LITTERATIE FINANCIERE: LES LECONS DU PROF BOURGET, L'INSTIGATEUR DE BOURSTAD
Quelque 1 600 élèves du secondaire et 900 du collégial ont fait fructifier des magots de 200 000 $ le printemps dernier. Pas pour vrai, évidemment ! Ils participaient à la simulation Bourstad, qui fêtera son 30e anniversaire en février 2017. Pendant neuf semaines, ils achètent et vendent, de façon fictive, actions, obligations, options et autres instruments financiers. Certains y découvrent une passion, voire une future carrière. Tous y gagnent une meilleure connaissance du fonctionnement de la Bourse.
Si Bourstad existe, c’est grâce à un homme aussi efficace que discret : Paul Bourget. Un enseignant qui aurait pu se contenter de donner des cours de finance et de marketing pendant ses 35 ans au Collège de Rosemont. Au lieu de ça, il a construit une plateforme qui rejoint maintenant 38 écoles secondaires, 28 cégeps et quelques centaines de personnes du grand public, dont plusieurs étudiants universitaires.
« Il a été un précurseur, un visionnaire. L’intérêt pour la Bourse a beaucoup augmenté depuis 30 ans, mais il n’y avait pas ou peu d’outils de simulation au début », indique Mélanie Gingras, une professeure d’économie au secondaire qui fait participer ses élèves depuis le début des années 1990.
Paul Bourget a toujours baigné dans la finance. Tout jeune, il en discute avec son père, un bûcheron converti en vendeur d’assurances, puis en gérant de succursales pour Canada-Vie. Curieusement, quand vient le moment de choisir sa spécialité à HEC Montréal, le jeune homme opte pour le marketing, « attiré par le monde des idées et de la création ».
Sa passion pour la finance le rattrape rapidement. Dès la deuxième session après son embauche, en 1975, le Collège de Rosemont lui offre de donner un cours de placement en valeurs mobilières. Il met alors sur pied un club de placement, une formule intéressante, mais complexe à gérer avec des étudiants qui arrivent et partent régulièrement.
Un retraité actif
En quête d’un outil plus flexible, qui permettrait à chaque étudiant de partir de zéro et d’expérimenter sa propre courbe d’apprentissage, il crée la première mouture de Bourstad en 1987. D’abord seulement pour ses élèves, puis pour tous ceux qui s’y intéressent au Collège de Rosemont. Cinq ans plus tard, appuyé par sa direction, il approche quatre collèges, puis des écoles secondaires voisines.
« La passion de Paul pour l’éducation financière est contagieuse », souligne Waguih Laoun, un enseignant du Collège Ahuntsic qui a rédigé pendant plus de 20 ans des documents pédagogiques offerts aux participants de Bourstad.
Paul Bourget a aussi apprivoisé une bibitte plutôt nouvelle à l’époque : la technologie. Si les premières transactions étaient inscrites sur des formulaires, authentifiés par un horodateur et compilés à la main, il a rapidement cherché le moyen d’automatiser le processus. Quitte à retourner sur les bancs d’école, à l’Université McGill, pour effectuer un MBA en technologies de l’information et finance !
« C’est un homme remarquable. Il a vu les lacunes chez ses étudiants et il a foncé dans la technologie, qu’il a rendue ludique grâce à ses efforts », dit Claude Montmarquette, qui était pdg de Cirano lorsque l’organisme a noué son partenariat avec Bourstad.
Même s’il est retraité depuis 2010, Paul Bourget travaille activement à la nouvelle plateforme technologique de Bourstad. « Je n’ai pas pris ma retraite pour arrêter, ça c’est certain ! » affirmet-il avec entrain. Au contraire, il se réjouit d’avoir plus de temps et de ressources. « Il y a d’importants besoins en littératie financière au Québec. Quand on voit les témoignages des participants à Bourstad, ça motive à continuer ! »