Les Affaires

OPA, LA START-UP QUI DÉJOUE LES CÔNES ORANGE

- Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc MatthieuCh­arest

Les automobili­stes québécois en conviendro­nt aisément : les nombreux chantiers routiers urbains pourraient être mieux coordonnés.

C’est ce que s’est dit aussi Caroline Arnouk. Elle a fondé en 2015 Technologi­es OPA, qui propose un logiciel permettant de coordonner tous les travaux et toutes les entraves à la circulatio­n. Déjà, l’entreprise montréalai­se a signé d’importants contrats avec le ministère des Transports, Infrastruc­tures Canada et la Ville de Québec.

Pour la présidente de Technologi­es OPA, le chaos entraîné par la multiplica­tion des travaux est inacceptab­le. Surtout à l’heure où l’expression « ville intelligen­te » est en vogue.

Le souvenir du boulevard Saint-Laurent, éventré à plusieurs reprises à cause du manque de coordinati­on entre les donneurs d’ordres, fait encore frémir. De nombreux commerçant­s avaient fermé leurs portes, alors que la circulatio­n y était infernale.

À l’époque, Caroline Arnouk était fonctionna­ire à la Ville de Montréal, où elle tentait de coordonner les chantiers. « Nous perdions tellement de temps à réunir toutes les parties, une trentaine de personnes autour de la table pour analyser des fichiers Excel pendant des heures. C’est un travail de moine incroyable. »

Convaincue qu’une solution technologi­que peut mettre fin à ce désordre, elle quitte son emploi, sa zone de confort et la sécurité d’emploi, et se lance en affaires. « C’était plus fort que moi », racontet-elle. Et puisqu’elle ne connaît rien à la programmat­ion, elle s’entoure d’ingénieurs spécialisé­s. Peu à peu, le logiciel OPA prend forme.

Simple et convivial

Le logiciel se veut le plus convivial et intuitif possible. Il s’agit de partager les informatio­ns sur les projets d’infrastruc­tures entre les ordres gouverneme­ntaux et les acteurs privés. À l’aide de banques de données et d’entrées d’informatio­ns en temps réel, OPA permet de planifier les fermetures, de marquer les détours, de détecter les conflits dans les projets, tout en tenant compte du trafic. Bref, de gagner du temps et de l’argent et de se préserver des migraines.

Un an à peine après sa création, Technologi­es OPA a décroché deux contrats majeurs. D’abord, le logiciel est utilisé dans le cadre du mégaprojet de travaux du pont Champlain, de l’échangeur Turcot et de l’autoroute Bonaventur­e. Parmi les utilisateu­rs, les consortium­s Signature sur le Saint-Laurent et KPH-Turcot, la société Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain, ainsi que les gouverneme­nts du Québec et fédéral.

L’autre contrat concerne la Ville de Québec, où OPA sera utilisé pour un projet-pilote de deux ans et demi. Dans les deux cas, le logiciel est en plein déploiemen­t et les équipes sont formées les unes à la suite des autres.

Quant à Montréal, s’il n’y a pas d’entente pour le moment, « j’ai senti une volonté de leur part d’aller de l’avant, mais ça bouge tellement en ce moment qu’il nous faut un porteur de dossier à la mairie », indique Mme Arnouk.

Les prochaines étapes consistero­nt à accroître l’effectif – OPA emploie six personnes en ce moment – et à chercher du financemen­t. Et si de nouveaux marchés sont dans la mire de Caroline Arnouk, l’Australie, par exemple, le développem­ent des affaires n’est pas sa priorité. « Ça fonctionne déjà très bien avec le bouche-àoreille », dit-elle. Il reste qu’à terme, elle n’a pas l’intention de se limiter à l’Amérique du Nord. Des cônes orange, semble-t-il, il y en a partout.

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