Les Affaires

Le Québec a de plus en plus d’appétit pour l’entreprene­uriat

- René Vézina vezinar

En 2009, 7% des Québécois se disaient intéressés à se lancer en affaires en créant une entreprise.

Aujourd’hui, sept ans plus tard, ce taux a triplé. Il s’établit maintenant à 21 %.

C’est là un bond spectacula­ire, signale la Fondation de l’entreprene­urship du Québec, et elle a bien raison.

En collaborat­ion avec la firme Léger, elle vient tout juste de dévoiler lors d’un événement spécial son Indice entreprene­urial québécois 2016, en collaborat­ion avec la Caisse de dépôt et placement du Québec et l’Institut d’entreprene­uriat Banque Nationale – HEC Montréal.

J’en animais la présentati­on et je me trouvais donc aux premières loges pour réaliser à quel point, collective­ment, nous sommes en train de changer d’attitude à l’égard de l’entreprene­uriat. On voit apparaître toutes sortes d’entreprene­urs, certains férus de hautes technologi­es, d’autres plutôt tournés vers l’entreprene­uriat social, le secteur des services, le commerce en ligne ou tout ce qui se rattache de près ou de loin au monde des affaires.

Vous doutez de cette évolution de la perception des Québécois face à l’idée même de l’entreprene­uriat ? Sachez que les données de l’Indice de la Fondation de l’entreprene­urship rejoignent ce que révélait il y a quelques semaines la plus récente livraison du Global entreprene­urship monitoring (GEM), maintenant sous la gouverne de l’UQTR pour son volet québécois. Il en a été question dans cette rubrique à la mi-octobre (« Le Québec au tableau d’honneur de l’entreprene­uriat mondial », le 15 octobre).

En résumé, on y apprenait qu’environ un Québécois sur huit (13,5 %) pouvait être qualifié d’entreprene­ur émergent s’étant effectivem­ent lancé en affaires. C’est le pourcentag­e le plus élevé de toutes les économies développée­s sur la planète!

Les jeunes de 18 à 24 ans sont particuliè­rement fonceurs, mais ils ne sont pas les seuls : les gens de 25 à 54 ans sont aussi au sommet du classement mondial pour ce qui est de leur activité entreprene­uriale émergente.

Oui, malgré le scepticism­e, voire l’incrédulit­é avec lesquels ces résultats ont parfois été accueillis, notre population est devenue une des plus entreprena­ntes du monde!

L’Indice que vient tout juste de présenter la Fondation renforce cette conviction avec un ensemble de données particuliè­rement instructiv­es en ce qui concerne cette fois-ci les intentions.

Plus de 42 % des jeunes de 18 à 34 ans songent à se lancer en affaires;

Le tiers des immigrants (32,3 %) ont le même projet;

Les hommes sont encore davantage enclins à envisager l’entreprene­uriat que les femmes, à 25,9 % par rapport à 16,3 %.

On dit d’ailleurs que c’est notamment par elles que passera le prochain élan entreprene­urial du Québec, puisqu’à cet égard, leur potentiel est loin d’avoir été pleinement mis en valeur. Surtout quand on considère qu’elles sont maintenant en majorité dans les écoles de gestion partout au Québec.

Et le Réseau M, né de la Fondation de l’entreprene­urship, constitue un des plus formidable­s atouts dont nous disposions pour soutenir les nouveaux entreprene­urs. M vaut pour mentors et mentorés.

Les mentors sont des gens d’affaires, des pro- fessionnel­s ou d’autres personnes rompues aux enjeux entreprene­uriaux (et souvent retraitées) qui accompagne­nt bénévoleme­nt de nouveaux entreprene­urs, non pas pour leur dire quoi faire, mais d’abord pour les assister lorsqu’on le leur demande.

Au dernier décompte, le Réseau M comptait au Québec quelque 1 500 mentors actifs pour 3 700 mentorés. À cet égard, le Québec est à juste titre reconnu comme un modèle partout au Canada. Ces gens d’expérience peuvent souvent faire la différence.

C’est Charles Sirois, président du conseil de la Fondation (et président du conseil de Telesystem), lui-même entreprene­ur émérite, qui le faisait remarquer en ouverture de l’événement. Une majorité de nouvelles entreprise­s, environ 58 %, ne réussissen­t pas à survivre au moins cinq ans après leur création. Mais si elles sont accompagné­es par des mentors, leur taux de survie double !

Il reste encore beaucoup de chemin à faire, beaucoup de complexes à éliminer, mais nous avons toutes les raisons de nous en féliciter : de plus en plus de gens, chez nous, ont décidé de prendre leur destinée en mains. Le Québec peut, et devrait, s’en réjouir.

Un nouveau fonds Desjardins pour le Québec

Directrice­s et directeurs de caisses populaires et de centres financiers aux entreprise­s, mieux vaut vous préparer!

Si les voeux du nouveau président du Mouvement, Guy Cormier, se réalisent, vous allez bientôt recevoir de nombreuses demandes d’ouverture de dossier par des gens avec qui vous traitez, qui vont vouloir profiter du tout nouveau fonds de développem­ent nanti d’une enveloppe de 100 millions de dollars sur trois ans, que vient de lancer Desjardins.

Le fonds veut appuyer des initiative­s qui visent à améliorer la vie des communauté­s, que ce soit pour stimuler l’entreprene­uriat, le soutien aux personnes âgées, le transfert d’entreprise­s agricoles, bref, n’importe quoi qui puisse insuffler localement de l’énergie et dynamiser l’économie de ces milieux.

Ce sont les institutio­ns locales qui canalisero­nt les demandes et qui auront pour tâche d’aider à monter un dossier convaincan­t.

Guy Cormier ne veut surtout pas associer cette initiative à une sorte de prix de consolatio­n pour des régions qui ont parfois vu Desjardins réduire sa présence en fermant des caisses ou des points de service. Pour lui, c’est essentiell­ement là une mesure qui vient prolonger l’engagement du mouvement partout au Québec ainsi qu’en faveur des territoire­s servis par les caisses en Ontario.

Il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais le Québec peut se réjouir du bond de l’intention entreprene­uriale de ses citoyens.

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