Les Affaires

Celle qui adore élucider des énigmes

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Anne-Laure Esquirol, 29 ans, pourrait parfois se prendre pour un personnage d’une série policière enquêtant sur une scène de crime. Cette diplômée en génie des matériaux en France, puis en maîtrise de génie chimique à Polytechni­que Montréal se rend elle aussi sur les lieux pour prélever des indices afin d’essayer de comprendre ce qui a pu se produire. Sauf que ces scènes sont plutôt le théâtre de dommages variés liés à des inondation­s, des incendies ou des contaminat­ions. Pour le reste, il y a des ressemblan­ces: il peut malheureus­ement y avoir eu des pertes humaines et des blessés et, à tout coup, il y a des dommages matériels dont il faut trouver l’origine.

Son rôle d’ingénieur légiste chez CEP Forensique, dont les clients sont essentiell­ement des experts en sinistre, des assureurs et des avocats, c’est « de trouver la source qui a déclenché la catastroph­e », explique la jeune femme.

Elle, qui n’aurait pas voulu d’un emploi statique, est plutôt heureuse, puisqu’elle met régulièrem­ent ses bottes, enfile un bleu de travail et prend sous le bras sa trousse de bricolage pour aller prélever des échantillo­ns dans un bassin de décantatio­n, sur le toit d’une église, sur la façade d’une école ou dans la cuisine d’un particulie­r. Bien que ses connaissan­ces en génie soient utiles dès l’étape de la recherche d’indices, son travail d’ingénieur commence réellement ensuite, au moment d’analyser les pièces à conviction. « Je fais des analyses chimiques poussées à l’aide d’outils de pointe », explique Anne-Laure Esquirol.

Une Sherlock Holmes du génie

Cette spécialist­e des matériaux plastiques/polymères met ses connaissan­ces et compétence­s en génie chimique au service de l’élucidatio­n d’énigmes. Elle doit par exemple essayer de comprendre comment un morceau de plastique a pu prendre feu lors d’un incendie et de trouver quel a pu être le déclencheu­r. Parfois, c’est un bouchon de robinet qu’elle prélève pour savoir si la matière dont il est fait était défectueus­e ou si quelque chose a pu la dégrader, ce qui pourrait expliquer une fuite d’eau.

Récemment, Anne-Laure Esquirol est allée prélever, dans une cuve d’une station d’épuration, des échantillo­ns du revêtement en époxy qui montrait des signes de mauvaise adhérence pour tenter de savoir s’il avait pu être contaminé par une substance. Parfois, elle intervient à la suite d’accidents. Elle s’est par exemple rendue observer la carcasse d’un hélicoptèr­e écrasé afin d’analyser le câble en acier et de déterminer ce qui avait pu le faire briser.

À ces tâches, Anne-Laure Esquirol doit ajouter la rédaction de ses rapports d’enquête et même les témoignage­s au tribunal comme experte. Elle peut gérer une trentaine de dossiers en même temps.

Chaque fois ou presque, son arrivée, avec ses longs cheveux blonds, son visage juvénile et sa boîte à outils, surprend. « Les gens s’attendent généraleme­nt à voir venir un homme plutôt âgé pour effectuer les prélèvemen­ts », sourit la jeune femme, pas du tout déstabilis­ée par cet étonnement.

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