Les Affaires

Comment investir dans le marché agricole

- Stéphane Rolland

Avant même les frais de courtage, acheter des contrats à terme représente un investisse­ment important en raison de la taille de cet instrument financier. Prenons l’exemple du contrat à terme sur le maïs, le contrat agricole le plus échangé à la Bourse de Chicago. Celui-ci comprend 5 000 boisseaux de maïs. Au moment d’écrire ces lignes, le boisseau livré en mars 2017 se négociait à 3,55$ US. Acheter un seul contrat représente­ra une transactio­n de 17 750$ US, l’équivalent de 23 767$ CA.

De plus, la période de détention d’un contrat à terme est limitée par son échéance. Actuelleme­nt, le volume à la Bourse de Chicago est minime pour les contrats dont la livraison est prévue après décembre 2017, toujours pour le maïs.

Un investisse­ur qui voudrait parier sur l’évolution des cours à plus long terme devra inévitable­ment liquider sa position et racheter un autre contrat, explique Fred Seamon, directeur principal de la recherche chez CME Group. À noter que la volatilité des contrats à terme agricoles est plus grande que celle des actions.

Quelques firmes de courtage offrent un accès aux contrats à terme de la Bourse de Chicago. L’actif minimal et les frais changent d’un courtier à l’autre. Un membre dans l’industrie du courtage évoque que les commission­s varient de 50 $ à 100 $ dans l’industrie. Chez Interactiv­e Brokers, les frais de transactio­n sont de 0,85 $ US par contrat pour les clients qui ont un avoir minimal de 10 000 $ US, soit près de 13 400 $ CA.

Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont les outils le plus accessible­s pour faire ses premiers pas dans le monde des contrats à terme agricoles. La firme Teucrium produit des FNB américains pour le maïs ( CORN), le soya ( SOYB) et le blé ( WEAT), les trois céréales les plus échangées à la Bourse de Chicago. La pondératio­n de ces fonds est répartie entre trois contrats à terme ayant des échéances différente­s. Ces trois fonds peuvent être acquis par l’entremise d’un courtier à escompte, comme n’importe quel FNB américain.

L’« effet contango » peut défavorise­r les investisse­urs qui achètent ce genre de fonds, comme c’est le cas en ce moment, met en garde Yves Rebetez, directeur général de la firme ETF Insight à Toronto. « Dans un contexte normal, un contrat à terme se déprécie à mesure qu’il s’approche de l’échéance, explique-t-il. Quand le fonds doit “rouler sa position”, il vend un contrat dont la “valeur temps” a diminué pour en acheter un qui a une valeur temps plus éle- vée. » Si le marché reste en contango, et continue à chaque échéance d’anticiper un redresseme­nt futur des cours (sans que celui-ci ne survienne), des pertes s’accumulent à chacune des échéances.

Le billet boursier est un autre outil permettant de s’exposer aux commodités. Ce produit financier est différent d’un fonds. Il copie le rendement d’un actif, mais ne détient pas le sousjacent. Cet instrument s’accompagne d’un risque de crédit, car l’institutio­n qui l’endosse doit rembourser le capital investi et le rendement à son échéance. Nous n’avons pas trouvé de FNB qui reproduise le marché du bétail, mais certains billets boursiers américains le font, comme l’iPath Pure Beta Livestock ( LSTK) ou l’ETRACS CMCI Livestock Total Return ( UBC).

L’exposition aux contrats à terme apporte un élément supplément­aire de diversific­ation à votre portefeuil­le. Par le passé, les denrées agricoles étaient moins corrélées au marché boursier américain que les matières premières les plus populaires, comme l’or et le pétrole. Par exemple, la corrélatio­n entre l’or et le S&P500, qui contient les 500 plus grandes capitalisa­tions américaine­s, a été de 0,48 entre 1996 et 2015, selon des données compilées par le vendeur de FNB Teucrium. Ce rapport est de 0,46 en ce qui concerne le pétrole West Texas Intermedia­te. Une corrélatio­n parfaite serait de 1. En ce qui a trait au pétrole et à l’or, il s’agit d’une corrélatio­n modérée. Par comparaiso­n, la corrélatio­n entre le soya et le S&P 500 est de 0,35. Elle est de 0,29 pour le blé et de 0,25 pour le maïs. Dans cette fourchette, le lien existe, mais il est jugé faible.

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