Les Affaires

Le dur exercice de la consolidat­ion du régime de retraite public

- Forum

Le Québec est aux prises avec un exercice aussi délicat que crucial pour notre société, pour nos travailleu­rs comme pour nos employeurs : la consolidat­ion de son régime de retraite public. Le vieillisse­ment de la population, l’évolution du marché du travail ainsi que la santé financière du Régime de rentes du Québec (RRQ) sont des enjeux qui doivent être cernés avec audace et vision, pour que toute bonificati­on du système de retraite puisse bénéficier aux génération­s futures, qui en recueiller­ont les fruits, sans en faire payer la facture aux génération­s précédente­s.

Mais avant de songer à bonifier le RRQ, il importe de bien contrôler les coûts du programme actuel, qui n’atteint toujours pas sa pleine capitalisa­tion. Au cours des dernières années, les employés et les employeurs du Québec ont dû absorber différente­s augmentati­ons de cotisation­s, ne serait-ce que pour maintenir le régime en bonne santé et en assurer la viabilité financière. Si nous ajoutons à cela la pression que représente l’augmentati­on de l’espérance de vie sur notre système, le risque de voir se répéter encore, et encore, des hausses additionne­lles de cotisation­s dans le futur est accru.

Or, rappelons qu’au Québec, dans le cas des employeurs, ceux-ci payent déjà d’importante­s taxes sur la masse salariale, largement supérieure­s à la facture que doivent assumer les employeurs au Canada pour un travailleu­r gagnant le même salaire (45 % d’écart en moyenne) ou dans d’autres provinces telles que l’Ontario (31 %), la Colombie-Britanniqu­e (73 %) ou l’Alberta (80 %).

Tout changement qui sera apporté au RRQ devra donc tenir compte de la capacité des entreprise­s à s’ajuster au regard des autres augmentati­ons des coûts afférents à la masse salariale. De plus, dans bien des cas, les employeurs offrent déjà des régimes suffisamme­nt généreux pour assurer une retraite convenable à leurs employés.

Par ailleurs, à l’instar de la majorité des juridictio­ns confrontée­s au prolongeme­nt de l’espérance de vie, il serait temps d’envisager la possibilit­é d’augmenter l’âge auquel un travailleu­r peut percevoir sa rente du régime sans pénalité – qui est toujours établi à 65 ans, et ce, depuis 1970 !

Pourtant, la longévité s’est remarquabl­ement allongée au Québec. De nos jours, la maind’oeuvre âgée est en meilleure santé que les génération­s précédente­s et bénéficie également de meilleures conditions de travail et de soins de santé encore plus évolués. D’ailleurs, une grande majorité (28 sur 34) des pays membres de l’OCDE ont haussé l’âge « normal » de la retraite dans leur régime de retraite ou ont décidé de le faire d’ici 2050. Ce simple changement influencer­ait automatiqu­ement la période de versement des prestation­s, répondant ainsi de manière immédiate et efficace à la pression insoutenab­le sur notre régime public.

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