Les Affaires

Fusions et acquisitio­ns

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

En juin 2016, le géant français des communicat­ions Havas annonce l’acquisitio­n de l’agence de communicat­ion numérique montréalai­se TP1. C’est l’aboutissem­ent de plus d’un an de tractation­s, au cours desquelles RBC a joué le rôle de facilitate­ur.

« C’était la première fois de ma vie, et peut-être la seule, que je procédais à la vente de ma propre entreprise. Je dois admettre que c’était stressant, donc il était crucial pour moi de compter sur un allié qui participe régulièrem­ent à ce type de transactio­ns », admet Jan-Nicolas Vanderveke­n, en se remémorant la vente de son agence TP1.

L’allié en question, c’est Mark-Anthony Serri, premier directeur général, fusion et acquisitio­n de RBC. Il est aux côtés de M. Vanderveke­n tout au long du processus qui débute en 2015, lorsque Havas fait part de son intérêt à l’égard de TP1. À l’époque, Joe Blauer, l’autre associé de TP1, désire se retirer de l’entreprise pour des raisons personnell­es. Les deux dirigeants sont donc en réflexion sur l’avenir de la PME. Sans être en tête de liste, l’hypothèse d’une vente fait partie des solutions envisagées.

Choisir le bon partenaire

D’autant plus que TP1 suscite passableme­nt de convoitise. Depuis sa fondation en 2005, la firme connaît une belle croissance. Elle compte une quarantain­e d’employés reconnus pour leur expertise en marketing, communicat­ions, technologi­es ouvertes et accessibil­ité Web. Elle a été l’une des premières à adapter la méthodolog­ie agile au monde de la création et du marketing. Des projets menés pour Lassonde, Raymond Chabot Grant Thornton et autres Industriel­le Alliance lui assurent une belle crédibilit­é.

C’est d’ailleurs pour faire suite à une demande d’intérêt de la part d’un acquéreur potentiel que Jan-Nicolas Vanderveke­n avait approché Mark-Anthony Serri une première fois en 2014.

« Nous avons d’abord établi un diagnostic de la situation de TP1, raconte ce dernier. Il fallait connaître les besoins des actionnair­es, déterminer le plan de croissance, déterminer l’ensemble des options disponible­s à court et moyen terme, pour ensuite sélectionn­er les meilleures solutions. L’acquéreur devait être un partenaire stratégiqu­e qui ferait progresser l’entreprise. Ses intentions et ses besoins devaient s’aligner sur ceux de TP1. C’était en grande partie mon rôle de reconnaîtr­e ces acquéreurs potentiels. »

C’était particuliè­rement important dans un contexte où il ne s’agissait pas d’un entreprene­ur en fin de course, qui décide de vendre afin de se retirer. Jan-Nicolas Vanderveke­n souhaitait rester au sein de l’entreprise, ce qu’il a fait en devenant président d’Havas Canada. Il se souciait aussi de l’avenir de ses employés et de ses clients. Une bonne offre devait répondre à ces questionne­ments de façon satisfaisa­nte.

Une transactio­n à structurer

L’offre d’Havas, au début de 2015, est considérée dès le départ comme une solution très sérieuse. Il faut dire qu’Havas est un véritable géant des communicat­ions. La société parisienne, fondée en 1835, emploie 18 000 personnes dans plus de 100 pays. Elle est présente au Québec depuis 1980. Sa filiale Havas Canada emploie plus de 200 personnes et compte notamment parmi ses clients Alimentati­on Couche-Tard, Groupe Jean Coutu, Home Hardware et Sun Life.

Les besoins des deux partenaire­s paraissent rapidement complément­aires. TP1 souhaite augmenter ses capacités sur le plan créatif, la spécialité d’Havas, alors que cette dernière souhaite développer davantage son expertise numérique.

« Nous avons discuté avec les gens du bureau d’Havas à Montréal et Toronto, mais aussi avec ceux de New York et avec le pdg Yannick Bolloré à Paris, raconte Jan-Nicolas Vanderveke­n. Le mot entreprene­uriat revenait souvent. Havas valorise l’entreprene­uriat, la prise de décision et l’atteinte de résultats. Ça me rejoignait beaucoup. Cela m’a convaincu qu’il y avait une chimie potentiell­e entre nous. »

Les négociatio­ns s’accélèrent. C’est le moment pour Mark-Anthony Serri de plonger dans les chiffres avec son client. « Il faut valoriser la compagnie, et aussi la fusion, dit-il. La structure de la transactio­n doit refléter les résultats de ces calculs. Pour cela, je dois communique­r efficaceme­nt les positions de négociatio­n de mon client dans les discussion­s. »

« La contributi­on de Mark-Anthony a gardé les discussion­s à un niveau d’affaires, dit Jan-Nicolas Vanderveke­n. Nous ne nous perdions pas dans de volumineux documents d’avocats ou de fiscaliste­s. En fait, ces derniers sont intervenus au moment où nous avions déjà signé une entente d’affaires claire. »

Pas moins de six mois se sont écoulés entre la poignée de main scellant cette entente et l’annonce de la transactio­n. Entre-temps, de multiples autres profession­nels en ont vérifié et contre-vérifié tous les aspects. Pourtant, au bout du compte, très peu de changement­s ont été apportés à l’accord initial, signe que les discussion­s ont été bien menées.

De son expérience, Jan-Nicolas Vanderveke­n conserve une idée forte : les entreprene­urs devraient toujours gérer leur entreprise comme si elle allait être vendue prochainem­ent. « Il faut continuell­ement avoir en tête la valorisati­on de l’entreprise, notamment en contrôlant ses coûts, croit-il. À 29 ans, quand j’ai fondé TP1, je ne croyais pas que je vendrais 10 ans plus tard. Mieux vaut se préparer tôt à cette éventualit­é. »

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