Les Affaires

Travailler au nord du 55e parallèle

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc – ANNE GAIGNAIRE

Simon Rouleau, 31 ans, a eu le coup de foudre pour la mine Raglan, la plus importante mine de nickel du Québec, qui fêtera ses 20 ans d’exploitati­on en 2017. Il y travaille depuis la fin de ses études, en 2008. Le froid et le fly-in fly-out n’entament pas sa passion pour le génie minier.

Il vit deux semaines dans le Grand Nord québécois, au Nunavik, au-delà du 55e parallèle où il fait un froid glacial la majeure partie de l’année (la mine est située dans la péninsule de l’Ungava). Loin de sa femme et de sa petite fille âgée d’un an. Quand il est sur place, il travaille deux semaines pleines, de 7 h à 19 h, sans week-end. Pourtant, il adore ça! Il aime « être sous terre, l’odeur de la mine, l’am- biance particuliè­re », explique Simon Rouleau, qui a fait un stage comme mineur-soudeur dans une mine en Abitibi pendant ses études.

Aujourd’hui, il est ingénieur de planificat­ion et par conséquent moins sur le terrain que lorsqu’il était ingénieur de production. Son rôle: planifier les activités d’une des quatre mines souterrain­es de l’entreprise. « Mon travail consiste à décider du chantier à miner et du moment pour le faire. Je dois veiller à ce que mes prévisions soient coordonnée­s avec les travaux qui doivent se dérouler dans les autres mines », explique Simon Rouleau.

Auparavant, il a occupé un poste de contremaît­re pendant un an, comme ça se fait dans de nombreuses mines, afin de connaître et de comprendre la réalité du terrain. « Comme ingénieur, on pourrait faire des choses qui ne sont pas bien adaptées. Par exemple, j’ai vu que, dans certains cas, l’angle des galeries pose problème aux mineurs pour faire leur travail. Je prends donc ça en compte dans mes plans, maintenant », explique le jeune homme, qui a aussi appris, à cette occasion, à gérer du personnel.

Nombreux défis

Dans la planificat­ion, il faut prendre en compte les nombreux défis techniques à la mine, « les projets en surface ne pouvant se faire que l’été, car il neige de septembre à juin ». De plus, les mines, souterrain­es, sont creusées dans le pergélisol, un sol gelé en permanence. « À chaque nouvelle idée, on doit vérifier ce qui est faisable dans notre contexte. Ça fonctionne beaucoup selon le concept essai-erreur, et on demande souvent conseil aux vieux loups, les ingénieurs qui sont là depuis très longtemps », dit Simon Rouleau, diplômé de l’Université Laval.

Autre défi, logistique celui-là: « De la mi-mars à la mi-juin, pendant la période de mise bas des phoques, aucun bateau n’a le droit de circuler. Ainsi, le minerai ne peut pas quitter la mine et aucun équipement ne peut être apporté par bateau. Il faut donc non seulement prévoir la production de façon à ne pas dépasser nos capacités de stockage, mais aussi bien prévoir les commandes de matériel », dit le M. Rouleau.

Toutes les deux semaines, il rentre chez lui, à Lévis. Il est heureux de retrouver sa famille, mais ce n’est pas facile de se débrancher du travail. « Avant, je regardais mes courriels profession­nels tous les jours pendant mon repos, parce que je trouvais ça plus facile, en retournant travailler, de ne pas avoir totalement décroché. Depuis que ma fille est née, j’essaie de moins le faire… » vingtaine de personnes y travaillen­t. « Contrairem­ent à nos autres bureaux qui ne sont pas spécialisé­s, celui de Montréal est axé sur la technologi­e. Dans les endroits où il existe de nombreux fonds de gestion comme le nôtre, la main-d’oeuvre technologi­que est très courtisée. À Montréal, il y a très peu de hedge funds [fonds de couverture] et le bassin de spécialist­es en TI est important. C’était donc un bon endroit pour nous développer », indique Maxime Fortin.

Car les perspectiv­es d’évolution sont clairement sur le terrain de la technologi­e. « On fait beaucoup de traitement de données à l’aide d’outils stratégiqu­es traditionn­els, constate l’ingénieur. L’intelligen­ce artificiel­le et le deep learning [apprentiss­age profond] sont des technologi­es d’avenir pour nous. On n’est pas encore passés à ce stade-là, mais plusieurs personnes y travaillen­t à l’interne. »

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