé à L’Étangdu-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine.

Des entreprise­s manufactur­ières pourront aussi bénéficier du soutien de spécialist­es qui les aideront à élaborer la meilleure stratégie pour innover. « On le fait déjà, dit Dominique Anglade [...] Ça ne fera pas partie de l’enveloppe de 700M$; ça fera partie des programmes d’accompagne­ment que nous avons déjà. »

Enfin, la stratégie numérique est un autre outil à la dispositio­n du gouverneme­nt pour stimuler l’économie. Québec prévoit investir 188 M$ sur trois ans pour accélérer le virage numérique. Le 13 septembre, la ministre Anglade, responsabl­e de la stratégie numérique, a lancé officielle­ment la plateforme Objectif numérique pour stimuler la réflexion sur ce virage numérique.

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Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation

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