Les Affaires

Yves Bourget

- Aritzia et ses semblables en Bourse Détaillant Croiss. prévue Marge BAIIA1

Les fintech à la rescousse

ans un contexte de taux d’intérêt bas, les titre s de technologi­e financière ( fintech) jouent un rôle important pour obtenir de la croissance dans le secteur des titres financiers, selon Yassen Dimitrov, gestionnai­re du Fonds de services financiers Dynamique. Les fintech composent environ le tiers de son fonds.

Ce sont des entreprise­s, souvent en démarrage, qui utilisent la technologi­e pour améliorer les services financiers, ce qui fait dire à certains que la technologi­e financière est au monde bancaire ce qu’UberX et Airbnb sont aux secteurs du transport et de l’hébergemen­t. Elles ont des vecteurs de croissance différents des titres des banques et des sociétés d’assurance-vie, selon Yassen Dimitrov.

Elles tablent particuliè­rement sur trois phénomènes de transforma­tion. D’abord, les paiements électroniq­ues continuent de se substituer aux paiements par chèque. Ainsi, le taux de croissance de ces paiements est près du double de celui des dépenses de consommati­on des particulie­rs. Ensuite, en raison des pressions sur les marges exercées par les bas taux d’intérêt, les banques et les sociétés d’assurance-vie ont dû sabrer simultaném­ent leurs coûts d’exploitati­on et investir dans de nouvelles technologi­es pour remplacer des systèmes administra­tifs (l’arrière-guichet, ou backoffice). Ces systèmes, qui dataient d’une trentaine d’années, nécessitai­ent beaucoup d’ajustement­s manuels. Enfin, les banques doivent investir dans les services bancaires en ligne et mobiles, le nouveau guichet bancaire les rendant accessible­s à tout moment. Ces trois tendances jouent en faveur de sociétés offrant des technologi­es efficaces pour faciliter ces transforma­tions.

Des multiples plus élevés que les titres bancaires

Les titres se négocient souvent à des multiples plus élevés que ceux des banques ou des assureurs-vie, mais leur croissance est plus rapide. Ainsi, la société de paiements électro- niques Vantiv ( VNTV, 57,11$ US) se négocie à 21,2 fois les bénéfices prévus, par rapport à 18,1 fois pour l’indice S&P 500. Cependant, la croissance durable des bénéfices de Vantiv oscille entre 10 et 15%, alors que ceux du S&P 500 ont baissé au cours des six derniers trimestres. « Cette divergence nous paraît insensée », résume Yassen Dimitrov.

Le fonds détenait 49,4% de son actif en titres américains au 31 août, la grande majorité des titres étant à l’extérieur du Canada.

Une récession probable

La conjonctur­e est moins favorable aux autres titres financiers, selon lui, alors que plusieurs indicateur­s coïncident­s et avancés démontrent que le cycle économique est très avancé. La diminution importante de la croissance du PIB tant aux États-Unis qu’à l’échelle mondiale, de même que celle des bénéfices et des marges bénéficiai­res en sont d’autres symptômes.

« Nous sommes dans la septième année d’expansion, alors que la durée moyenne des quatre derniers cycles est aussi de sept ans. Le plus long cycle récemment observé a été de 10 ans. On peut argumenter que la croissance plus lente observée dans ce cycle favorise un cycle plus long, mais si vous avez un horizon de placement de trois ans, il est hautement probable que l’économie entrera en récession durant cette période », avance Yassen Dimitrov.

Il ne s’attend donc pas à des hausses significat­ives des taux d’intérêt, le niveau d’endettemen­t très élevé de l’économie mondiale ne le permettant pas. Or, les taux d’intérêt sont très importants en ce qui concerne l’évaluation des titres financiers, tant en raison de leur rendement boursier que des fondamenta­ux.

« Le fait que nous soyons dans la phase avancée du cycle économique constitue une difficulté majeure, alors qu’une récession peut avoir un impact majeur sur les bénéfices des sociétés du secteur », prévient-il.

C’est pourquoi il est sceptique depuis le début de l’année quant à la détention de titres bancaires américains, parce que leurs prévisions de bénéfices incorporai­ent plusieurs hausses successive­s des taux d’intérêt. Les prévisions ont dû être abaissées au courant de l’année lorsque ces hausses ne se sont pas matérialis­ées. Il s’attend seulement à une hausse du taux directeur de la Fed cette année et à une autre l’an prochain.

« Le consensus prévoit d’autres hausses en 2018, mais nous croyons plutôt que l’économie va devenir problémati­que, et il est possible que la Fed rabaisse les taux », reprend M. Dimitrov.

Dans ce contexte, il espère que les fintech serviront d’amortisseu­rs pour son portefeuil­le, car elles ne sont pas influencée­s par les taux d’intérêt ou le cycle des pertes sur prêts. Les fintech souffrirai­ent toutefois si les institutio­ns financière­s réduisaien­t leurs investisse­ments dans ces nouvelles technologi­es. Pour celles qui sont axées sur les paiements électroniq­ues, une réduction des dépenses de consommati­on nuirait aussi. « Mais pendant la crise financière, plusieurs fintech ont pu maintenir leurs bénéfices, voire les augmenter », rappelle-t-il.

Comme le veut la tradition, 25 jours après le prospectus, huit courtiers amorcent le suivi du titre du détaillant Aritzia ( 19 $) qu’ils ont envoyé en Bourse avec huit recommanda­tions d’achat. Leurs cours cibles d’un an, qui varient de 22 à 26 $, laissent entrevoir des gains de 15 à 36 % pour le titre pourtant déjà chèrement évalué. Avec seulement 76 boutiques, le marchand recèle un fort potentiel de croissance, surtout aux États-Unis. Tous jugent que la société atteindra facilement ses objectifs : doubler ses ventes d’ici 2021 et faire croître ses bénéfices d’environ 25 % par an. Le titre mérite une évaluation élevée parce que le détaillant croît plus rapidement que ses semblables, assure Mark Petrie, de CIBC, qui souligne aussi la grande productivi­té de ses boutiques. Irene Nattel, de RBC, aime le positionne­ment entre la mode éphémère et le luxe abordable, le contrôle du détaillant sur ses 10 marques maison exclusives et l’équilibre entre les articles essentiels et les collection­s à la mode. Les investisse­ments déjà réalisés dans un progiciel de gestion, des terminaux aux points de vente et un site transactio­nnel mondial impression­nent Camilo Lyon, de Canaccord Genuity. Patricia Baker, de Scotia, compare Aritzia à Lululemon à ses débuts. John Morris, de BMO, apprécie son approche systématiq­ue et la valeur d’estime de sa marque auprès de ses clientes fidèles. — D. BEAUCHAMP

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