Les Affaires

FAIRE DES AFFAIRES SOUS LE SOLEIL DE CUBA

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Faire des affaires à Cuba – Le réchauffem­ent des relations entre Cuba et les États-Unis, et l’éventuelle levée de l’embargo qui dure depuis plus de 50 ans créent un engouement croissant pour cette île des Caraïbes, qui ouvre de plus en plus grandes ses portes au commerce internatio­nal et aux investisse­ments étrangers. Les occasions d’affaires – et les embûches – y sont nombreuses.

« Le marché cubain présente un fort potentiel de croissance, et ce, dans plusieurs domaines. Mais l’absence de concurrenc­e américaine ne devrait pas durer encore très longtemps. Mieux vaut en profiter rapidement », dit Veronica Acuña, conseillèr­e en affaires internatio­nales à la direction des marchés de l’Amérique latine, de l’Afrique et du Moyen-Orient du ministère québécois de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI).

Sans compter que plusieurs autres pays déploient aussi des efforts importants pour s’assurer une place au soleil dans ce marché de plus de 11 millions d’habitants qui a longtemps été isolé économique­ment. « Pendant notre séjour à Cuba, nous avons croisé des délégation­s venues du Vietnam et du Panama », indique Mme Acuña, qui accompagna­it une délégation québécoise composée d’une quarantain­e d’entreprise­s et d’organisati­ons, en septembre.

Or, le ministère s’attendait initialeme­nt à piloter une mission d’une douzaine d’entreprise­s seulement. « Cela montre l’intérêt grandissan­t pour ce marché. Le Québec est bien placé pour profiter de la relance économique de Cuba, en vertu de son expertise dans certains secteurs d’activité, mais aussi d’un préjugé favorable, alors que le Canada n’a jamais rompu ses relations diplomatiq­ues », souligne Rafael Sanchez, qui dirige l’équipe économique se consacrant aux marchés de l’Amérique latine, de l’Afrique et du Moyen-Orient du MESI.

Nancy Lussier, vice-présidente de l’exportateu­r de camions lourds et de pièces Terracam Équipement, fait écho à ces propos. « Les Cubains nous connaissen­t très bien, comme touristes et comme gens d’affaires. Ils apprécient la culture des entreprise­s d’ici, souvent familiales, qui n’hésitent pas à partager leurs connaissan­ces », dit la dirigeante de cette division du Groupe Lussier qui brasse des affaires avec Cuba depuis 25 ans.

Pour l’heure, les échanges économique­s entre le Québec et Cuba sont modestes, mais en croissance. Au cours des cinq dernières années (de 2011 à 2015), la valeur des échanges commerciau­x entre les deux partenaire­s est passée de 67,8 à 85,6 millions de dollars, ce qui représente une augmentati­on de 26,3 %. Durant cette période, les exportatio­ns (84 M$) ont très largement surpassé les importatio­ns.

L’ouverture du marché cubain et la fin progressiv­e de l’embargo amènent de nouvelles possibilit­és de développem­ent économique. « Une période de prospérité s’amorce. Il y aura davantage de touristes, et les Cubains auront plus d’argent pour acheter davantage de pro- duits », fait valoir Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.

Des secteurs demandés

Des entreprise­s québécoise­s des industries de la constructi­on, des sciences de la vie, des technologi­es de l’informatio­n, de l’agroalimen­taire et du tourisme participai­ent à la mission économique du gouverneme­nt québécois.

L’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) en a profité pour conclure une entente de collaborat­ion avec le ministère cubain du Tourisme. Cet accord, qui s’échelonner­a sur une période de 8 à 10 ans, vise à perfection­ner la main-d’oeuvre de ces deux secteurs d’activité à Cuba.

Le secteur énergétiqu­e pourrait aussi profiter des besoins grandissan­ts à Cuba. « Le gouver- nement a fait de l’énergie un secteur prioritair­e de développem­ent. Le créneau des énergies renouvelab­les a un grand potentiel, notamment l’utilisatio­n de la biomasse à partir des résidus de canne à sucre », indique M. Sanchez.

Les besoins en infrastruc­ture sont aussi pressants. « Beaucoup d’infrastruc­tures cubaines devront être construite­s ou rénovées », note Michel Leblanc. Le Québec et la région de Montréal comptent aussi des « fleurons du secteur du divertisse­ment qui pourraient faire leur marque à Cuba ».

Création d’une zone franche

À partir de 2011, avant le rapprochem­ent avec les États-Unis, Cuba a adopté de nouvelles politiques afin d’établir une économie de marché plus décentrali­sée et d’attirer davantage d’investisse­ments étrangers. Cuba a du même coup annoncé la création d’une zone spéciale de développem­ent industriel et logistique au port de Mariel. Cette sorte de zone franche de 465 kilomètres carrés, située à 45 km à l’ouest de La Havane, accueille des entreprise­s étrangères qui veulent implanter des centres de production ou de distributi­on sur l’île cubaine.

Terracam, qui compte déjà des bureaux administra­tifs à La Havane, envisage d’ailleurs de s’y installer. « Nous sommes en discussion pour implanter un centre de services et de dépôt de pièces pour les véhicules lourds, une école de mécanique, et pour faire la remise à neuf de moteurs », précise Mme Lussier.

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