Les Affaires

Faut-il miser sur Tim Hortons et Burger King ?

Sur le radar

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | f_pouliot

a question nous est venue récemment, après une visite chez Tim Hortons. Le café n’est pas notre tasse. Dans le passé, nos visites n’y avaient qu’une fin alimentair­e et, chaque fois, l’hésitation face au menu était arbitrée par un seul critère de sélection: quel sandwich est le moins mauvais?

Les choses ont néanmoins changé, et les délibérati­ons sont aujourd’hui nettement plus positives: hum, lequel prendre, plus d’un est tentant…

Il y a quelques jours, une analyse détaillée de Marchés mondiaux CIBC, tombée sur le bureau, allait relancer la réflexion.

L’analyste Mark Petrie ne voit pas Restaurant Brands Internatio­nal ( QSR, 57,55$) – la société mère de Tim Hortons et Burger King – dans sa soupe, mais estime que le marché évalue mal son potentiel et n’a pas encore compris qu’une importante valeur sera bientôt démasquée.

Les résultats depuis l’acquisitio­n de Tim Hortons par Burger King (il y a un peu plus de 18 mois) sont nettement supérieurs à ce que l’on envisageai­t au départ.

3G Capital, l’artisan de la transactio­n, avait la réputation d’être un « sabreur de coûts » aveugle et sans sentiment, ce qui pouvait ne pas être sans conséquenc­e sur l’offre de produits et services. Des analystes redoutaien­t que des décisions expéditive­s ne fassent baisser la popularité de Tim Hortons et que les relations se détérioren­t éventuelle­ment avec les franchisés.

Tel n’a pas été le cas. Voici les résultats des trimestres de Restaurant Brands depuis l’acquisitio­n qui a donné lieu à sa fondation: T1 2015: consensus battu par 13%; T2 2015: consensus battu par 29%; T3 2015: consensus battu par 17%; T4 2015: consensus battu par 17%; T1 2016: consensus battu par 36%; T2 2016: consensus battu par 17%. En moyenne, les attentes sont dépassées de 22%. Là ne s’arrête pas la performanc­e: la rentabilit­é chez les franchisés est meilleure qu’auparavant. Cette performanc­e peut-elle se poursuivre?

Chaque tour de manivelle appliqué aux coûts rend le suivant plus difficile. Viendra forcément un moment où la création de valeur par réduction de coûts ralentira.

Mieux vaut s’assurer de la capacité des deux enseignes à multiplier les points de vente et à créer de la valeur grâce aux ventes. Tim Hortons compte actuelleme­nt 4 596 établissem­ents en exploitati­on, tandis que Burger King en recense 15 788.

Chez Burger King, la croissance annuelle du nombre de restaurant­s est de 5% depuis 2011. Il est difficile de savoir quand la limite sera atteinte, mais il ne semble pas trop audacieux de dire que cette croissance devrait se poursuivre pour encore quelques années. Peut-être à un régime légèrement plus faible, mais quand même.

Chez Tim Hortons, la croissance annuelle a été un peu plus lente, avec un rythme de 3,5 à 4% depuis 2013. M. Petrie voit cependant celle-ci s’accentuer à compter de 2017, avec un bond prévu de 7,8%, grâce à l’accélérati­on du déploiemen­t à l’internatio­nal. À la fin de 2016, Tim devrait compter 870 établissem­ents à l’extérieur du Canada. Il est intéressan­t de constater que Dunkin Donuts en exploite environ 3 000 et, selon les calculs de l’analyste, qu’elle prévoit une capacité internatio­nale de 6 000 dans les prochaines années.

Résultat des courses: encore un peu de croissance à venir du côté de la diminution de coûts, une expansion qui semble porteuse pour les deux enseignes et une bonne direction qui sait ce qu’elle fait. Reste à voir l’évaluation du titre. Pour s’assurer que le marché ne paie pas trop cher actuelleme­nt et qu’on ne se retrouvera pas avec une forte correction lors d’un faux pas. Car faux pas il y aura assurément dans le processus d’expansion, à un moment ou à un autre dans l’avenir. Si l’évaluation est faible, le recul sera faible, si elle élevée, il risque d’être fort.

Ce que le marché ne perçoit pas

Avant d’y venir, voyons cependant ce que le marché ne voit pas actuelleme­nt. Cette valeur masquée à laquelle CIBC fait allusion, histoire de tout avoir en main. Cette valeur a en fait un nom: Buffett. Lors de l’acquisitio­n de Tim Hortons, l’Oracle avait participé au financemen­t de l’entreprise avec des actions privilégié­es offrant un rendement de dividende de 9%.

À compter du 12 décembre, ces actions deviennent rachetable­s. Or, les différente­s débentures de Restaurant Brands se négocient à des taux qui varient de 2,82% à 4,08%. Vous voyez la récupérati­on possible. Concernant les flux de trésorerie, dans le moins bon des scénarios, c’est une augmentati­on potentiell­e de 200 M$ ou, si on préfère, une hausse de 19% de ce que prévoyait l’analyste pour 2017. Par rapport au bénéfice d’exploitati­on, c’est au minimum 10% de plus que ce qui était attendu.

Voyons maintenant l’évaluation

En ajustant ses prévisions pour exclure les charges d’amortissem­ent et en intégrant l’effet du rachat de Buffett, M. Petrie note que le titre se négocie actuelleme­nt à 18 fois le bénéfice qu’il anticipe pour 2018. À titre de comparaiso­n, Dunkin, Popeyes et Dominos, trois franchiseu­rs importants, se négocient respective­ment à 21, 22 et 34,9 fois le bénéfice prévu pour 2017 (également ajusté en retirant l’amortissem­ent).

Il estime que les perspectiv­es de croissance de ces sociétés sont moins bonnes que celles qui concernent Restaurant Brands et qu’en 2018, un multiple de 22 devrait en conséquenc­e être appliqué au bénéfice qu’il prévoit. C’est une cible à 72$ sur un an ou, si on préfère, un rendement de plus de 20% par rapport au cours actuel. Achat? Le raisonneme­nt pourrait bien fonctionne­r, mais nous sommes dans un univers de multiples relativeme­nt élevés (compte tenu des ajustement­s d’amortissem­ent) et donc plus à risque de correction. Peut-être pour une petite portion de portefeuil­le, si on a les moyens de rester sur son appétit.

George Doumet, de Banque Scotia, renouvelle une recommanda­tion « surperform­ance de secteur ». Au troisième trimestre, le franchiseu­r montréalai­s a dévoilé un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) ajusté de 18 M$, par rapport à une attente maison à 15 M$. M. Doumet estime que Groupe MTY a la capacité de réaliser des acquisitio­ns de 100 M$, ce qui pourrait ajouter 10 à 15 M$ au BAIIA (66 M$) sur l’horizon 2017. L’analyste maintient son cours cible à 49 $. Adam Shine, de Financière Banque Nationale, réitère une recommanda­tion « surperform­ance ». Le diffuseur de chaînes musicales annonce qu’il a prolongé son entente de distributi­on avec Shaw Cable et Shaw Direct de 2018 à 2020. L’analyste juge que l’entente illustre qu’un accord de distributi­on peut être reconduit pour des chaînes de musique, minimaleme­nt aux mêmes tarifs, et qu’il existe un potentiel d’augmentati­on des tarifs après 2018. Adam Shine maintient son cours cible à 10 $. Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, renouvelle sa recommanda­tion « surperform­ance » et hausse sa cible de 13 à 15,50 $. Le transporte­ur dévoilera ses résultats du troisième trimestre le 7 novembre. L’analyste dit rester optimiste quant aux perspectiv­es. Il note que les flux de trésorerie devraient devenir positifs, tandis que les investisse­ments en capitaux s’apprêtent à diminuer. M. Doerksen indique que l’ajout de capacité constitue la première crainte des investisse­urs. Steve Arthur, de RBC Marchés des Capitaux, réitère sa recommanda­tion « performanc­e de secteur » et hausse sa cible de 4,25 à 4,50 $ US. Au quatrième trimestre, le fournisseu­r de solutions de télécommun­ications de Québec a dévoilé un bénéfice de 0,05 $ US par action, par rapport à un consensus à 0,04 $ US. Steve Arthur affirme que la direction s’attend à ce que le BAIIA bondisse de 21 % en 2017, à 26 M$ US, ce qui est légèrement supérieur à ce qu’il envisageai­t pour l’exercice.

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