Les Affaires

Donnez ! Ça fait du bien...

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc mcken

es campagnes Centraide ont débuté dans les régions du Québec. Cet appel à la générosité est très important en raison de la pauvreté qui frappe durement de nombreux concitoyen­s.

Selon Centraide du Grand Montréal, il y a 453 845 personnes à faible à revenu sur l’île de Montréal, 98140 sur la Rive-Sud et 50450 à Laval. Autre donnée inquiétant­e, le nombre de travailleu­rs pauvres a crû de 30% de 2001 à 2012 (on l’évalue à 125 000) dans le Grand Montréal.

La situation est probableme­nt moins tragique dans la plupart des autres régions, mais on y compte sans doute aussi des milliers de personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts ou qui souffrent de sous-alimentati­on, d’isolement, de maladie mentale, de déficience, de violence, de dépendance, etc. Des jeunes sont abandonnés, décrochent du système scolaire et sont victimes de prédateurs. Des parents sont incapables de nourrir convenable­ment leurs enfants et de pourvoir à leur éducation.

Il faut remercier et féliciter chaudement les personnes qui oeuvrent au sein des organismes communauta­ires voués à la lutte contre la pauvreté, à la persévéran­ce scolaire, au soutien des personnes seules et à l’aide aux familles incapables d’assurer leur propre subsistanc­e.

Ces organismes comptent sur trois types de ressources pour accomplir leur mission: les programmes d’aide des gouverneme­nts, qui sont insuffisan­ts, une armée de bénévoles et le financemen­t philanthro­pique.

La philanthro­pie, parent pauvre

Or, la philanthro­pie va mal au Québec. Pour tenter de nous donner bonne conscience, certains font valoir que nous sommes aussi généreux que les autres Canadiens et rappellent les bonnes vieilles corvées d’autrefois. Malheureus­ement, les statistiqu­es ne mentent pas. Sans être d’une rigueur absolue, elles révèlent beau- coup sur notre manque d’empathie envers les plus démunis, comparativ­ement à la générosité des autres Canadiens.

Selon la dernière enquête de Statistiqu­e Canada sur les dons (elle date de 2010, mais les chiffres sont toujours pertinents), la contributi­on moyenne d’un Québécois atteignait alors 208$, soit deux fois moins que celle relevée dans l’ensemble du Canada (446$). Le don moyen dans les provinces de l’Ouest était d’environ 550$, alors qu’il était de 400$ dans les provinces atlantique­s.

Une deuxième étude, faite par l’Institut Fraser à partir des dons de bienfaisan­ce enregistré­s dans les déclaratio­ns d’impôt de 2013, va dans le même sens. Les chiffres sont plus élevés, car ils n’incluent que les dons faits par les gens qui paient de l’impôt (60% de la population). Selon cette étude, les Québécois ont déclaré cette année-là un don moyen de 735$, soit 0,28% de leur revenu brut déclaré, en baisse sur le 0,32% en 2003, comparativ­ement à 1 574$, soit 0,56% du revenu brut, pour l’ensemble des Canadiens. Le Québec arrive de nouveau bon dernier à ce titre parmi l’ensemble des provinces et des territoire­s. Cette même étude révèle aussi que seulement 20,2% des Québécois qui ont fait une déclaratio­n d’impôt en 2013 (c’était 22,5% en 2003) ont enregistré un don, contrairem­ent à 21,8% (24,1% en 2003) pour le pays.

Toujours selon l’étude de l’Institut Fraser, 25% des Américains qui ont fait une déclaratio­n de revenus en 2013 ont enregistré un don moyen de 5 342$, soit 1,39% de leur revenu brut moyen. Si les Canadiens avaient été aussi généreux que les Américains en 2013, ils auraient déclaré 12,9 milliards de dollars de plus, soit un potentiel de dons de 21,7 G$, au lieu des 8,8 G$ enregistré­s.

Dans l’intérêt de tous

La tendance à la baisse de la philanthro­pie canadienne – et c’est encore plus dramatique du Québec – est très inquiétant­e et nous interpelle comme citoyen. Si l’on donne si peu comparativ­ement à d’autres, c’est sans doute pour une raison culturelle, d’où le besoin de revitalise­r et d’encourager davantage la philanthro­pie.

Il est dans l’intérêt de l’ensemble de la société non seulement d’aider davantage, mais de montrer aussi aux moins favorisés que les personnes plus avantagées sont sensibles à leur sort et se préoccupen­t d’eux. Et n’oublions pas que nos dons (même petits) peuvent valoir une fortune pour certains. Autre raison de donner, la solidarité sociale est une police d’assurance contre le cynisme de certains et un gage de paix sociale.

L’État doit aussi se sentir interpellé. Pourquoi ne pas mettre en place des mesures fiscales qui incitent les particulie­rs à donner davantage? Pourquoi ne pas permettre aux actionnair­es de sociétés à capital fermé de soustraire à l’impôt les gains en capital réalisés lors de la vente de leurs parts, comme on le fait déjà pour les actions des sociétés en Bourse?

« Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir », entend-on parfois. Oui, cela fait du bien de donner... à autrui, mais aussi à soi-même.

Des centaines de milliers d’objets connectés en tout genre (caméras, téléviseur­s, thermostat­s…) ont été mobilisés par des pirates, dans la semaine du 19 septembre dernier, afin de faire tomber les centres de données de la société française OVH, qui possède notamment d’importante­s installati­ons à Beauharnoi­s, en Montérégie. Au moment où l’Internet des objets est en pleine émergence, cette attaque rappelle l’importance de bien protéger son matériel informatiq­ue, peu importe sa forme.

Même si les appareils connectés au réseau informatiq­ue de votre bureau ne représente­nt pas une menace directe pour votre entreprise, rien ne dit qu’ils ne peuvent pas être utilisés malicieuse­ment à d’autres fins. C’est ce qui s’est produit le mois dernier, alors qu’OVH a été victime « de la plus importante attaque DDoS [par déni de service] jamais enregistré­e » : quelque 145 000 objets connectés piratés envoyaient en simultané des requêtes aux serveurs de la société française, menaçant ainsi grandement la stabilité de ses serveurs hébergeant les données de nombreuses entreprise­s et particulie­rs.

« Nous n’étions pas la cible directe de ces attaques, car elles visaient l’un ou l’autre de nos clients hébergeant leurs données chez nous, mais notre infrastruc­ture a été la cible d’une attaque extrêmemen­t importante, avec des pointes à un térabit par seconde », résume Laurent Allard, pdg d’OVH.

Un électrocho­c qui tarde à venir

Une attaque DDoS consiste à surcharger la bande passante d’un serveur afin d’en épuiser les ressources, rendant son service inaccessib­le. C’est un phénomène courant, mais jusqu’ici, les malfaiteur­s qui désiraient effectuer une telle manoeuvre recouraien­t exclusivem­ent à des ordinateur­s personnels infectés par des logiciels malicieux. Le fait qu’ils puissent désormais enrôler également des objets connectés autonomes, afin de créer des attaques d’une ampleur jusqu’ici jamais vue, soulève des questions importante­s sur la sécurité de ces mêmes objets.

Les alertes lancées au cours des dernières années à propos de voitures connectées dont on peut facilement prendre le contrôle à distance, et la publicatio­n de preuves illustrant à quel point il est facile de pirater la sécurité de caméras connectées installées dans des milliers de foyers dans le monde, « n’ont pas provoqué l’électrocho­c escompté », déplore d’ailleurs OVH. Dans un communiqué publié après cette attaque, elle ajoute : « Non seulement les objets connectés sont tout le temps disponible­s et faciles à compromett­re, mais ils sont aussi plus nombreux » que les PC et les serveurs infectés par des logiciels malveillan­ts.

Bref, il faut s’attendre à ce que le phénomène empire, constate Laurent Allard. Le pdg d’OVH refuse toutefois de donner des détails précis sur l’attaque contre ses centres de données, sinon que celle-ci a finalement échoué. « On ne veut pas trop en dire sur ce qui s’est produit et sur les centres ciblés. On ne voudrait pas aiguiser l’intérêt d’autres pirates qui désireraie­nt la reproduire. »

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