DES IDÉES BUDGÉTAIRES POUR NOS GOUVERNEMENTS
Le gouvernement fédéral doit réduire le loyer qu’il réclame aux aéroports situés près de la frontière américaine et même faciliter leur privatisation, comme cela se fait en Europe et ailleurs.
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Grâce au programme Adopte inc., instauré par Nicolas Duvernois (Pur Vodka), Anne Marcotte ( Vivemtia) et Philippe de Gaspé Beaubien III, cinq jeunes entrepreneurs seront suivis et appuyés pendant un an par quatre entrepreneurs exceptionnels et un gestionnaire chevronné, soit Alain Bouchard (Couche-Tard), Éric Boyko (Stingray), Philippe de Gaspé Beaubien III, Pierre Pomerleau (Pomerleau) et Guy Cormier (Desjardins). Les jeunes entrepreneurs recevront 24 000$, des conseils et de la formation.
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Loto-Québec maintient dans ses livres une dette à court terme de 451 M$, contractée auprès de la Caisse de dépôt et placement. De plus, elle affichait au 31 mars dernier un déficit de son fonds de roulement de 620 M$. Autrement dit, Loto-Québec emprunte pour verser un dividende (1,2 milliard de dollars en 2015-2016) au gouvernement du Québec.
C’est le temps de l’année où nos gouvernements mènent des consultations en vue des budgets qu’ils nous présenteront l’hiver prochain. Voici quelques idées à l’intention de nos leaders politiques.
1. Le développement spectaculaire du commerce électronique (Amazon, Netflix, Google, Facebook, etc.) et de l’économie du partage (Uber, Airbnb, etc.) affaiblit l’assiette fiscale de nos gouvernements et leur fait perdre des centaines de millions de revenus de TPS et de TVQ. Non seulement ces multinationales étrangères évitent de payer leur dû grâce à des structures situées dans des paradis fiscaux, mais elles livrent une concurrence déloyale à nos commerçants. Autre effet pervers majeur, le fardeau fiscal duquel elles se soustraient retombe sur tous les contribuables, qui seront toujours moins nombreux pour payer les services publics. Le laisser-aller des gouvernements est tout simplement irresponsable.
2. Malgré le faible taux de change du dollar canadien (environ 0,75$ US), nos manufacturiers en arrachent de plus en plus. Les mesures destinées à améliorer leur productivité et à les aider à exporter sont pertinentes, mais il faut aussi encourager davantage l’innovation et la R-D.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Canada est passé du 3e rang en 2006 au 7e rang en 2014 pour les dépenses de R-D faites dans les universités en proportion du PIB. Quant aux dépenses en R-D des entreprises, le Canada a chuté du 18e au 25e rang au cours de la même période. Selon l’Industrial Research Institute, l’effort de R-D du Canada représentait 1,8% de son PIB en 2015, comparativement à 4% en Corée du Sud, 3,9% en Israël, 3,6% en Finlande, 3,4% en Suède et au Japon, 2,9% en Suisse et en Allemagne, et 2,8% en Autriche et aux États-Unis.
Il faut encourager davantage les partenariats publics-privés en R-D et prioriser les secteurs où nous avons une solide expertise, notamment l’aéronautique, les sciences de la vie, les technologies d’information et de la communication, les technologies environnementales et l’automatisation.
3. La philanthropie est fortement en déclin au Canada et elle l’est encore plus au Québec. Quelques chiffres alarmants: selon la dernière étude de Statistique Canada à ce sujet (réalisée en 2010), le don de bienfaisance moyen d’un Québécois était de 208$, et celui d’un Canadien, de 446$. Par ailleurs, d’après une étude de l’Institut Fraser, seulement 20% des contribuables québécois ont déclaré au fisc un don en 2013 (735$ en moyenne), par rapport à 22% des Canadiens (don moyen de 1 574$) et à 25% des Américains (don moyen de 5 342$).
Puisque l’État manque d’argent pour payer les programmes sociaux et que les organismes communautaires ont de plus en plus de difficulté à se financer, il est devenu essentiel d’accroître le crédit d’impôt sur les dons.
4. Étant donné que plusieurs médias écrits sont sur le mode de la survie en raison de l’effondrement de leurs ventes publicitaires au profit de géants Internet comme Google et Facebook – lesquels échappent au fisc canadien–, il serait opportun que nos gouvernements leur viennent en aide, notamment pour faciliter leur transition vers des versions numériques. Comme Radio-Canada, qui recevra 675 millions de dollars d’ici 2021 pour faciliter son virage, les médias écrits sont eux aussi à la fois d’importants producteurs d’information et des outils indispensables à la protection d’une démocratie en bonne santé.
5. Le gouvernement Couillard a réduit de façon radicale des services cruciaux pour des clientèles défavorisées, malades et en difficulté d’apprentissage. Ces services doivent être rétablis de façon prioritaire. Du fait que le gouvernement a déjà distribué les 2,2 milliards de dollars de surplus réalisés en 2015-2016, qu’il a éliminé la contribution santé (une valeur de 760 M$) et qu’il ne prévoit aucun excédent pour les années subséquentes, il doit résister à la tentation de baisser les impôts pour ne pas mettre en péril son plan de réduction de la dette brute.
6. En plus des efforts fournis pour accroître l’immigration, les gouvernements doivent redoubler d’énergie pour faciliter leur intégration, simplifier le processus de recrutement des travailleurs étrangers temporaires, et encourager la venue et la rétention d’étudiants étrangers.
7. Les aéroports situés près de la frontière américaine sont très désavantagés par les coûts énormes que leur fait supporter le gouvernement fédéral. L’État doit réduire le loyer qu’il leur réclame et même faciliter leur privatisation, comme c’est le cas en Europe et ailleurs.
8. Le fait que Montréal et Québec aient des obligations de nature nationale et qu’elles ne bénéficient que d’une source de revenus, la taxation foncière, les amène à taxer abusivement les entreprises, qui croulent sous le fardeau qui leur est imposé. Il importe de rééquilibrer cette fiscalité, ce qui ne peut se faire qu’avec la participation financière du gouvernement du Québec.