Les Affaires

Propulsée par l’énergie du changement

MICHÈLE BAZIN — PRIX RÉALISATIO­NS

- Caroline Larocque-Allard redactionl­esaffaires@tc.tc

L’expression « touche-à-tout » vient à l’esprit dès qu’on examine le parcours de Michèle Bazin. « Je me fatigue vite de la routine. Il faut toujours qu’il y ait un processus de création quelque part. Ce qui m’anime, c’est de bouger et de voir changer les choses », dit-elle.

On a donc rarement vu Michèle Bazin plus de 5 ans au même endroit en 40 ans de carrière : cofondatri­ce d’une boîte de communicat­ions, conseillèr­e stratégiqu­e de grandes entreprise­s, attachée de presse à l’Assemblée nationale, auteure de romans et de plus de 200 textes pour la télévision, viceprésid­ente, affaires publiques, au Festival Juste pour rire, directrice générale des magazines chez Québecor, engagée auprès d’un observatoi­re sur la violation des droits de l’homme en Irak en 1991 et, aujourd’hui, vice-présidente, affaires publiques, du Conseil du patronat du Québec (CPQ).

« On ne peut pas être faite comme moi et avoir aussi l’ambition de monter en grade. C’était plus difficile d’assumer cette partie de moi à une autre époque, alors qu’on valorisait surtout les gens qui visaient les postes stratégiqu­es d’une entreprise. Aujourd’hui, heureuseme­nt, le succès a de nombreux visages », explique-t-elle. Brasser le magma On connaît Michèle Bazin pour sa longue feuille de route en relations publiques. « Quand j’ai commencé, dans les années 1970, il y avait très peu de femmes dans le domaine. Il n’y avait pas beaucoup d’hommes non plus, parce que c’était nouveau ; on avait l’impression de vendre de l’air quand on parlait de faire des relations publiques ! Les gens nous regardaien­t avec de grands yeux ! Aujourd’hui, c’est une évidence. »

Michèle Bazin s’implique aussi dans plusieurs regroupeme­nts sectoriels qui touchent à ses diverses profession­s. « Quand ça stagne, je ne peux pas attendre que d’autres brassent le magma. C’est souvent trop long pour moi ! Il faut que j’y mette le nez ! »

Elle a été membre de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec, de la Commission sur la télévision au Canada, a siégé dans divers comités consultati­fs en communicat­ions, en affaires publiques, dans les conseils d’administra­tion d’organismes communauta­ires, aux Rendez-vous du cinéma québécois, au Quartier des spectacles et à Tourisme Montréal. Échapper au syndrome de l’imposteur « J’ai toujours adoré côtoyer des femmes énergiques. Ça me donne envie à mon tour de par- ticiper, d’avoir droit de regard et de parole, souligne-t-elle. Je viens d’une famille de gars, et mon père, le dimanche soir, nous demandait notre avis sur toutes sortes de sujets. On m’écoutait et on valorisait mes idées, autant que celles de mes frères. »

Malgré ce bagage, la confiance en soi, pour elle, s’acquiert à force d’être active en société. « Au début d’une carrière, on a souvent l’impression d’être un imposteur. À une époque, le fait même d’être une femme pouvait renforcer ce sentiment. J’étais obligée de dire que mon mari ou mon père pensait que… parce que j’avais constaté qu’on m’écoutait moins si je m’appropriai­s mes idées. Je me demandais si j’aurais à m’excuser toute ma vie ! »

« Ça fait très longtemps de ça ; je suis devenue affirmée et très spontanée avec le temps ! C’est crucial d’apprendre à être à l’aise avec ce qu’on a à dire et à demander pour être capable d’avancer. C’est pourquoi, en politique comme dans la vie, j’ai voulu pousser les femmes vers le haut. »

L’entreprene­uriat comme valeur sociétale

Michèle Bazin est soulagée que les femmes n’aient plus à gérer « comme les hommes ».

« Des Donald Trump, il y en avait beaucoup, jadis ! C’était ça, être un leader en affaires. Si une femme voulait être gestionnai­re, elle devait donc s’adapter à cette culture. Aujourd’hui, on s’indigne de ce genre de personnage­s qui ont déjà suscité l’admiration. Les jeunes hommes ne sont plus gênés de laisser transparaî­tre leurs qualités d’écoute et de sensibilit­é. »

Perpétuel agent du changement, Michèle Bazin a depuis deux ans un autre cheval de bataille : la campagne Prospérité.Québec du CPQ, qui souhaite mettre en avant l’entreprene­uriat comme valeur sociétale. « J’ai toujours eu une admiration sans nom pour les entreprene­urs qui réussissen­t à concrétise­r leurs idées et à faire travailler les autres sur ces mêmes idées. »

À 70 ans, Michèle Bazin croit toutefois que la fonction qu’elle assume présenteme­nt au CPQ sera sa dernière. « Je poursuivra­i des engagement­s bénévoles et je continuera­i certaineme­nt à écrire, car j’y trouve mon équilibre. Cependant, je veux apprendre à faire l’éloge de la lenteur et à être dans l’action autrement. Vieillir a du bon : mon corps est plus fragile, mais dans ma tête, je suis plus sereine que jamais. Et quand je fais un choix, je ne regarde plus en arrière. »

« C’est crucial d’être à l’aise avec ce qu’on a à dire et à demander pour être capable d’avancer. C’est pourquoi, en politique comme dans la vie, j’ai toujours poussé les femmes vers le haut. » – Michèle Bazin, vice-présidente, affaires publiques, du Conseil du patronat du Québec

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« J’ai toujours adoré côtoyer des femmes énergiques. Ça me donne envie à mon tour de participer, d’avoir droit de regard et de parole », dit Michèle Bazin.

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