Les Affaires

MARIER VILLE INTELLIGEN­TE ET TOURISME

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc @@ mcken

Les grands centres urbains de partout sur la planète doivent relever les mêmes défis : décongesti­onner les routes et réduire les déplacemen­ts automobile­s sur leur territoire, ainsi que faciliter la mobilité de leurs résidents et des visiteurs étrangers. À Montréal, on semble avoir trouvé un filon prometteur : harmoniser l’offre intermodal­e et favoriser l’émergence d’entreprise­s capables de fournir de tels services.

Pour y arriver, Montréal participe activement aux divers événements et concours d’essaimage des incubateur­s et des regroupeme­nts d’entreprene­urs locaux oeuvrant dans le domaine des données ouvertes.

« On a collaboré à des projets de District 3, à Concordia, de l’accélérate­ur InnoCité MTL et d’autres », souligne Harout Chitilian, responsabl­e de la Ville intelligen­te et vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

« Notre désir est simple : favoriser la création d’outils innovateur­s en mobilité urbaine et collective, et, s’il le faut, prendre le rôle de banc d’essai afin d’aider les entreprene­urs à développer des solutions pouvant ensuite être déployées dans d’autres villes ailleurs dans le monde », ajoute-t-il.

Cette volonté ne s’est pas encore véritablem­ent traduite par un effet notoire sur la congestion montréalai­se. La Ville admet avoir du retard dans ses projets. « La base, c’est d’avoir des données fiables sur l’ensemble de la mobilité urbaine : l’automobile, le vélo, l’autobus, etc. Le Centre de gestion de la mobilité urbaine, créé exactement à cette fin, a un plan échelonné sur les cinq prochaines années qui devrait donner des résultats concrets à court terme », signale Harout Chitilian.

Il y a une applicatio­n pour ça

Le principal objectif est de réduire le nombre de véhicules sur les routes. Malgré la grogne des entreprise­s impliquées dans ce secteur d’activité, la Ville insiste sur le rôle des voitures en libre-service et du maillage entre ce mode de transport, l’autobus, le métro et les vélos Bixi.

La clé est de créer un système intermodal unique, intégrant tous ces modes de transport. Quand on sait qu’un seul véhicule en libreservi­ce suffit à remplacer jusqu’à sept véhicules privés, on peut imaginer l’effet positif d’un tel système sur la congestion urbaine.

Cet effet est également recherché par les entreprise­s spécialisé­es dans ce secteur. Par exemple, l’applicatio­n Transit, conçue à Montréal, sert déjà des dizaines d’agglomérat­ions sur le continent. Cette applicatio­n de navigation pour téléphone mobile est axée sur le transport en commun et les services de partage de vélo, notamment. Elle permet de connaître les options de transport disponible­s ainsi que les horaires du transport en commun. L’applicatio­n est populaire, tant à Montréal qu’à Boston, Chattanoog­a (Tennessee), Baltimore et Cleveland.

Son truc : elle exploite efficaceme­nt les données que les services de transport collectif de la plupart des villes nord-américaine­s rendent désormais publiques.

« Nous allons plus loin que ça, ce que ne font ni Google ni Apple, explique l’entreprise sur son blogue. Nous n’avons pas peur de creuser un peu plus pour intégrer des données plus difficiles d’accès. »

Cela comprend les données provenant de services de vélos en libre-service, comme les Bixi à Montréal et les Hubway à Boston.

SmartHalo, une autre jeune entreprise montréalai­se, veut faciliter la vie des cyclistes. Elle offre un dispositif lumineux et coloré s’accrochant au guidon, se jumelant (sans fil) à un téléphone et faisant office d’outil de navigation pour se rendre à destinatio­n efficaceme­nt.

L’entreprise, dont le projet a initialeme­nt été lancé, avec succès d’ailleurs, sur la plateforme Kickstarte­r, a rapidement signé des ententes avec les services de vélos en libre-service. Elle a récemment annoncé l’intégratio­n de sa technologi­e aux vélos de 15 villes, dont Montréal, Vancouver, New York, San Francisco, Washington, D.C., de même qu’en Angleterre et en Australie.

Montréal a déjà ciblé les trois prochains problèmes que des entreprise­s comme SmartHalo et Transit devront régler : gérer et contourner les chantiers et les obstacles imprévus sur les routes de la métropole, intégrer l’informatio­n provenant de la Société de transport de Montréal – l’horaire des bus, ajusté en temps réel (retards, pannes, etc.) – et optimiser l’utilisatio­n des stationnem­ents privés au centre-ville.

« Le défi n’est plus d’ordre technologi­que, il est d’ordre humain : nos partenaire­s doivent s’entendre sur les données à partager et procéder étape par étape, afin d’éviter les erreurs coûteuses », conclut M. Chitilian.

Un fonds de 100 M$

La ville intelligen­te a rapidement adopté un modèle s’inspirant de la Silicon Valley : le public appuie les entreprene­urs qui décèlent un besoin et qui se tournent ensuite vers des investisse­urs pour financer leur solution. Dans ce contexte, la création du fonds Capital Intelligen­t, par le « superfonds » Teralys, n’a rien de surprenant.

« Jusqu’ici, il n’y avait aucun fonds spécialisé dans la ville intelligen­te », explique Christian Perron, directeur général de Capital Intelligen­t MTL. « Pourtant, en raison de la masse de données produites par les villes et la variété d’applicatio­ns possibles à partir de ces données, c’est un créneau extrêmemen­t vaste. C’est d’ailleurs pourquoi on apprécie ce partenaria­t avec la Ville de Montréal, qui devient un client potentiel pour nos entreprene­urs. »

À la fin de l’été, Capital Intelligen­t étudiait déjà une quarantain­e de projets. Avec son enveloppe de 100 millions de dollars, le fonds regroupe des investisse­urs prêts à appuyer ces projets tout au long de leur développem­ent. Et la Ville, elle, jette un oeil intéressé sur ces nouveaux projets.

Il ne reste plus qu’à attendre le jour où des feux de circulatio­n automatisé­s, des voies réservées et des services intermodau­x seront réellement en service. « Avec le talent local et la créativité du secteur technologi­que, ça va venir », assure Christian Perron.

« Jusqu’ici, il n’y avait aucun fonds spécialisé dans la ville intelligen­te. » – Christian Perron, directeur général de Capital Intelligen­t MTL

 ??  ?? « Le défi n’est plus d’ordre technologi­que, il est d’ordre humain : nos partenaire­s doivent s’entendre sur les données à partager », dit Harout Chitilian, responsabl­e de la Ville intelligen­te et vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal.
« Le défi n’est plus d’ordre technologi­que, il est d’ordre humain : nos partenaire­s doivent s’entendre sur les données à partager », dit Harout Chitilian, responsabl­e de la Ville intelligen­te et vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada