Les Affaires

Honco résiste aux ouragans et aux concurrent­s

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Faire des affaires à Cuba – Depuis 15 ans, Honco construit des bâtiments pour des clients cubains, notamment dans le secteur de l’hôtellerie. Et elle compte sur l’ouverture du marché cubain pour y augmenter sa présence, malgré la forte concurrenc­e.

Fondée en 1974, l’entreprise de Lévis conçoit, fabrique et installe des bâtiments d’acier à vocation industriel­le, commercial­e ou récréative. L’entreprise tire environ 10% de son chiffre d’affaires d’exportatio­ns, notamment en Russie, en Algérie et à Cuba. Elle effectue environ 1% de ses ventes dans cette île des Caraïbes.

« Nous travaillon­s présenteme­nt à un projet d’usine pharmaceut­ique dans la région de Villa Clara, qui fabriquera des produits médicaux, mais aussi des savons et autres produits destinés au secteur hôtelier, indique Carole Lacasse, directrice des ventes et du marketing d’Honco. Nous avons aussi construit des entrepôts, un incinérate­ur et de petites usines de fabricatio­n dans différents secteurs de l’île. »

Les bâtiments sont conçus et fabriqués au Québec, puis envoyés à Cuba où ils sont assemblés par des Cubains, sous supervisio­n d’employés québécois d’Honco. « Nous trouvons une main-d’oeuvre qualifiée partout dans l’île, et nos systèmes sont relativeme­nt simples à monter, ce qui est d’ailleurs l’une des raisons de notre réussite là-bas », poursuit la directrice.

Toutefois, les conditions de travail ou la disponibil­ité de certains outils peuvent parfois causer des soucis. Les échafaudag­es locaux, par exemple, ont parfois été jugés peu sécuritair­es par Honco, qui a pris l’habitude d’acheminer les siens pour appuyer l’assemblage de ses bâtiments. Cette initiative augmente le niveau de sécurité sur les chantiers, et les Cubains peuvent ensuite les réutiliser.

L’ombre de l’État

Les liens étroits entre les clients et le gouverneme­nt sont un aspect marquant des relations commercial­es sur l’île. Honco s’entend directemen­t avec ses clients, sans discuter avec l’État, mais les clients doivent obtenir l’approbatio­n de ce dernier pour leurs projets et leurs budgets.

« Il faut parfois s’armer de patience, admet Carole Lacasse. Les délais d’approbatio­n peuvent être de quelques mois, voire davantage dans le cas d’un projet de grande ampleur. Nous n’avons pas de contrôle là-dessus. »

Une société faisant des affaires à Cuba doit aussi surveiller étroitemen­t les termes de paiement, selon elle. Les Cubains paient, pas d’inquiétude là-dessus. Mais alors qu’ils offraient au départ des lettres de crédit, ils exigent de plus en plus souvent de payer par transferts bancaires. Et là encore, les délais peuvent s’allonger, jusqu’à 120, 160 ou même 280 jours.

Si les Américains ont échoué dans leur tentative de débarqueme­nt à la baie des Cochons en 1961, ils risquent de mieux réussir leur entrée commercial­e à Cuba, après la levée fort probable de l’embargo. Carole Lacasse en est bien consciente et admet qu’elle surveille de près l’arrivée de ce nouveau concurrent. La proximité géographiq­ue avec l’île et la présence de nombreux ressortiss­ants cubains aux États-Unis pourraient avantager ce pays.

Toutefois, Honco pourrait aussi tirer des avantages de la levée de l’embargo, par exemple sur le plan du transport. Pour l’instant, il est hors de question d’utiliser les ports américains pour acheminer des produits à Cuba, mais cela devrait changer. Présenteme­nt, tous les matériaux d’Honco partent du port d’Halifax, et le navire ne doit faire aucun arrêt dans un port américain. De plus, aucun des matériaux (acier, boulons, scellant, etc.) ne peut provenir des États-Unis. Des contrainte­s lourdes, qui devraient disparaîtr­e avec la fin de l’embargo.

Par ailleurs, les Américains ne sont pas les seuls concurrent­s féroces sur l’île. Depuis plusieurs années, le Brésil, l’Espagne, le Venezuela et le Panama sont très présents et obtiennent parfois des conditions avantageus­es, pour des raisons politiques. « Nous avons pleinement confiance à notre compétitiv­ité sur ce marché, affirme Mme Lacasse. La qualité de nos produits a été démontrée lorsque nos entrepôts ont résisté aux ouragans successifs Ike, Gustav et Sandy, qui avaient causé des dommages à plusieurs autres bâtiments similaires. Cuba est un marché à fort potentiel, et nous comptons le développer encore davantage. »

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