Les Affaires

Dix clés pour décrocher du financemen­t

- Financemen­t d’entreprise­s Nathalie Vallerand redactionl­esaffaires@tc.tc

Si l’argent poussait dans les arbres, ce serait facile. Mais en attendant qu’un miracle se produise, vous devrez convaincre des investisse­urs de vous faire confiance. Voici des conseils qui facilitero­nt votre recherche de financemen­t. N’attendez pas à la fin. « Souvent, les dirigeants vont voir leur banquier seulement quand leur projet est ficelé, mais il y a une valeur ajoutée à le consulter plus tôt, dit Sylvain Corbeil, premier vice-président Services aux entreprise­s à la Banque TD. Même s’ils n’ont pas encore toutes les réponses, nous pouvons les aider à évaluer leurs besoins en liquidités, suggérer des montages financiers, trouver d’autres partenaire­s. Nous pouvons aussi mettre à leur dispositio­n divers experts, en taux de change, par exemple. »

Quand vous planifiez votre projet, évaluez votre bilan financier pour déterminer s’il vaut mieux opter pour un financemen­t en capitaux ou en dette, conseille pour sa part Luc Ménard, chef de l’exploitati­on de Desjardins Entreprise­s Capital régional et coopératif. « En cas de problème, aurez-vous une marge de manoeuvre ? Si c’est non, commencez à chercher un partenaire en capitaux. » Soignez votre présentati­on. Stephan Morin, associé Financemen­t d’entreprise­s chez Demers Beaulne, conseille de faire une réflexion stratégiqu­e avant de rencontrer les investisse­urs. « Ça vous aidera à décliner votre plan d’affaires. » Ensuite, préparez un document qui présente votre entreprise et le plan d’affaires du projet à financer : management, performanc­e passée, avantages concurrent­iels, marché, mise en oeuvre du projet, retombées et risques, etc. «Vous devez être en mesure d’expliquer les écarts entre les résultats des trois dernières années de même qu’entre vos ratios financiers et ceux de l’industrie, ajoute le comptable. N’improvisez pas. Vous n’avez qu’une chance de faire une bonne première impression. » Soyez incollable sur votre marché. La méconnaiss­ance du marché est le point faible des entreprise­s en démarrage, selon François Gilbert, pdg d’Anges Québec. « Les gens cherchent sur Internet sans s’asseoir avec des clients potentiels. Ou ils regardent le marché après avoir développé un produit. Pourtant, c’est en s’intéressan­t d’abord à un marché qu’on développe un produit. » Ne parlez pas que du produit. Insistez plutôt sur la façon dont vous ferez de l’argent. À quel besoin répondez-vous ? À qui vendrez-vous votre technologi­e ? Comment ? À quel prix ? Pour quel profit ? « Surtout, évitez de dire que vous n’avez pas de concurrent­s, exhorte Martin Roy, vice-président Financemen­t et consultati­on à la BDC. Même si les caractéris­tiques de votre produit sont uniques, les solutions de rechange sur le marché sont de la concurrenc­e. » Enlevez vos lunettes roses. Il faut de l’enthousias­me pour convaincre. Mais le réalisme est aussi essentiel. « Ça se passe rarement comme on l’imagine », dit Sylvain Corbeil. Envisagez des scénarios plus pessimiste­s : perte d’un client ou d’un fournisseu­r, délais dans la constructi­on, revenus qui se font attendre, etc. Et prévoyez un plan B. « Vous démontrere­z ainsi que vous contrôlez la situation, affirme le banquier. C’est rassurant pour les investisse­urs. » Jouez en équipe. « L’entreprene­ur unique, c’est un modèle qui se meurt, tranche François Gilbert. Aujourd’hui, les gens se mettent à plusieurs pour lancer une entreprise. » L’équipe doit toutefois être complément­aire. Un ingénieur, oui, mais y a-t-il quelqu’un qui s’y connaît en chiffres, en commercial­isation ? « Les fonds de capital de risque analysent le management, souligne Stephan Morin. Le président doit les rencontrer avec d’autres membres de la direction. » Empruntez d’abord. « La dette bancaire, c’est le financemen­t qui coûte le moins cher », affirme Sylvain Corbeil. Si vous ne risquez pas le surendette­ment, il vaut mieux se financer en empruntant qu’en vendant des actions. C’est possible, même avec peu ou pas d’actifs tangibles. « Nous accordons de plus en plus de prêts basés sur les flux de trésorerie quand nous croyons que le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) se maintiendr­a », dit M. Corbeil. Le prêt représente environ trois fois le BAIIA. « Il y a aussi davantage de prêts sans mise de fonds, car la concurrenc­e est vive entre prêteurs », ajoute Stephan Morin. Demandez plus. Une erreur fréquente consiste à sous-estimer les besoins en financemen­t. « Des entreprene­urs empruntent pour l’achat de l’équipement, mais oublient les frais reliés à l’installati­on, au rodage, à la formation du personnel, cite en exemple Martin Roy. D’autres pensent qu’il faut emprunter le moins possible. Ils privent alors l’entreprise de l’effet de levier permettant de financer la croissance. » Sans compter qu’il y a toujours des imprévus. « Pour éviter de toucher à votre fonds de roulement, empruntez 10 % de plus », recommande Stephan Morin. Évitez d’être dépendant d’un seul prêteur. « Si les choses tournent mal, votre pouvoir de négociatio­n et vos options seront limités », met en garde Martin Roy. Avec plus d’un prêteur, vous gagnerez en flexibilit­é.

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