Les Affaires

Si j’avais pu mieux me tromper

-

Ma pire erreur boursière a été commise... par quelqu’un d’autre. Mon conjoint a perdu 2 000$ en investissa­nt dans Bombardier ( BBD.B, 1,81 $). Il a « pris pour du cash » une réflexion maladroite que j’aurais dû garder pour moi. Il s’en est mordu les doigts; et moi, je me suis mordu la langue.

Les faits embarrassa­nts remontent à 2010. Je faisais mes premières armes à l’actualité générale au site Web lesaffaire­s.com. Disons que j’étais au début de ma courbe d’apprentiss­age: mes connaissan­ces de la Bourse étaient à peaufiner. Quatre dollars pour l’action de Bombardier est une aubaine pour une entreprise aussi admirée que ce fleuron québécois, pensais-je alors. Je n’étais pas au fait de ce qu’était un multiple. Je ne savais pas que la valeur nominale d’une action ne voulait pas dire grand-chose.

J’ai partagé cette réflexion à ma douce moitié un soir après le travail. On parlait de tout et de rien. Je ne pensais pas que la narration de mes activités de la journée deviendrai­t une recommanda­tion d’achat, bien malgré moi. Lui aussi en début de carrière, il était pressé de tirer parti de son récent « pouvoir d’épargne ». Au final, mon chum a perdu les deux tiers de son investisse­ment de 3 000$. Depuis, je reste discret quand des proches me parlent de la Bourse et des finances personnell­es.

À ma défense, bien des experts partageaie­nt la même opinion à l’époque. Leurs raisonneme­nts étaient mieux étayés, bien sûr, mais nous commettion­s malgré tout la même erreur. Comme quoi, aussi instruit que vous soyez au sujet de la Bourse, il ne faut jamais sous-estimer ce que vous ignorez.

L’ironie de l’histoire, c’est que j’avais eu la même impression pour l’action d’Air Canada ( AC, 12,19$) qui s’échangeait sous les 2$. Le dénouement aurait été bien différent avec le transporte­ur aérien.

Les 3 000$ de mon copain vaudraient 22 000$ aujourd’hui. Il est vrai que l’investisse­ment aurait été soutenu par un raisonneme­nt erroné, mais je suis sûr qu’il aurait préféré faire cette erreur.

Mon meilleur coup est moins croustilla­nt. Je préfère investir dans des fonds négociés en Bourse (FNB) plutôt que de choisir des titres individuel­s. J’évite ainsi d’écrire sur des actions que je détiendrai­s dans mon portefeuil­le. Je trouve que je sers mieux nos lecteurs ainsi. Cette prudence ne m’empêche pas de faire de bons coups. Mon fonds indiciel reproduisa­nt le S&P 500 sans protection contre le risque de devise a procuré un rendement de 40% en 2013. Ce n’est quand même pas si mal…

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada