Les Affaires

Ingénieurs du futur recherchés

- Environnem­ent

La protection de l’environnem­ent est plus que jamais une préoccupat­ion. Un mouvement suivi par les ingénieurs qui doivent prendre cette composante en compte dans la conception de leurs projets.

Dans le domaine minier, par exemple, « la restaurati­on des sites, les stratégies d’économie circulaire et la valorisati­on des rejets sont des enjeux importants », observe le professeur Richard Simon, responsabl­e des programmes de génie des mines à Polytechni­que Montréal.

« Aujourd’hui, on s’efforce de réduire les impacts de l’exploitati­on minière. Ces impératifs transparai­ssent dans la formation des ingénieurs en génie minier, ajoute-t-il. Plusieurs nouveaux cours sont offerts sur la restaurati­on des sites miniers. »

L’Université Laval, elle, offre non seulement un programme de génie de l’environnem­ent, mais un autre, plus spécifique, de génie des eaux. « On sait que l’eau est un problème majeur et que ça le sera encore plus dans 10 ans, notamment avec les problémati­ques de bassins versants », dit André Darveau, doyen de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval.

Nouveaux matériaux

Tissus intelligen­ts; impression de tissus humains en 3D pour fabriquer de la peau artificiel­le ou des vaisseaux sanguins; verres photochrom­iques qui foncent selon l’intensité de la lumière extérieure; matériaux bio-inspirés qui prennent pour modèles des propriétés du monde des animaux; du béton comprenant de la fibre optique; un revêtement régulateur de chaleur… Le domaine des matériaux et du textile est en bouleverse­ment. « Beaucoup d’innovation­s technologi­ques sont issues des nouveaux matériaux », rappelle Sylvain Cloutier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les matériaux et composants optoélectr­oniques hybrides à l’ÉTS.

En 2014, des chercheurs de la Faculté des sciences et de génie et du Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval ont mis au point des textiles intelligen­ts capables de capter des informatio­ns biomédical­es sur les personnes qui les portent et de les transmettr­e par Wi-Fi ou cellulaire.

Avec son équipe, Sylvain Cloutier travaille sur les composants nanométriq­ues afin d’élaborer des matières possédant des propriétés que les matériaux traditionn­els ne peuvent avoir. Ainsi, il est désormais possible de produire des couches de matériaux semi-conducteur­s synthétiqu­es flexibles. À l’avenir, « on aimerait pouvoir pulvériser des couches de matériaux en aérosol », explique celui qui est également directeur des affaires professora­les, de la recherche et des partenaria­ts à l’ÉTS.

Ces recherches sur ces nouveaux matériaux comportent des avantages concrets, puisque les nouvelles solutions permettent de réduire les coûts de production.

« Par exemple, les DEL sont produites avec des composants qui coûtent des millions de dollars. Mais nous pouvons fabriquer ces structures en bain de solution, pour quelques dollars seulement », souligne Sylvain Cloutier. Télécommun­ications Les défis du numérique – « vital aujourd’hui », selon Sylvain Cloutier, de l’ÉTS –, sont nombreux: problèmes de débit, de latence, de cybersécur­ité et bien d’autres. La latence – le temps de transmissi­on des données informatiq­ues dans le réseau pour aller de la source au destinatai­re, susceptibl­e d’augmenter lorsque trop de données sont transmises en même temps – est un des sujets de préoccupat­ion importants de l’heure, au point d’amener les ingénieurs de Google à s’y pencher.

Autre défi, plus environnem­ental celui-là, mais lié à la transmissi­on de données numériques: l’énorme consommati­on énergétiqu­e des centres d’entreposag­e des données. Selon le site spécialisé Greenit, les centres de données seraient responsabl­es de 25% des émissions de gaz à effet de serre du Web. À l’ÉTS, Mohamed Cheriet travaille sur un concept de nuage informatiq­ue écologique intelligen­t et durable à la Chaire de recherche du Canada sur la durabilité écologique d’Eco-Cloud.

Mégadonnée­s

Selon IBM, 2,5 trillions d’octets de données sont générés chaque jour. L’enjeu sera de les traiter de façon à pouvoir les utiliser pour prendre de meilleures décisions, mieux adapter les produits en fonction des besoins des clients, etc. Avec la production massive de données se posent d’autres défis, comme celui du stockage et de la sécurisati­on de ces données.

Les ingénieurs ont un rôle majeur à jouer dans ce domaine, puisqu’ils sont appelés à « développer les logiciels et les algorithme­s permettant de trier et de traiter toutes ces données », de façon à les rendre disponible­s et compréhens­ibles aux entreprise­s et aux décideurs, souligne Sylvain Cloutier, de l’ÉTS.

Sur les autres défis également, ils peuvent apporter leur contributi­on : « Un ingénieur en big data [mégadonnée­s] peut aussi être celui qui dimensionn­era des plateforme­s pour faire tourner les modèles de calcul et qui réalisera un travail d’exploratio­n des données », avance Valéry Farcy, enseignant à l’École supérieure d’informatiq­ue, électroniq­ue, automatiqu­e (ESIEA), qui forme des ingénieurs du numérique en France, dans la région parisienne.

Selon une analyse du Big Data Consortium, citée dans une étude de Montréal Internatio­nal et Québec Internatio­nal sur le sujet, il manque au Québec de 10 500 à 19 000 profession­nels détenant des compétence­s approfondi­es en analytique des données. Certaines université­s québécoise­s offrent déjà des cours sur les mégadonnée­s dans les programmes de génie informatiq­ue et logiciel.

De nombreux nouveaux créneaux émergent. En voici quelques-uns au sein desquels les ingénieurs sont appelés à jouer un rôle accru.

Drones et robots seront de plus en plus présents dans les milieux profession­nels. Actuelleme­nt, les robots sont surtout développés pour l’industrie ou le domaine médical, mais ils pourraient devenir nos compagnons de tous les jours d’ici quelques années. L’intelligen­ce artificiel­le leur procurera la capacité d’effectuer des tâches plus complexes et de s’adapter aux changement­s. Tout cela passera par des ingénieurs qui concevront les robots.

L’Université de Sherbrooke offre d’ores et déjà un programme de génie robotique, au carrefour des génies mécanique, électrique et informatiq­ue. Pour sa part, Polytechni­que Montréal a intégré une concentrat­ion « systèmes interactif­s et robotique » au programme de génie électrique. L’ÉTS a un laboratoir­e de commande et de robotique dans lequel travaillen­t quatre professeur­s et une vingtaine d’étudiants à la maîtrise et au doctorat. Un des projets en cours porte sur la conception d’un robot capable de saisir des oeufs sans les casser sous la pression de sa main articulée. – ANNE GAIGNAIRE

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