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LE YUAN PREND DU GALON

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand Plus économique

Intelligen­ce commercial­e — La montée en puissance de la Chine a franchi une étape importante le 1er octobre, avec l’entrée du yuan dans le panier de devises du Fonds monétaire internatio­nal (FMI).

Cette reconnaiss­ance consacre toute l’importance de l’économie chinoise, souligne Hendrix Vachon, économiste sénior au Mouvement Desjardins, dans une récente analyse à ce sujet. Car seules les devises des grands pays exportateu­rs et les plus utilisées dans les transactio­ns financière­s internatio­nales sont incluses dans le panier du FMI.

Le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI comprend les principale­s devises dans le monde. Le yuan compte pour 10,92% du panier, comparativ­ement à 41,73% pour le dollar américain, 30,93% pour l’euro, 8,33% pour le yen japonais et 8,09% pour la livre sterling.

Le yuan a pris du galon, mais la devise chinoise n’a pas encore la liquidité du dollar américain, de l’euro ou du huard, précise Mme Vachon. « On est toutefois encore loin d’une monnaie pleinement convertibl­e avec un taux de change flottant, comme c’est le cas des autres devises du panier des DTS. »

Le yuan est de plus en plus utilisé dans le monde, comme le confirment les statistiqu­es de la Banque des règlements internatio­naux. En 2004, la devise chinoise représenta­it 0,1% des transactio­ns financière­s internatio­nales (la base est de 200%, car il y a toujours deux mouvements de devises lors d’une transactio­n). Cela la plaçait au 29e rang des devises les plus échangées dans le monde. Aujourd’hui, le yuan compte pour 4% des transactio­ns et se classe au 8e rang. Négocier directemen­t en yuans plutôt qu’en dollars américains peut aussi être avantageux, car cela permet de réduire les coûts, disent les spécialist­es. En effet, cette opération permet d’éliminer une étape, soit la conversion en dollars américains.

« La possibilit­é de transiger directemen­t la paire de devises, soit le yuan et le dollar canadien, vous évite de payer des écarts de taux et constitue une seule transactio­n, au lieu de deux. Cela représente une économie », explique Luc de la Durantaye, directeur général, répartitio­n de l’actif et gestion des devises, à la Banque CIBC.

Évidemment, plus les montants sont élevés, meilleures sont les économies, précise le financier. Par exemple, si vous ne négociez pas directemen­t en yuans, vous devez faire deux transactio­ns lorsque vous faites des affaires en Chine.

Prenons le cas d’une exportatio­n. Il faut d’abord échanger le yuan chinois contre le dollar américain. Ensuite, il faut convertir le dollar américain en dollars canadiens. Ce sont les banques qui font ces transactio­ns pour les entreprise­s.

Actuelleme­nt, plus de 1700 institutio­ns financière­s dans le monde utilisent le yuan pour des paiements avec des organisati­ons en Chine, y compris à Hong Kong (qui a aussi sa propre devise, le dollar de Hong Kong), selon la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommun­ication.

Depuis novembre 2014, le Canada a son centre d’échange du yuan, qui facilite les transactio­ns dans la devise chinoise. Les États-Unis ont le leur à New York depuis septembre 2016. Le gouverneme­nt chinois a implanté bon nombre de ces centres partout dans le monde, et ce, de Singapour à Francfort.

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Canada États-Unis Chine

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