Oublier l’analyse technique, favoriser la lecture de plage
Entrons immédiatement dans le vif du sujet. Ma pire erreur: l’analyse technique.
L’une de mes plus grandes leçons d’investisseur, qui s’est aussi révélée l’une de mes plus coûteuses, a été la première fois – et la dernière – que j’ai décidé d’acheter un titre selon les critères de cette approche. Une personne de mon entourage, qui se vantait des coups d’argent réalisés grâce à cette forme d’analyse, m’avait alors convaincu que tous les astres étaient techniquement alignés pour un rebond du titre de la défunte société de biotechnologies montréalaise ConjuChem. Malheureusement, la savante analyse des graphiques réalisée par cette personne n’a pas abouti au scénario promis. Au contraire, le titre a poursuivi sa descente aux enfers. Je l’avais vendu tout juste avant qu’il ne sombre complètement, avalant une perte d’au moins 80% – j’aime mieux ne pas me souvenir de la perte réelle. Voilà qui m’a persuadé que l’analyse technique n’était pas faite pour moi. Si je m’étais fié à mes connaissances sur le secteur des biotechs et aux développements entourant la société, j’aurais à l’époque vite écarté cette entreprise très fragile. Une leçon coûteuse, certes, mais qui m’a placé sur le droit chemin de l’analyse fondamentale. C’est sur une plage du Mexique, lors de mes vacances estivales de 2012, que j’ai eu un moment eurêka à propos du distributeur de pièces automobiles américain O’Reilly Automotive ( ORLY, 262,70$ US).
Le rapport annuel – eh oui, j’en lis durant mes vacances – m’a convaincu de la qualité de cette entreprise détenue de longue date par le gestionnaire de portefeuille François Rochon, de Giverny Capital.
Je ne veux pas m’attarder sur l’ascension du titre, mais plutôt sur les attributs qu’un investisseur à long terme doit rechercher dans une entreprise.
O’Reilly revêtait plusieurs caractéristiques d’un placement attrayant: une solide équipe de direction, une obsession du service à la clientèle, une position dominante dans son industrie, un fort potentiel de croissance, un marché peu dicté par les cycles économiques, un solide bilan, un rendement du capital élevé, etc. Seul hic, l’évaluation n’était pas de la partie. Une occasion s’est toutefois présentée peu de temps après, en raison des craintes de ralentissement dans l’industrie. Sa valorisation a monté de façon importante depuis, ce qui le rend moins attrayant. Mais pour l’essentiel, c’est le genre de placements qu’on rêverait de dénicher plus souvent.