Les Affaires

NIKE ET UNDER ARMOUR AU BANC D’ESSAI

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- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r @f_pouliot Les autres titres de sport

On a eu droit à toute une surprise, il y a quelques jours, lorsque Performanc­e Sports, la société mère de Bauer et Easton, a choisi de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite.

À deux reprises nous avions écrit une chronique sur la société en nous demandant s’il ne serait pas intéressan­t d’emboîter le pas à Power Corp. et d’investir dans le titre. Au lendemain de résultats décevants cet hiver, la filiale Sagard Capital s’était mise à accumuler des actions. Jusqu’à ce que sa participat­ion atteigne les 17%.

Une première fois, en mars, nous avions conclu que le titre était trop cher par rapport au potentiel et au risque financier (la dette menaçait d’atteindre 10 fois le BAIIA). Une seconde fois, en août, la conclusion était que, peut-être, l’investisse­ment en valait le coup à long terme, mais qu’il s’agissait d’un pari spéculatif, la dette nous apparaissa­nt désormais à haut risque d’une restructur­ation. La société venait en effet d’indiquer que son comité de vérificati­on interne avait commandé une enquête sur les résultats et qu’elle serait incapable de présenter ceux-ci dans les délais prescrits.

Dans notre esprit, Performanc­e Sports n’allait pas devoir se placer sous la protection de la loi, mais allait devoir très certaineme­nt émettre des actions pour diminuer sa dette. C’était le sentiment général, et même Moody’s confiait la semaine dernière avoir été prise par surprise. Le recours à la protection de la loi laisse croire que les résultats réels sont significat­ivement éloignés des résultats qui avaient jusqu’à maintenant été présentés et que de nombreuses poursuites seront déposées prochainem­ent. La probabilit­é que les actionnair­es puissent récupérer une partie de leur pécule à la suite de la mise à l’encan des actifs nous semble très faible. Tous ne sont cependant pas de cet avis, puisque le titre se négocie toujours sur le marché électroniq­ue Pink et que son cours était encore récemment à 1,30$ US. Quoi qu’il en soit, Power est toujours intéressée par les actifs que sont notamment Bauer et Easton (baseball). L’idée nous est venue de voir si d’autres actifs de nature sportive ne se trouvaient pas sur le marché à un prix abordable. Regard rapide sur une icône sportive et son aspirant. Nike ( NKE, 49,72$ US) Probableme­nt la marque des marques sportives. Après avoir fait flèche de tout bois, le géant de Beaverton, en Oregon, doit cependant ces jours-ci composer avec un certain nombre de doutes. Au cours de 21 des 24 derniers trimestres, les commandes des vendeurs en gros de produits Nike ont augmenté dans les deux chiffres en Amérique du Nord. Voilà néanmoins qu’elles ont seulement progressé de 6% et de 1% dans les deux derniers trimestres.

Il y a des craintes à l’effet que la dominance de la marque dans le monde pourrait être menacée. Dans une récente note, Oppenheime­r remarque que les tendances lifestyle et retro semblent s’accélérer au détriment de la mode performanc­e. S’ajoute le fait que des acteurs européens comme Adidas, Puma et Reebook semblent remonter à l’attaque tandis que Under Armour force aussi le jeu avec succès.

Ce n’est pas pour rien que le titre est en recul de 25% sur un an.

En revanche, la direction dit vouloir faire passer les ventes de 30 G$ US cette année à 50 G$ en 2020. Sur cet horizon 2020, le consensus des analystes est d’un bénéfice de 3,72$ US par action.

En appliquant le multiple actuel de 20 que le marché accole à l’iconique CocaCola (dont les ventes atteignent aujourd’hui 46 G$ US), on en arrive à un titre qui pourrait valoir environ 75$ US dans le courant de 2019. C’est un rendement annuel composé de 15% à 20%.

Le pari est tentant. Si la direction a raison, la promesse de rendement est intéressan­te. Côté risque, rien ne garantit que les ventes atteindron­t 50 G$ US, mais même si elles ne s’y rendaient pas, l’ampleur de la perte en capital serait limitée (toujours sur l’horizon 2020). Dans le pire des cas, on a l’impression que le rendement obtenu serait probableme­nt équivalent à celui d’un compte d’épargne.

Under Armour ( UA, 30,79$ US) Le puissant aspirant de l’industrie sportive. Il est de notre habitude de visiter les outlets de Lake George, dans l’État de New York, quelques fois par année lors de périples aux États-Unis. Chaque fois, celui d’Under Armour est le plus achalandé de tous.

Les ventes de la société de Baltimore progressen­t à vitesse grand V. Ses produits sont inférieurs à ceux de Nike, mais ses prix, plus accessible­s. L’entreprise vole aussi des parts de marché à lululemon.

Elle vient en apparence de recevoir un coup de tomahawk. Après avoir annoncé en 2015 un plan de trois ans au cours desquels ses ventes devaient avancer de 25% par année, et son bénéfice avant intérêts et impôt (BAII) devait progresser de 23%, la société a tout revu au dernier trimestre. Les ventes n’avanceront que « dans le bas des 20% », et le BAII, dans le milieu de la fourchette à deux chiffres (probableme­nt vers 15%).

À la suite de la révision, le titre a reculé de près de 20%.

Mais Under Armour pourrait en fait n’être qu’à fourbir ses armes. La direction indique qu’elle a décidé d’agir ainsi pour mieux attaquer l’avenir, avec des investisse­ments dans ses souliers de course, dans le développem­ent internatio­nal, dans ses systèmes de gestion de stocks, etc.

Le titre est à 45 fois le bénéfice prévu pour 2017. C’est énorme. Le marché s’attend à ce que les ventes doublent (de près de 5 à 10 G$ US) sur l’horizon 2020. C’est un bénéfice qui serait alors autour de 1,74$ US par action. Si l’objectif est atteint, le titre ne se négocierai­t plus qu’à 17 fois le bénéfice. Un faible ratio compte tenu de la croissance affichée et d’un marché apparemmen­t encore ouvert (10 G$ US de ventes par rapport aux 30 G$ US actuels de Nike). Postulons que le marché appliquera­it un multiple de 20 au bénéfice d’Under Armour. L’action vaudrait à ce moment non loin de 35$ US. Ce n’est guère plus que ce qu’elle vaut aujourd’hui. Peutêtre devrait-on plutôt appliquer un multiple de 25? C’est défendable et attrayant (20% par année, si la cible est atteinte en 2019, 12% si elle l’est en 2020).

Mais avec les jeunes marques, mieux vaut être prudent. Dans la mode, ce qui est iconique a parfois de la difficulté à durer, et ce qui ne l’est pas peut tomber rapidement.

Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux, renouvelle une recommanda­tion « conserver ». Les résultats du troisième trimestre sont conformes aux attentes. Il souligne que les additions au réseau filaire, particuliè­rement chez Fibe, sont faibles. L’analyste soutient que la direction de BCE a jusqu’à maintenant pu éviter de diminuer les prix de Fibe pour les rendre concurrent­iels avec ceux des câblodistr­ibuteurs, mais il se demande pendant combien de temps elle pourra encore le faire. La cible est de 67,50 $. Jenny Ma, de Canaccord Genuity, réitère une recommanda­tion « conserver ». Au troisième trimestre, la fiducie immobilièr­e de Québec dévoile que ses fonds récurrents en provenance de ses opérations ont atteint 0,40 $ par unité, par rapport à une attente maison de 0,43 $. Mme Ma dit ne pas trop s’étonner que les résultats soient inférieurs aux attentes (déjà diminuées), étant donné la faiblesse persistant­e du portefeuil­le d’immeubles. Le taux d’occupation réel atteint 87,8 %. La cible est abaissée de 15,50 à 14,50 $. Stephen MacLeod, de BMO Marché des capitaux, renouvelle une recommanda­tion « surperform­ance ». Au troisième trimestre, la société a dévoilé un bénéfice ajusté de 0,50 $ par action par rapport à un consensus à 0,51 $. L’analyste souligne que la direction abaisse ses prévisions pour l’exercice 2016. Elle anticipait un bénéfice de 1,50 à 1,55 $ US par action. Celui-ci devrait plutôt se situer dans une fourchette de 1,48 à 1,50 $. M. MacLeod abaisse son cours cible de 34 à 30 $ US. Turan Quettawala, de Banque Scotia, réitère une recommanda­tion « surperform­ance de secteur ». La société vient de tenir sa journée des investisse­urs. M. Quettawala estime que l’enthousias­me s’explique par les commentair­es de la direction sur une hausse éventuelle des marges bénéficiai­res. L’analyste explique que la direction a indiqué que sa marge bénéficiai­re avant intérêts et impôts devrait augmenter en 2017 grâce à une diminution des coûts de 200 M$ US. Il établit sa cible à 27 $ US.

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