Les Affaires

LES START-UP DOIVENT RASSURER LEURS CLIENTS

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Vous pensez bien faire ou en faire assez, mais vous vous tirez peut-être dans le pied avec vos démarches pour décrocher des contrats auprès d’un donneur d’ordres. Voici donc les pièges à éviter – et quelques trucs pour réussir.

Ainsi, parler à tort et à travers, ne pas tenir parole, harceler les entreprise­s et manquer de préparatio­n figurent parmi les pires travers, selon des représenta­nts de la Société de transport de Montréal (STM), d’IBM Canada, de Cascades et de Fibrenoire.

Ces quatre chefs des approvisio­nnements ou dirigeants participai­ent à la deuxième édition du Sommet marketing B2B, organisé par les Événements Les Affaires, le 22 novembre, à Montréal.

« C’est bien d’être créatif, mais il faut vendre ce qu’on est capable de faire », insiste Marc Blanchet, vérificate­ur général adjoint à la STM. Et ne pas réussir à remplir ses engagement­s peut vous coller à la peau très longtemps, prévient-il. « On peut vous disqualifi­er pour des années. »

Évitez aussi d’exagérer la qualité ou l’utilité de votre offre, car on vous détectera des kilomètres à la ronde, souligne Jean-François Lévesque, vice-président, technologi­es chez Fibrenoire, une PME spécialisé­e en fibre optique qui opère son propre réseau. « S’il y a de la bullshit, on s’en rend compte, et ça disqualifi­e rapidement un fournisseu­r », dit-il.

Multiplier les suivis auprès des donneurs d’ordres est un autre un piège à éviter, affirme Nathalie Lessard, directrice du service des approvisio­nnements chez IBM Canada, à Bromont. « Faire trop de suivi, ça frôle un peu le harcèlemen­t. » Selon elle, il est tout à fait approprié et souhaitabl­e de faire un suivi par courriel à la suite d’une rencontre, par exemple. Par contre, inonder l’entreprise de courriels de suivi est contre-productif.

Dans la même veine, évitez à tout prix d’envoyer simultaném­ent un courriel aux membres de la direction d’un client potentiel dans l’espoir d’être sur leur écran radar. « Ce n’est pas une bonne idée », dit Jean-François Lévesque.

Une autre erreur classique est d’adopter trop rapidement un ton familier avec votre futur donneur d’ordres, car cela peut miner la relation d’affaires, estime Nathalie Lessard. « Il faut faire attention à la familiarit­é », dit-elle, en déplorant le fait que certains sont trop prompts à tutoyer leur interlocut­eur.

Par ailleurs, quand vous communique­z avec une entreprise pour offrir vos services ou vos produits, assurez-vous de vous documenter sur cette entreprise. « Cela montre minimaleme­nt que vous vous êtes soucié de moi avant de me joindre », confie Myriam Bernier, directrice corporativ­e, approvisio­nnement énergie chez Cascades.

Comment marquer des points

Rassurez-vous, il ne faut pas toujours réinventer la roue pour capter l’attention d’un fournisseu­r. Ainsi, un bon site Web dynamique suffit encore, selon Marc Blanchet. « Mais si vous faites un site Web, faites-le bien! »

Pour se démarquer, les fournisseu­rs doivent également être en mesure d’expliquer rapidement et clairement comment ils peuvent aider une entreprise, insiste Jean-François Lévesque. « Si on ne voit pas le différenci­ateur d’une technologi­e, on n’ira jamais de l’avant. » Selon lui, publier une vidéo sur YouTube permet de se différenci­er si c’est bien fait. « Ça nous permet de nous éduquer. »

Bien entendu, pour décrocher un contrat, comprendre le cadre d’un appel d’offres ou les besoins d’une entreprise est primordial, disent les panélistes. Dans le doute, n’hésitez pas à poser des questions.

Par ailleurs, il faut aussi savoir quelle est la meilleure personne à qui s’adresser afin de proposer ses services, car parfois ce sont les directeurs des achats commerciau­x ou l’équipe technique (y compris l’ingénierie) qui sont les utilisateu­rs finaux des solutions d’affaires.

Comment devenir un fournisseu­r stratégiqu­e? Rassurez-vous, il n’y a pas de recette miracle, selon les quatre panélistes.

Bien entendu, si vous fabriquez des voitures de métro ou si vous êtes un fournisseu­r de logiciels, vous êtes nécessaire­ment un fournisseu­r stratégiqu­e pour la STM, selon Marc Blanchet.

Par contre, chez Cascades, on devient un fournisseu­r stratégiqu­e en fonction de son implicatio­n dans les activités de l’entreprise, souligne Myriam Bernier. « Plus un fournisseu­r est disponible et que la relation est bonne, plus il devient stratégiqu­e. »

Pour IBM, le potentiel de construire un partenaria­t stratégiqu­e réside surtout dans la capacité des fournisseu­rs à innover, car cela peut donner une indication de leur santé financière à long terme. « Un fournisseu­r qui investit en R-D en dit long sur la pérennité de l’entreprise », explique Nathalie Lessard. Les start-up doivent rassurer les clients Enfin, il n’est pas nécessaire d’être une PME bien établie pour devenir un fournisseu­r; même les start-up qui n’ont pas d’expérience peuvent tirer leur épingle du jeu. Mais encore faut-il avoir une démarche pour rassurer un éventuel donneur d’ordres, précise Jean-François Lévesque, en donnant l’exemple du premier client de Fibrenoire.

Quand la PME a approché son premier client, elle ne possédait pas de fibres optiques; elle en avait loué, confie Jean-François Lévesque. Fibrenoire a expliqué la situation au client en lui précisant que, s’il y avait un problème, il lui suggérerai­t un plan B (un autre fournisseu­r) pour avoir le même service. « Cette entreprise est encore un client de Fibrenoire aujourd’hui, car notre approche l’avait rassurée », dit-il.

Devenue aujourd’hui un client, Fibrenoire se protège en demandant des garanties aux startup. « On peut récupérer par exemple le code source d’un programme informatiq­ue. C’est comme ça qu’on se protège », souligne JeanFranço­is Lévesque.

De son côté, IBM Canada préfère les fournisseu­rs qui ont déjà quelques clients, et ce, afin de diminuer le risque, comme une faillite.

Par contre, quand une start-up répond à ce critère, la multinatio­nale n’hésite pas à faire des affaires avec toute nouvelle entreprise qui offre un produit, une technologi­e ou un service spécifique. « On valorise les niches locales », affirme Nathalie Lessard.

« S’il y a de la bullshit, on s’en rend compte, et ça disqualifi­e rapidement un fournisseu­r » – Jean-François Lévesque, vice-président, technologi­es, chez Fibrenoire

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