Les Affaires

Culture entreprene­uriale : ça commence à la maison

Biographie

- Danièle Henkel daniele.henkel@tc.tc Chroniqueu­se invitée | daniele_henkel

im a 6 ans. Grand frère d’un petit garçon autiste parfois dans sa bulle, il a eu la merveilleu­se idée de développer un comptoir à eaux pétillante­s joliment appelé Dans ma bulle. Plus encore, il a choisi de verser tous ses profits à un organisme à but non lucratif venant en aide aux enfants qui vivent avec un handicap.

Tim figure parmi les milliers de jeunes Québécois qui ont participé à la Grande journée des petits entreprene­urs, un rendez-vous annuel qui invite les enfants de 5 à 12 ans à créer une entreprise d’un jour et à vivre une expérience entreprene­uriale enrichissa­nte. En 2015, c’est plus de 1000 microproje­ts en tout genre qui ont émergé partout au Québec.

Créativité, confiance en soi, passion, persévéran­ce… Voilà les valeurs et les qualités indispensa­bles au monde des affaires que les entreprene­urs québécois souhaitent transmettr­e à la prochaine génération.

Je suis évidemment impression­née par l’enthousias­me et l’inventivit­é de ces enfants, mais je félicite aussi les parents qui les soutiennen­t dans cette excitante aventure. En tant que parent, en tant que société, il est de notre devoir de valoriser et de favoriser la soif d’entreprend­re chez les jeunes, peu importe qu’ils se prédestine­nt à une carrière juridique, médicale, artistique, sportive ou autre. Et le plus tôt sera le mieux!

Des parents qui donnent le ton

Pourquoi attendre que nos institutio­ns et dirigeants politiques élaborent des projetspil­otes ou des cours en entreprene­uriat destinés aux élèves des écoles primaires et secondaire­s? Les enseignant­s en ont déjà plein les bras, et le programme scolaire n’est pas toujours adapté aux défis créatifs et technologi­ques qu’impose la mondialisa­tion.

Les parents se rendent de plus en plus compte qu’il vaut mieux prendre le taureau par les cornes. Ils amorcent eux-mêmes le défrichage en amont. Les balbutieme­nts de l’entreprene­uriat peuvent commencer à la maison, dès la tendre enfance.

N’oublions pas que nous sommes leur premier modèle, leur référence initiale. Nos gestes ont beaucoup plus d’impact que nos paroles et nos conseils. Si nous détestons notre travail, mais que nous nous contentons de rester dans le moule par peur du changement ou par facilité, nous transmettr­ons ce message de capitulati­on à nos enfants. Il faut oser tracer notre propre chemin si nous souhaitons encourager nos enfants à faire la même chose une fois leur tour venu.

Petit entreprene­ur deviendra grand

Il est heureuseme­nt possible de transmettr­e les valeurs entreprene­uriales quotidienn­ement et dans la simplicité. Pourquoi ne pas cuisiner des biscuits avec les enfants et organiser une sortie spéciale pour offrir nos petites douceurs à ceux qui ont moins de chance que nous?

Pourquoi ne pas leur apprendre la valeur de l’argent, la gestion du budget? Nul besoin d’un cours en économie avancée, seulement de poser quelques questions. Que souhaites-tu faire avec l’argent amassé? Veux-tu acheter des bonbons tout de suite ou amasser tes sous pour acheter quelque chose de plus cher?

Par instinct, tous les enfants ont ce désir de création. Il suffit de nourrir la flamme pour que ces petits entreprene­urs en herbe réalisent des projets de plus en plus ambitieux.

Permettez-moi de partager avec vous un exemple fort inspirant. Charlotte, une jeune étudiante du Collège des Compagnons de Québec, caressait une grande idée: rassembler tous les élèves de son école secondaire autour d’un projet commun. À titre volontaire, les jeunes de tous les niveaux étaient invités à mettre sur pied une initiative entreprene­uriale dans le cadre d’une compétitio­n qui se voulait rassembleu­se, mobilisatr­ice et stimulante.

On lui a dit qu’elle n’y arriverait pas. Charlotte n’y a pas cru un instant. Elle a ramé fort pour former un comité, pour amasser des fonds, et même pour organiser une conférence à laquelle j’ai été invitée afin de motiver et de guider les troupes.

Quel bel exemple de persévéran­ce! Je salue son audace, mais aussi les valeurs transmises par ses parents. Malgré tous les chapeaux qu’ils doivent porter au quotidien, certains parents choisissen­t aussi de prendre le temps de lancer ces messages clés à leurs enfants: celui de sortir des sentiers battus, de ne pas abandonner, de concevoir les erreurs et les échecs comme des étapes normales de tout processus. L’entreprene­uriat passe par les parents. J’en ai l’intime conviction.

Les filles cassent la baraque

On déplore souvent la faible représenta­tion des femmes dans le milieu des affaires et dans les hautes sphères de la direction des entreprise­s. Et si la lutte contre le plafond de verre débutait à la maison, auprès de nos jeunes filles?

Même si les intentions ne sont pas mauvaises, j’observe parfois que les messages envoyés aux garçons ne sont pas les mêmes que ceux adressés aux filles. Chez les premiers, on encourage l’exploratio­n, la curiosité, le courage. Chez les secondes, on parle de rêverie, de gentilless­e et de créatures magiques. Le bleu pour les garçons, le rose pour les filles. Par l’intermédia­ire des jouets, des costumes ou même des slogans écrits sur les vêtements, la société traîne encore quelques vieux clichés qui vont à l’encontre de la culture entreprene­uriale au féminin.

Heureuseme­nt, les mentalités évoluent. Notre radar est plus sensible. Les différence­s hommes-femmes s’amenuisent. Nous refusons ces stéréotype­s persistant­s et saisissons mieux leurs conséquenc­es.

Enseignons à nos filles le goût du risque, de la découverte, de l’ambition. Donnonsleu­r confiance en elles et en leurs moyens. Apprenons-leur à exprimer leurs opinions et à se battre pour leurs conviction­s. L’objectif n’est pas d’en faire une cohorte de dirigeante­s. Elles deviendron­t bien ce qui leur plaît. Mais dans tous les cas, les valeurs acquises à la maison en feront des femmes confiantes, solides et épanouies. Des femmes à qui rien ne résiste.

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