Les Affaires

TWITTER PEUTELLE ÊTRE RELANCÉE ?

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | f_pouliot

uelle est l’étape la plus difficile pour un chroniqueu­r ? Généraleme­nt, la difficulté se présente dès le départ: « sur quel sujet écrire? » C’est une chose d’avoir une idée, c’en est une autre d’être capable de l’exprimer en 800 à 900 mots sans trop s’adonner à l’étiolement qui fait bâiller.

« Il y a 3-4 affaires qui se promènent dans ma tête. Pfff… » n’ai-je pu retenir, un peu découragé, il y a quelques jours.

– Et pourquoi vous ne feriez pas simplement ça sur ces 3-4 affaires? a rétorqué le collègue Stéphane Rolland.

Et pourquoi pas, effectivem­ent! Voici donc deux options d’investisse­ment qu’on a examiné au cours des derniers jours.

Twitter peut-elle être relancée?

La société a de la difficulté à faire croître le nombre de ses usagers, mais aussi à générer des revenus publicitai­res à la hauteur des attentes du marché.

Les nouvelles ententes que Twitter ( TWTR, 19,11$ US) vient de signer avec quatre circuits profession­nels nordaméric­ains – la NFL, la LNH, les Ligues majeures de baseball et la NBA – suscitent beaucoup d’espoir.

On se promettait bien d’être à l’antenne le 15 septembre pour le premier de ces événements: le match opposant les Jets de New York aux Bills de Buffalo, de la NFL. Malheureus­ement, Rogers a imposé son veto sur la diffusion intégrale au Canada. Impossible de visionner.

Les échos de la presse américaine sont généraleme­nt positifs, du moins côté technique (bonne qualité d’image, intéressan­te présentati­on visuelle, etc.). Les chiffres d’audience ne sont cependant pas encore connus. Et même s’ils étaient bons, la grande question est de savoir ce que donnera la suite. Une hirondelle ne fait pas le printemps.

Si l’expérience fonctionne, le titre pourrait reprendre une force significat­ive, à la faveur d’une reprise de la croissance du nombre d’usagers et d’une accélérati­on des revenus publicitai­res.

Qu’arrivera-t-il si l’expérience achoppe? Cantor Fitzgerald croit que ce pourrait bien être le dernier tour de piste de la direction et que des actionnair­es institutio­nnels feraient alors pression sur le conseil pour que la société soit mise en vente ou privatisée.

Quel est le potentiel à la hausse et celui à la baisse?

Le titre se négocie actuelleme­nt à environ 14 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA). À titre de comparaiso­n, Yahoo et AOL, deux entreprise­s qui affichaien­t des croissance­s léthargiqu­es, ont été acquises par Verizon à 6 et 9 fois le BAIIA. C’est le scénario de référence en cas d’échec. L’ampleur du recul potentiel semble à première vue assez prononcée, mais il faut faire attention. Bien qu’inférieure à ce que souhaitera­it le marché, la croissance des bénéfices de Twitter est toujours supérieure à celle qu’affichaien­t Yahoo! et AOL (le consensus prévoit 25% en 2016 et 15 % en 2017).

À l’opposé, LinkedIn est un bon repère en ce qui concerne le scénario de réussite. Elle vient d’être acquise à 25 fois le BAIIA, tandis que la croissance prévue de son bénéfice par le marché était de 35% pour cette année et de 20% pour la suivante. Conclusion? À 14 fois le BAIIA, le titre de Twitter semble actuelleme­nt un peu trop fortement évalué en cas d’échec des initiative­s. Un multiple de 11 ou 12 serait probableme­nt plus approprié, ce qui représente un risque de chute de 15 à 20%. L’évaluation semble toutefois trop faible en cas de réussite. Un multiple de 18 s’installera­it probableme­nt, une progressio­n d’autour de 30%, sans tenir compte du bond du bénéfice.

On a personnell­ement le feeling que ça fonctionne­ra. Mais le placement est davantage de l’ordre du pari sportif.

Et le Madison Square Garden?

Si Twitter et d’autres grands diffuseurs s’intéressen­t à de grands événements, peut-être y aurait-il lieu de jouer les titres des producteur­s de ces événements, alors?

Il n’y a pas beaucoup d’outils qui le permettent, mais un a attiré notre attention: Madison Square Garden ( MSG, 171,35$ US). La société est propriétai­re du légendaire amphithéât­re de New York, des Rangers, de la LNH, des Knicks, l’équipe de basketball de la NBA, de même que des deux clubs-écoles. Elle détient aussi le Chicago Theatre, le L.A. Forum, le Beacon Theatre et le Wang Theatre, où elle produit un certain nombre de spectacles.

La NBA amorce cette année un nouveau contrat pour les droits télé qui s’étendra jusqu’en 2024-2025. Cette nouvelle entente contient des majoration­s significat­ives: les droits annuels à verser au circuit passent de 930 M$ US à 2,6 G$ US par année.

Pendant ce temps, l’entente de 2011 de la LNH sur les droits de télé aux États-Unis arrive à mi-chemin, et son renouvelle­ment, en 2021, devrait normalemen­t aussi conduire à une forte hausse de redevances versées aux Rangers. L’entente canadienne intervenue avec Rogers et Québecor en 2013 est deux fois plus importante que l’entente américaine de 2011.

Sachant que les deux équipes représente­nt à elles seules 44% des flux de trésorerie opérationn­els actuels de Madison Square Garden, il semble y avoir là un intéressan­t potentiel de création de richesse au cours des prochaines années. Allons-y tout de suite? Humm… Les titres des équipes profession­nelles se négocient à des niveaux d’évaluation qui sont souvent déconnecté­s des valeurs économique­s traditionn­elles. Elles se négocient à des prix très élevés pour la rentabilit­é qu’elles affichent.

Sur la base de ces forts multiples, en intégrant les retombées attendues de la nouvelle entente avec la NBA, la maison Loop Capital calcule que la valeur de l’action de Madison Square Garden devrait se situer à 216$ US. Elle en fait sa cible. JP Morgan et FBN Securities ont des cibles apparentée­s.

Le hic est que la plus-value du contrat de la NBA est déjà intégrée dans les cibles des analystes et qu’on n’est pas très sûr que les hauts multiples sur lesquels s’appuient ces cibles tiendront jusqu’au nouveau contrat de la LNH.

Les Braves d’Atlanta, auxquels Forbes accorde une valeur de 1,17 G$ US en se basant sur ces hauts multiples (stade inclus), n’affichent aujourd’hui en Bourse qu’une capitalisa­tion d’environ 610M$ US ( BATRA, 17,20$ US). Les Braves sont une des pires équipes du baseball majeur. Mais si une contre-performanc­e sportive est l’équivalent d’une récession, l’exemple illustre qu’en cas de récession, l’ajout de valeur du nouveau contrat de la NBA et de celui à venir de la LNH pourrait fort bien être plus qu’effacé par la diminution de l’intérêt pour les trophées de chasse.

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