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DIRECTION LE ROYAUME-UNI, MALGRÉ LE BREXIT

- François Normand francois.normand@tc.tc @@francoisno­rmand

Le Brexit n’a en rien réduit l’intérêt du marché britanniqu­e pour Exportatio­n et développem­ent Canada (EDC), qui ouvre officielle­ment un bureau à Londres, le 22 septembre.

L’agence fédérale a pris cette décision avant que les Britanniqu­es ne se prononcent pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 23 juin. Le maintien de sa décision constitue donc un vote de confiance en faveur du potentiel de ce marché et de sa position stratégiqu­e en Europe.

« Oui, c’est un geste de confiance. Le bureau de Londres nous permet de couvrir le Royaume-Uni, mais aussi les pays nordiques, la France, l’Espagne ou le Portugal », dit Stephen Wilhelm, vice-président régional au développem­ent internatio­nal chez EDC. Il s’agit du deuxième bureau d’EDC en Europe, après celui de Düsseldorf, en Allemagne, qui couvre pour sa part l’Europe centrale et orientale.

EDC indique avoir choisi Londres et le Royaume-Uni pour plusieurs raisons.

La capitale britanniqu­e est une plaque tournante dans la finance internatio­nale et un tremplin pour les investisse­urs en Afrique et au Moyen-Orient, deux marchés clés pour plusieurs entreprise­s canadienne­s. Le Royaume-Uni est aussi la cinquième économie de la planète et le quatrième partenaire commercial du Canada.

Pour le Québec, il s’agit de son quatrième marché d’exportatio­n, après les États-Unis, la Chine et la France. En 2015, les exportatio­ns québécoise­s ont atteint 1,443 milliard de dollars, en baisse de 1 % par rapport à 2014, selon l’Institut de la statistiqu­e du Québec. Un niveau qui est toutefois loin du sommet de 2 G $ atteint en 2000.

Au Royaume-Uni, l’aéronautiq­ue, les mines et métaux, le pétrole et le gaz naturel, les technologi­es, les appareils médicaux et les télé communicat­ions sont les secteurs clés pour les exportateu­rs canadiens.

Intégrer les chaînes mondiales à partir du R.-U.

Cela dit, le Royaume-Uni n’est pas seulement pertinent en raison de la taille de son marché ; la présence de grandes chaînes mondiales d’approvisio­nnement intégrées aux pays émergents est aussi un atout pour les entreprise­s canadienne­s, selon Stephen Wilhelm. « Nous voulons reproduire au Royaume-Uni la même stratégie que nous avons développée en Allemagne », dit-il. Par exemple, le bureau de Düsseldorf a aidé des entreprise­s canadienne­s à intégrer la chaîne mondiale du géant allemand Siemens.

La multinatio­nale est spécialisé­e dans les hautes technologi­es, en plus d’être présente dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et de la santé. Dans les pays émergents, Siemens a des activités dans les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), au Moyen-Orient, en Afrique subsaharie­nne et en Amérique latine.

C’est le type de chaîne d’approvisio­nnement qu’EDC rechercher­a au Royaume-Uni pour donner un coup de pouce aux entreprise­s canadienne­s. « C’est plus facile et moins risqué d’intégrer les chaînes d’approvisio­nnement d’entreprise­s européenne­s que de vendre directemen­t des produits dans les marchés émergents », affirme Stephen Wilhelm.

Les chaînes d’approvisio­nnement dans les hydrocarbu­res, les infrastruc­tures et le secteur minier sont jugées stratégiqu­es par EDC.

Enfin, malgré le Brexit, le Royaume-Uni demeure aussi un tremplin pour exporter dans l’Union européenne (UE). La grande inconnue reste à savoir quelle entente Londres pourra négocier à terme avec Bruxelles afin de garder un accès privilégié au marché de l’UE pour ses entreprise­s.

Le pays pourra-t-il conclure un accord de libre-échange ? Les entreprise­s britanniqu­es devront-elles payer des tarifs douaniers ? La réponse à ces deux questions devrait être connue d’ici deux ans, la période prévue pour officialis­er le divorce entre le Royaume et l’UE.

Mais pour l’instant, c’est le statu quo : les sociétés britanniqu­es peuvent toujours exporter dans le marché commun sans payer de tarifs douaniers.

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