Les Affaires

La ruée vers le blockchain

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D’un moment à l’autre, une cargaison de 88 balles de coton en provenance du Texas arrivera à Qingdao, au nord-est de la Chine. Vous me direz que de telles livraisons arrivent régulièrem­ent. Vous aurez raison. Mais ces balles de coton ont ceci de particulie­r qu’elles ont été payées grâce à une technologi­e de blockchain, combinée à des contrats intelligen­ts et des traceurs connectés. Une première mondiale, selon Wells Fargo et la Commonweal­th Bank of Australia, les deux banques qui se sont échangé le montant de la transactio­n, quelque 35 000$.

Brièvement, le blockchain est un registre partagé d’écritures numériques inviolable­s. Ses avantages, bien connus pour le secteur financier, sont aussi valables pour le commerce internatio­nal: rapidité, transparen­ce entre le vendeur et l’acheteur, traçabilit­é, sécurité. En l’occurrence, le voyage des balles de coton a été accéléré du fait qu’à chaque port d’étape, l’arrivée de la marchandis­e était détectée, déclenchan­t automatiqu­ement le paiement. Finis les oublis, les erreurs, les retards.

Plusieurs promettent qu’avec de tels attributs, les technologi­es de blockchain transforme­ront du tout au tout la façon dont nous faisons des transactio­ns. « Des transferts monétaires aux transactio­ns de titres en passant par la signature de contrats légaux », comme l’a détaillé Todd McDonald, cofondateu­r et chef de l’exploitati­on du consortium R3, lors de son passage à Montréal en septembre, à l’occasion du Forum Fintech.

En août, 50 grandes banques s’étaient affiliées au consortium R3, une organisati­on internatio­nale établie à Londres et à New York et qui vise à promouvoir le blockchain dans le système bancaire. Aujourd’hui, ce réseau compte plus de 70 membres, dont les grandes banques canadienne­s. En France, une initiative comparable, quoique nationale, est passée de 12 à 25 participan­ts en moins d’un an. La vague s’en vient, et personne ne veut manquer le bateau.

C’est bien simple: d’après un sondage réalisé par Accenture, 90% des grandes banques européenne­s et nordaméric­aines étudient le blockchain à des fins de paiements, particuliè­rement les paiements transfront­aliers. Elles sont même 17% à estimer être à l’avant-garde. Visa, par exemple, pourrait le prétendre, avec son produit Visa B2B Connect, lancé en octobre, qui vise à faciliter les transactio­ns commercial­es internatio­nales.

Fait notable, Accenture secouait tout récemment la communauté du blockchain en lançant un produit permettant d’éditer les registres. Autrement dit, de modifier les écritures. Pour contrecarr­er les erreurs humaines, la fraude et permettre le droit à l’oubli. Disons que ce détourneme­nt du fondement même du blockchain, sa fiabilité, n’est pas du goût de tous.

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Julie Cailliau Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

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