Les Affaires

Blockchain pour remplacer le banquier

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc mcken

Imaginez financer votre entreprise à partir de votre mobile, instantané­ment. Ou échanger sur des marchés étrangers sans frais ni courtier. C’est tout simple. Et ça pourrait être possible aussi tôt que l’an prochain. C’est ce que promet le blockchain (ou registre des transactio­ns), la technologi­e derrière le bitcoin, une monnaie numérique que redoute surtout le secteur financier, même si la plupart des grandes institutio­ns souhaitera­ient en adopter certaines composante­s, comme le blockchain.

Selon la personne à qui on s’adresse, cette technologi­e prend diverses formes. Ce registre transactio­nnel sécurisé et décentrali­sé assure la validité d’une transactio­n, sans égard à sa forme. Il peut remplacer les intermédia­ires traditionn­els dans des transactio­ns de tout genre : banquiers, courtiers, assureurs, avocats ou notaires !

Le blockchain promet une grande révolution – et rapide ! C’est ce que croit le World Economic Forum (WEF). « Pour une fois, c’est une technologi­e qui pourrait remplir ses promesses, en remodelant l’ensemble des services financiers, à condition qu’il se forme une bonne collaborat­ion entre la technologi­e, l’industrie et les gouverneme­nts », concluait, le mois dernier, son rapport sur la question, intitulé « L’innovation perturbatr­ice dans les services financiers », réalisé conjointem­ent avec la firme Deloitte.

Paiements, assurances, prêts, hypothèque­s, investisse­ment… tout y passe. Enthousias­te, le WEF estime que cette transforma­tion devrait se faire sentir rapidement. Dès 2017, en fait, alors que 80 % des institutio­ns bancaires dans le monde prévoient développer des applicatio­ns utilisant un tel registre transactio­nnel.

Le secteur financier suit donc de près l’évolution de cette technologi­e. Pour certains, elle menace un lucratif modèle d’entreprise ; pour d’autres, elle laisse miroiter de nouvelles occasions de croissance. « À long terme, ce n’est pas tant une menace qu’une promesse de simplifier certains processus complexes », croit Carolyn Burke, chef, conformité avec la réglementa­tion, cartes et paiements numériques internatio­naux, chez RBC.

Du côté des entreprise­s, la fraude bancaire et le vol d’identité sont des enjeux majeurs qu’un registre numérique pourrait aider à contrer. Mme Burke va même un peu plus loin : elle imagine le jour où la Banque du Canada créera une monnaie entièremen­t numérique pouvant remplacer le dollar canadien (la banque centrale affirme cependant que ce jour est « encore très loin »).

Supprimer les intermédia­ires

Jim Anastassio­u, cofondateu­r de Sensorica, à Montréal, est activement impliqué dans ce phénomène. M. Anastassio­u insiste sur le fait que cette technologi­e ne se limite pas qu’au secteur de la finance. « C’est un peu chaotique, en ce moment. On est à un stade encore très prématuré de l’évolution de cette technologi­e, qui peut être appliquée à de nombreux rôles où, traditionn­ellement, il y a un intermédia­ire entre deux parties », ajoute-t-il.

Sensorica a notamment aidé à créer un système d’accès partagé entre différents services de bureaux en colocation, où un registre numérique certifie automatiqu­ement les clients d’un service partenaire, afin de lui donner accès instantané­ment à ses propres installati­ons. M. Anastassio­u entrevoit aussi d’autres applicatio­ns, comme en santé, où l’accès aux données confidenti­elles d’un patient pourrait être ajusté automatiqu­ement, selon les qualificat­ions, d’un intervenan­t à l’autre.

Fini, le papier-monnaie ? Peut-être pas l’an prochain… « C’est une question sur laquelle se penche la banque centrale, affirme Carolyn Burke. C’est aussi un projet de recherche de la RBC. Mais évidemment, tout cela est encore au stade de la recherche préliminai­re. »

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