Les Affaires

Investir dans l’intelligen­ce artificiel­le pour être plus productif

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Les 300 PME — L’intelligen­ce artificiel­le, est déjà présente dans la vie de tous les jours, dans le GPS de nos téléphones portables jusque dans les parutions de notre fil Facebook. Mais dans les entreprise­s, elle est loin d’être utilisée à son maximum.

L’intelligen­ce artificiel­le est une science dont le but est de faire exécuter par une machine des tâches que l’homme accomplit en utilisant son intelligen­ce. Elle permettra de créer des robots ou des applicatio­ns capables de repérer le contexte extérieur et de s’adapter à une situation donnée comme le fait un humain. « L’intelligen­ce artificiel­le est une des grandes technologi­es de rupture qui deviendron­t une tendance de fond d’ici 2020 », dit Ramy Sedra, leader, conseils en analytique des données chez PwC Canada.

Yves Proteau, coprésiden­t d’APN, une entreprise de Québec qui compte 120 employés et fabrique des pièces d’usinage de haute précision pour des clients des secteurs de l’aéronautiq­ue et de la défense, s’y attaque déjà. Après avoir travaillé dans une grande entreprise où il a mis en place de nombreux moyens technologi­ques, il a appliqué dès 2004 les mêmes recettes à l’entreprise familiale, qui n’avait pourtant à l’époque qu’un chiffre d’affaires annuel de 1,5 million de dollars. Les trois usines d’APN au Québec et en Californie sont désormais intelligen­tes. « Depuis cinq ans, toutes les machines sont connectées et intégrées dans un seul système », explique Yves Proteau. Il peut ainsi vérifier à distance le fonctionne­ment de toutes les usines, machine par machine, en direct.

Passionné de la recherche et de la cueillette de données fiables pour accroître l’automatisa­tion, le coprésiden­t est allé plus loin. « On a des capteurs partout qui recueillen­t des données, et on commence déjà à inclure l’intelligen­ce artificiel­le dans le traitement de ces données », indique Yves Proteau. Conséquenc­e : la planificat­ion de la production, qui demandait 20 heures auparavant, n’en demande qu’une aujourd’hui. « Le système est capable de détecter ce que l’humain, submergé par trop de données, ne peut pas voir. Il traite les données selon des critères de tri posés par les experts au sein de l’entreprise, puis propose une solution. Le tout est dynamique : s’il y a de nouvelles commandes, il s’adapte », explique le dirigeant.

Automatise­r les tâches répétitive­s

Grâce à cette modernisat­ion des méthodes de travail, l’utilisatio­n des machines a doublé (80 heures par semaine par rapport à 40 heures auparavant) et ne nécessite plus qu’un employé pour deux machines. « Même si le personnel nécessaire est plus cher, car plus qualifié, on s’y retrouve », reconnaît Yves Proteau.

Beaucoup craignent des réductions de personnel à la suite de l’implantati­on de futurs robots chargés, grâce à l’intelligen­ce artificiel­le, d’accomplir certaines tâches qui demandent peu de qualificat­ions.

Pier-Paul Levesque, président d’Umbrella, une société de Québec qui aide les PME à « optimiser, à sécuriser et à faciliter l’intégratio­n des technologi­es », pense, au contraire, que les entreprise­s qui ne prennent pas le virage risquent de perdre leur main-d’oeuvre.

« Les employés ne toléreront plus de réaliser des tâches routinière­s et sans valeur ajoutée qui peuvent être automatisé­es. Étant donné l’enjeu de l’attraction de la main-d’oeuvre au Québec, c’est un aspect à ne pas négliger », soutient PierPaul Levesque.

Tous les secteurs seront concernés

Le virage est incontourn­able, selon les spécialist­es. « Toutes les entreprise­s seront concernées par l’intelligen­ce artificiel­le. Les gagnantes seront celles qui prendront le pli dès maintenant. Il vaut mieux s’adapter dès à présent qu’être en mode réactif lorsque la concurrenc­e sera en train de perturber son marché », conseille Ramy Sedra.

L’expert de PwC précise que l’intelligen­ce artificiel­le peut avoir des applicatio­ns propres à la production, mais aussi dans les fonctions administra­tives de l’entreprise, comme l’automatisa­tion des systèmes de paiement des comptes de frais.

Même « si des sondages montrent que 60 % des dirigeants d’entreprise­s canadienne­s sont préoccupés par les enjeux liés à l’intelligen­ce artificiel­le et savent que, d’ici cinq ans, leur secteur sera perturbé par ces innovation­s technologi­ques, le taux d’investisse­ment dans ces outils est très faible », déplore Ramy Sedra.

« L’informatiq­ue et les technologi­es sont souvent perçues comme des boulets par les entreprene­urs. S’ils n’effectuent pas d’améliorati­on continue et attendent plusieurs années pour actualiser leurs outils technologi­ques, ils seront dépassés, prévient Pier-Paul Lévesque. Les innovation­s demanderon­t alors plusieurs préalables technologi­ques et, cette fois, l’investisse­ment sera très lourd à porter. »

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